environnement

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


D'environ, en-virum, « tour, rond, cercle ».


Différemment de l'écologie, née de l'approche systémique des relations entre des organismes et leurs milieux, l'étude de l'environnement a hérité de la revendication politique et de la prise de conscience de l'action de l'homme sur la nature. Ce dernier se situe à la confluence de l'interaction des systèmes naturels et culturels.

Philosophie Générale

Ce qui entoure un organisme vivant et, plus généralement, l'ensemble des éléments naturels et artificiels interagissant et susceptibles d'agir sur lui.

À la fin du xixe s., empruntant à la biogéographie naissante et à l'esprit de systèmes du xviiie s., émerge une discipline que le biologiste allemand Haeckel définit comme « science de l'économie, des habitudes, du mode de vie, des rapports vitaux entre les organismes »(1).

Comme le décrit le philosophe J.-M. Drouin : « L'autonomie de l'écologie repose sur la conception de systèmes assez localisés pour que leur comportement puisse être décrit globalement, et dont les composants soient en nombre assez limité pour être soumis à l'analyse. »(2).

Cette autonomie sera mise à mal par des conceptions holistes ou universalistes de l'environnement. En effet, les termes, notions et concepts de « biosphère » (1875), « noosphère » (1922) dépassent les compétences de l'écologie scientifique, en formant une écologie globale « politique ».

C'est de cette dernière que la notion contemporaine d'environnement hérite, en prenant conscience de la fragilité et, surtout, du rôle prépondérant de l'homme dans le déséquilibre ou la destruction de ce qui l'entoure : « L'équilibre qui s'est établi au cours des temps géologiques dans la migration des éléments se trouve perturbé par l'intelligence et l'activité de l'homme. Nous vivons actuellement dans une période où l'humanité est en train de changer les conditions de l'équilibre thermodynamique à l'intérieur de la biosphère »(3) (1967).

L'exemple français d'un ministère de l'Environnement – transformé, d'ailleurs, en 2002 en ministère de l'Écologie et du Développement durable – créé tardivement et peu soutenu témoigne d'une certaine confusion régnant entre écologie et environnement, tout en soulignant l'incapacité de l'État à s'engager dans des actions « durables ».

Une charte est même proposée, devant être « le fondement d'une nouvelle relation entre l'homme, la nature et l'économie et permettra de conjuguer développement économique et respect d'un équilibre harmonieux »(4).

Renvoyant à tout, l'environnement ne finira-t-il pas par ne plus rien définir ?

Cédric Crémière

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Haeckel, E., Generelle Morphologie der Organismen, vol. 1, Berlin, 1866, p. 8.
  • 2 ↑ Drouin, J.-M., l'Écologie et son histoire. Réinventer la nature, préface de M. Serres, Flammarion, Paris, 1993, p. 85.
  • 3 ↑ Vernadsky, V.A., la Biosphère (1926 pour la première édition russe), F. Alcan, Paris, 1929, p. 184.
  • 4 ↑ Discours du 20 juin 2002 de Mme le ministre de l'Écologie et du Développement durable Roselyne Bachelot-Narquin.
  • Voir aussi : Acot, P., Histoire de l'écologie, PUF, Paris, « Que sais-je ? », 1994.
  • Drouin, J.-M., op. cit.
  • Teilhard de Chardin, P., le Phénomène humain, Seuil, Paris, 1955.
  • Vernadsky, V. I., op. cit.
  • Vernadsky, V. I., Several Words on Noosphere, 1944.

→ nature