Vasco de Gama

Vasco de Gama
Vasco de Gama

Navigateur portugais (Sines vers 1469-Cochin 1524).

En 1498, six ans après la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, Vasco de Gama fut le premier Européen à trouver la route de l'Inde en contournant l'Afrique. Il put ainsi fonder le premier comptoir portugais en Asie. La confrontation qui s'ensuivit entre l'Europe marchande et la présence arabe est un fait majeur de l'histoire.

Famille

Gama est le dernier des fils d'une noble famille.

Premiers succès

Sa science de la navigation est réputée et le roi du Portugal fait appel à lui pour diriger la grande expédition qui doit ouvrir au Portugal la route des épices.

Gloire

Parti du Portugal le 8 juillet 1497, il atteint le sud de l'Afrique en novembre 1497, puis le Mozambique en mars 1498 et enfin la côte des Indes, à Calicut (aujourd'hui Kozhicode), le 20 mai 1498, où les Portugais obtiennent le droit de commercer.

Consécration

Une deuxième expédition, en 1502, lui permet de créer les premières bases portugaises du futur Mozambique, puis d'établir à Cochin, aux Indes, le premier comptoir portugais d'Asie.

Dernières années

Il reste ensuite inactif durant vingt ans, avant d'être nommé vice-roi des Indes en 1524 et de mourir peu après.

1. Le voyage de découverte

De noble origine, réputée pour la fermeté de son caractère et sa science de la navigation, Vasco de Gama se voit confier en 1497 par le roi Manuel Ier le Grand, au pouvoir depuis deux années, la direction d'une importante expédition maritime qui doit consacrer le triomphe des entreprises portugaises entamé au début du xve siècle : il s'agit d'ouvrir la route directe vers les terres productrices d'épices, afin de fournir d'inépuisables ressources au royaume lusitanien. Cette expédition succède à de nombreuses autres entreprises depuis la prise de Ceuta, en 1415, et durant la lente descente des côtes d'Afrique, qui a enfin permis à Bartolomeu Dias de franchir le cap des Tempêtes (aujourd'hui cap de Bonne-Espérance) en 1487.

Depuis ce dernier exploit, toutefois, un événement capital a pu laisser penser aux rois portugais que ces efforts ont été vains : Christophe Colomb a osé rechercher la route de l'Orient par l'ouest. Mais les renseignements se précisent avec le deuxième voyage de Colomb: à son retour, en juin 1496, il apparaît que les terres découvertes ne ressemblent guère à celles de l'Asie du Sud-Est. Les Espagnols sont en train d'inventer, à l'ouest, un monde nouveau mais aux richesses encore inconnues. Vers le sud et l'est, le Portugal peut, plus sûrement, espérer d'immenses profits en soustrayant aux Arabes le trafic des épices dans les échanges commerciaux de l'océan Indien. Les rapports d'un agent portugais, Pêro da Covilha, viennent d'ailleurs de préciser toute l'activité qui règne sur les rives de cette mer lointaine.

Bien que cela ne soit pas précisé par le journal de bord anonyme de l'expédition, il semble que Vasco de Gama, parti le 8 juillet 1497, s'engage d'emblée dans la bonne voie en osant, au-delà du Cap-Vert, faire route en plein océan pour tirer parti des alizés et éviter les calmes équatoriaux du golfe de Guinée. Au prix d'un formidable détour, il retrouve les grands vents d'ouest qui le ramènent près de l'extrémité sud de l'Afrique le 4 novembre 1497. Le 22 novembre, après une terrible tempête qui provoque une ébauche de mutinerie, le cap de Bonne-Espérance est franchi ; le 25, le navire de charge, dont on a récupéré la cargaison et toutes les pièces utiles, est démantelé. Fin janvier 1498, les navires sont radoubés à l'embouchure de l'un des bras du Zambèze, dans un pays où certains autochtones comprennent un peu l'arabe : le voyage de pure découverte est terminé. On entre dans les régions décrites par Pêro da Covilha.

En mars 1498, à la latitude de l'actuel Mozambique, l'expédition atteint des rivages dont les habitants commercent, par l'intermédiaire des Arabes, avec l'Inde. Des musulmans et le souverain du lieu viennent visiter les navires. D'abord amicaux, les rapports se détériorent rapidement et des escarmouches se produisent : les commerçants locaux comprennent très vite que les nouveaux venus risquent de bouleverser l'ordre des choses. A Mombasa, que l'on atteint le 7 avril, l'accueil du souverain est amical. Mais la question infligée par les Portugais à des otages révèle qu'un guet-apens se prépare et il faut repartir rapidement.

