copie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin copia, « abondance ».
Esthétique
Ce qui est fait à l'image d'autre chose ; dans les arts plastiques, pratique qui consiste à prendre comme sujet une œuvre existante.
On ne saurait parler de copie sans la référence à un original, mais quelle relation lie les deux entités ? Platon avait déjà perçu que la ressemblance recelait un double piège : en effet, si la conformité imparfaite qui varie avec le point de vue ne livre qu'une illusion sans consistance (Sophiste 236 bc), la ressemblance trop parfaite qui rivalise avec le modèle (simulacre) ne convient pas davantage car la bonne image doit respecter la distance entre ce qui est original et dérivé (Cratyle, 432 bc). Sa rectitude doit manifester un écart puisque l'imitation ne disparaît pas seulement lorsque fait défaut la fidélité envers le modèle mais aussi lorsque la copie devient le double de ce qu'elle imite, que ce soit dans la jonglerie verbale du sophiste ou l'illusionnisme pictural. C'est bien pourquoi le jeu ornemental du trompe-l'œil (les raisins de Zeuxis) ou le cas des fac-similés qui sont visuellement indifférentiables d'objets ordinaires (Boîte Brillo de Warhol) a exercé une telle fascination sur le questionnement esthétique. Il n'est pas non plus surprenant que la contestation moderne d'une problématique de l'origine ait débouché sur une réhabilitation du simulacre, promu vérité d'une société réduite à ses seules apparences (Baudrillard(1)).
Dans le domaine artistique, la pratique de la copie a été longtemps solidaire du contexte de l'atelier et du besoin de diffuser plusieurs versions des œuvres marquantes ou des gravures réalisées d'après leur modèle. Par la suite, elle a évolué vers un exercice pédagogique de virtuosité technique, à ce titre valorisé par les académies. Vidée de son rôle traditionnel par le déclin de la théorie mimétique et l'accent mis sur l'originalité et la spontanéité, elle fait cependant retour sur un plan mercantile, avec les procédés de reprographie à grande échelle et la fabrication de faux.
Envisagée sous l'angle épistémologique, la réflexion sur la copie dépasse le simple problème de la reproduction ; elle conduit à nous interroger sur les conditions pertinentes d'authenticité d'une œuvre d'art et en conséquence sur le statut ontologique qui lui revient.
Jacques Morizot
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Baudrillard, J., Simulacres et simulations, Galilée, Paris, 1981.
- Voir aussi : Haskell, F., et Penny, N., Pour l'amour de l'antique (1981), trad. F. Lissarrague, Hachette, Paris, 1988.