Juan Carlos Ier
(Rome 1938), roi d'Espagne (1975-2014).
Petit-fils d’Alphonse XIII, dernier roi d’Espagne contraint à l’exil après la proclamation de la République en 1931 et fils de Juan de Bourbon, conte de Barcelone, il suit sa formation militaire et ses études supérieures (droit international et économie) à Madrid. Le pays est alors sous la coupe de la dictature du « Caudillo et généralissime » Franco qui a reconnu en 1947 le caractère monarchique de l’Espagne dans la « loi de succession du chef de l’État » en se réservant la prérogative de choisir son successeur.
En 1962, Juan Carlos épouse Sophie, princesse de Grèce, et s’installe au palais de la Zarzuela.
En juillet 1969, il est désigné par Franco et les Cortes pour succéder au chef de l’État en tant qu’héritier de la couronne d’Espagne. Son père Juan de Bourbon, qui n'avait jusqu'alors pas renoncé au trône mais qui est détesté par Franco, accepte de voir son fils monter sur le trône.
1. Un roi garant de la démocratie
Proclamé roi le 22 novembre 1975 à la mort du Caudillo, Juan Carlos annonce d’emblée son intention de rétablir les libertés et la démocratie, lançant un appel à la « concorde nationale », soucieux de dissiper les méfiances de tout bord et de résorber les déchirures héritées de la guerre civile. Le président du gouvernement est alors Carlos Arias Navarro, un ultra-conservateur, nommé deux ans plus tôt par Franco et maintenu provisoirement à ce poste, qui propose sans succès quelques timides réformes avant d’être destitué. Afin de surmonter les tensions politiques et neutraliser la résistance des milieux les plus réactionnaires du régime, le roi fait appel à un jeune ministre inconnu jusqu’alors et apparemment inoffensif, issu du sérail franquiste puisque secrétaire général du mouvement phalangiste : Adolfo Suárez.
Une étroite collaboration s’instaure entre ces deux hommes liés par l’amitié et une vision politique commune pour mener à bien et jusqu’à son terme la transition démocratique de l’Espagne. Le roi y joue un rôle essentiel notamment pour rallier l’armée et les milieux les plus conservateurs et écarter les menaces de coup d’État. Mais aussi pour faire accepter la légalisation du parti communiste, hautement symbolique, ainsi que la reconnaissance des nationalités et des autonomies en se portant garant de l’unité nationale dans le cadre d’une monarchie parlementaire apaisée, instituée par la Constitution de 1978, dernière étape de la transition.
Par sa fermeté et le rappel à l’ordre des militaires séditieux, Juan Carlos fait échouer la tentative de putsch du lieutenant-colonel Tejero en février 1981. Cette ultime intervention politique décisive contribue à renforcer le prestige de la Couronne à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
2. Une présence discrète mais significative sur la scène internationale
Ayant délibérément renoncé à ses pouvoirs hérités du régime franquiste et respectant désormais scrupuleusement ses prérogatives limitées dans la Constitution, le roi s’attache à donner de la monarchie espagnole l’image d’un État moderne et libéral. Soutenant l’adhésion à l’OTAN (1982) et à la CEE (1986), Juan Carlos participe également au rapprochement entre l’Espagne et ses anciennes colonies d’Amérique latine. Il prend ainsi part à tous les sommets ibéro-américains organisés à partir de 1991, nouant des relations cordiales avec les chefs d’État du sous-continent y compris Hugo Chávez et Fidel Castro.
3. L’abdication
En 2014, alors que les enquêtes d’opinion révèlent une forte chute de la popularité de l’institution monarchique, due notamment à divers scandales – la participation du roi à un safari au Botswana alors que le pays tente de se relever de la crise économique, la mise en examen de sa fille, l’infante Cristina, pour fraude fiscale présumée –, Juan Carlos décide d’abdiquer en faveur de son fils Felipe, prince des Asturies. Ce dernier est intronisé roi d’Espagne sous le nom de Philippe VI le 19 juin.
Pour en savoir plus, voir les articles histoire de l'Espagne, Espagne : vie politique depuis 1976.