À l'escale suivante, Melinde (aujourd'hui Malindi, au Kenya), le sultan en place se résout à faire bon accueil à Vasco de Gama, qui rend ses otages musulmans et obtient qu'on lui prête, pour la dernière partie de son voyage, un pilote, nommé Malemo Cana. Ce dernier est peut-être Ahmad ibn Madjid, l'un des navigateurs les plus réputés de son temps. En tout cas, il révèle à Vasco de Gama la science nautique des marins arabes de l'océan Indien, et, au terme de vingt-trois jours de mer, les Portugais jettent l'ancre à deux lieues au nord de Calicut (aujourd'hui Kozhicode), le 20 mai 1498.

2. L'entreprise de colonisation

La confrontation sur le territoire indien de l'Europe marchande et de l'islam est un événement majeur de l'histoire : bien plus encore qu'un découvreur, Gama apparaît comme un grand politique. Il feint de croire que les cultes hindous à la déesse Krishna sont d'essence chrétienne et, par ses prosternations, se démarque des commerçants musulmans : il fait naître ainsi pour les autorités locales l'idée de profiter d'une concurrence nouvelle chez les clients étrangers. Mais, par l'intermédiaire d'une caste de guerriers, les naïrs, auxquels ils ne ménagent pas les subsides, les Arabes sont très puissants et tentent de décourager les chrétiens. Après de longues négociations, les Portugais obtiennent le droit de commercer librement à Calicut. Ils repartent de Calicut le 29 août.

Après une fructueuse escale à Cannanore, les vents ne permettent pas encore de traverser l'océan. On radoube les navires à l'île d'Angediva (aujourd'hui Anjidiv, en face de Karwar) et une attaque d'un chef local est repoussée. Le départ vers l'Afrique a lieu le 15 octobre. Melinde n'est atteint que le 7 janvier 1499. Les équipages sont victimes du scorbut l'expédition n'allait compter que cinquante-cinq survivants). Les bateaux restant sont le São Gabriel et le Berrio. Le São Rafael est détruit. Le 20 mars, la flotte entre dans l'Atlantique. Vasco de Gama, retardé par la mort de son frère, aux Açores, n'est de retour au Portugal qu'à la fin d'août 1499, après Nicolau Coelho, commandant de l'un des navires, arrivé dès le 10 juillet 1499. L'expédition est fort rentable sur le simple plan commercial, puisque les frais engagés sont remboursés soixante fois. Vingt mille cruzados d'or allaient récompenser Vasco de Gama, qui devait être nommé « amiral des Indes ».

Le Portugal entreprend dès lors d'exploiter la route nouvelle. À l'expédition de Pedro Álvares Cabral, qui atteint les côtes du Brésil en 1500, succède en 1501 celle de João da Nova, qui découvre l'île de l'Ascension et Sainte-Hélène. Vasco de Gama lui-même repart à la tête de vingt navires en 1502. Il commence par s'emparer des bases de Quiloa (Kilwa) et de Sofala, premières bases portugaises du futur Mozambique, et écarte ses rivaux arabes par la terreur : un navire égyptien est incendié avec tout son équipage, y compris les femmes et les enfants. Aux Indes, il impose la domination portugaise avec la même rigueur, fait bombarder Calicut pendant trois jours et fonde à Cochin le premier comptoir portugais d'Asie.

Rentré à Lisbonne en 1503, Vasco de Gama reste vingt ans dans l'inaction. Finalement nommé vice-roi des Indes en 1524 par Jean III le Pieux, il souhaite lutter contre la corruption qui se développe dans les trois comptoirs, mais meurt le 24 décembre, peu après son arrivée aux Indes.

3. La flotte de Vasco de Gama

Au moment d'embarquer pour sa grande expédition, en juillet 1497, Vasco de Gama disposait de quatre navires, dont la construction fut particulièrement soignée. Ceux-ci en effet emportaient des pièces de rechange pouvant être utilisées indifféremment sur chacun d'entre eux, ce qui constituait une innovation remarquable.

Le chef de l'expédition embarqua sur le São Gabriel, qui jaugeait 120 tonneaux ; son frère Paulo commandait le São Rafael (100 tonneaux). Si la capacité du Berrio n'était que de 50 tonneaux, celle du navire de charge – pour les approvisionnements de l'aller – atteignait 200 tonneaux. Les équipages auraient compté 170 personnes (320 selon d'autres sources), dont de nombreux aventuriers. C'est à eux que furent réservées les missions périlleuses.