Jean-Philippe Toussaint

Romancier et réalisateur belge de langue française (Bruxelles 1957).

« Une énergie romanesque pure »

En 1978, il sort diplômé de l'Institut des sciences politiques de Paris avant d'entreprendre un troisième cycle d'Histoire contemporaine à la Sorbonne (1979). De 1982 à 1984, il part en Algérie, dans le cadre d'une coopération, et sera professeur de français dans un lycée. En 1985, il publie la Salle de bain, un roman froidement loufoque traitant du thème de l'incommunicabilité, qui donne le ton des livres suivants. Sa rencontre avec Jérôme Lindon (1925-2001) est alors déterminante et il confiera l’ensemble de son œuvre écrite aux Éditions de Minuit.

Par la suite, Monsieur et son égoïsme aigre-doux (1986), l'Appareil-photo volé sur un ferry-boat (1989), la Réticence d'un voyageur devant une maison corse et vide (1991), la Télévision retournée pour réfléchir sur ce qu'est le regard (1997), et jusqu'aux éclats cocasses d'un Autoportrait (à l'étranger) [2000] constituent une œuvre où les histoires ténues cachent un exigeant travail d'écriture – dépouillée, sans grandiloquence –, travail d'ailleurs récompensé par le succès populaire et les nombreuses traductions dans près d’une vingtaine de pays. En 2002, avec Faire l'amour, le romancier entame le « cycle de Marie » et de sa vie sentimentale à rebondissements ; Fuir (2005), la suite, obtient le prix Médicis tandis que la Vérité sur Marie (2009, prix Décembre) conte la crise du couple formé par le narrateur et son héroïne. On doit aussi à Jean-Philippe Toussaint la Mélancolie de Zidane (2006), brève mais savoureuse réflexion sur le dernier geste et l’adieu.

Du mot à l’image

Romancier habile dans la description de personnages dont le décalage par rapport aux normes et aux cadres de la société peut engendrer une amère cocasserie, Jean-Philippe Toussaint a adapté son premier livre pour le réalisateur John Lvoff : la Salle de bain (1989), avec Tom Novembre dans le rôle principal. Sa toute première réalisation, en noir et blanc, Monsieur (1990), avec Dominic Gould et Eva Ionesco dans les premiers rôles, semble désigner en lui un héritier de Jacques Tati dans sa description des travers de la vie contemporaine, et il se dégage d'un fond surréel une angoisse qui ne doit rien à la littérature.

Autre adaptation d'un de ses romans, la Sévillane (1992, d’après l'Appareil-photo) est une œuvre aux dialogues aussi brillants que le traitement des couleurs, où se mêlent une description placide du dérisoire dans les relations humaines et une forme de burlesque désenchantée. La Patinoire (1998), sur un scénario original cette fois et de nouveau avec Tom Novembre, développe les mêmes caractéristiques tout en analysant les rapports de pouvoir dans le cadre du tournage d'un film auquel contribue une équipe de hockey. Également photographe, Jean-Philippe Toussaint a exposé en Europe (Belgique, France) et au Japon.