Hugo Rafaël Chávez Frías

Hugo Chavez, Luiz Inácio Lula da Silva et Néstor
Hugo Chavez, Luiz Inácio Lula da Silva et Néstor

Colonel et homme d'État vénézuélien (Sabaneta, État de Barinas, 1954-Caracas 2013).

1. L’officier séditieux

Vouant dès l'enfance une admiration illimitée pour Simón Bolívar, héros des luttes pour l'indépendance sud-américaines au xixe siècle, Hugo Chávez étudie à l'Académie militaire du Venezuela et fonde en 1982 l’Armée bolivarienne révolutionnaire (Ejército Bolivariano Revolucionario, EBR), rebaptisée plus tard Mouvement bolivarien révolutionnaire (MBR), un groupe d'étude réunissant de jeunes officiers sur la base d'idées à la fois nationalistes et socialistes. N’inquiétant pas outre mesure ses supérieurs, il est toutefois arrêté en 1989 sous l’accusation de conspiration mais libéré faute de preuves.

Devenu lieutenant-colonel à la tête d’un bataillon de parachutistes basé dans les environs de Caracas, Hugo Chávez est à l’origine d’une tentative de coup d’État dans la nuit du 3 au 4 février 1992 contre le président social-démocrate Carlos Pérez Rodríguez ; mais celle-ci échoue en raison de la loyauté au pouvoir en place du haut commandement des Forces armées.

Emprisonné, Chávez est gracié par le président Rafaël Caldera Rodríguez (1994). Obligé de quitter l’armée, il crée en 1997 le Mouvement Cinquième République (Movimiento Quinta República, MVR), déjà fondé sur un projet d’« alternative bolivarienne » – sorte de « troisième voie » entre libéralisme et socialisme aux contours assez vagues. Avec un programme de régénération de la vie politique nationale et de lutte contre la corruption, ce parti parvient à se hisser à la deuxième place aux élections de novembre 1998, brisant la domination des formations traditionnelles.

2. De l’accession au pouvoir à la mobilisation de l’opposition

Élu dans la foulée à la présidence de la République en décembre 1998, comme candidat du Pôle patriotique, une coalition rassemblant, outre le MVR, l’ensemble des partis de gauche, Chávez entre en fonctions en février 1999. Après avoir fait adopter une nouvelle Constitution, qui consolide les pouvoirs présidentiels et transforme le pays en une « démocratie populaire et participative » – la République bolivarienne du Venezuela (son nouveau nom), il est confirmé à la tête de l'État lors des élections générales de 2000 ; quant au Pôle patriotique, il devient largement hégémonique à l’Assemblée nationale.

L’« état d’urgence social » est instauré et un nouveau régime – dont l’émission télévisée dominicale « Aló Presidente » devient emblématique –, qualifié de « populiste » par certains, est mis en place. La dégradation de la situation économique, une série de mesures autoritaires prises à la fin de 2001 et la mainmise sur les ressources pétrolières du pays attisent cependant les mécontentements et suscitent, le 11 avril 2002, un coup d'État, qui l'écarte du pouvoir pendant 48 heures. La division entre opposants et partisans de Chávez est alors à son comble ; pourtant, ces derniers l’emportent à l’issue du référendum révocatoire le 15 août 2004, et confortent son assise politique aux élections législatives de décembre 2005.

3. Une politique étrangère « anti-impérialiste »

À l'échelle latino-américaine, Hugo Chávez s'emploie à faire de son pays le pivot d'un mouvement continental dirigé contre le leadership des États-Unis, ce qui n’empêche pas ces derniers de rester le premier partenaire commercial du Venezuela en dépit des harangues « anti-yankee » et « anti-impérialistes » du Comandante.

Cette politique est inaugurée par le lancement avec l'allié cubain, en décembre 2004, de l’« Alternative bolivarienne pour les Amériques », que rejoignent notamment la Bolivie, l’Équateur et le Nicaragua. Mais cette alliance, ainsi que la mise en place du programme Petrocaribe pour s’attirer le soutien des pays caribéens, n’excluent pas le resserrement des relations avec l’Argentine et le Brésil, la normalisation de celles – un temps très détériorées — avec la Colombie, ou encore l’adhésion à l'Union des nations sud-américaines (UNASUR).

Sur le plan international, Chávez se rapproche de la Russie et de la Chine et apporte son soutien à des « États parias » comme la Libye de Khadafi et l’Iran d’Ahmadinejad, en vue d’équilibrer l'influence américaine. Plus généralement, il cherche à devenir le porte-voix des groupes altermondialistes.

4. La perpétuation à la tête de l’État

Facilement reconduit à la tête de l'État avec 63 % des suffrages en décembre 2006, Chávez décide d'accélérer le passage du Venezuela au socialisme, en promouvant à l'été 2007 une série de réformes constitutionnelles visant à donner au président et à son gouvernement des pouvoirs accrus. Des atteintes à la liberté d’expression sont dénoncées mais le président bénéficie d’une indéniable popularité dans le pays, en particulier parmi les plus pauvres, bénéficiaires des programmes sociaux mis en œuvre grâce à la manne pétrolière. Il est ainsi réélu en octobre 2012 avec 54 % des voix. Soigné pour un cancer depuis juin 2011, hospitalisé à Cuba, il meurt à Caracas le 5 mars 2013.

Pour en savoir plus, voir l'article Venezuela.

Hugo Chavez, Luiz Inácio Lula da Silva et Néstor
Hugo Chavez, Luiz Inácio Lula da Silva et Néstor
  • 2013 Décès du président vénézuélien Hugo Chávez (5 mars). Son dauphin désigné, Nicolás Maduro, remporte de justesse l’élection présidentielle du 14 avril.