James Louis, dit Jay Jay Johnson

Jay Jay Johnson
Jay Jay Johnson

Tromboniste de jazz américain (Indianapolis 1924-Indianapolis 2001).

Inventeur du trombone be-bop, il a donné à cet instrument une vélocité jusqu'alors inimaginable. Le duo qu'il forma avec son confrère Kai Winding (1922-1983) connut un succès considérable dans les années 1950 et 1960. À écouter : The Great Jay and Kai (1960).

Deux retraites importantes ponctuent la carrière de ce doyen du trombone moderne. La première de 1952 à 1954 : faute d'engagements, il devient contrôleur dans une usine de gyroscopes ( !) ; la seconde, de 1970 à 1987 : hormis quelques enregistrements, il se consacre à l'écriture et à l'arrangement pour le cinéma et la télévision (Starsky et Hutch). Près de vingt ans d'absence sur la scène du jazz pour celui qui inventa le trombone be-bop, réussissant à transposer sur l'instrument les cadences legato de Charlie Parker, le phrasé staccato de Dizzy Gillespie (le trombone-trompette) ; vingt ans pour celui qui, dès 1946, était désigné comme le meilleur des trombonistes de la jeune génération et qui ne quitta plus dès lors la première place aux référendums.

D'abord pianiste, puis saxophoniste baryton, il entend Fred Beckett, tromboniste de Kansas City, qui est le premier à l'influencer. Viennent ensuite Dicky Wells et Trummy Young, ainsi que son aîné d'un an dans l'orchestre de Snookum Russell où il est entré en 1942 : Fats Navarro. Jay Jay joue ensuite dans les big bands de Benny Carter et de Count Basie (1942-1946) et du Jazz at the Philharmonic. Il fréquente les clubs de la 52e Rue, rencontre les boppers auxquels il s'intéresse d'abord et se confronte, forgeant déjà le style qui sera le sien. Il quitte Basie, travaille dans différentes formations, dont celle d'Illinois Jacquet, enregistre avec Sonny Stitt et Bud Powell et rejoint les orchestres de Woody Herman et Dizzy Gillespie (1949-1951), avant de partir en tournée avec Oscar Pettiford et… d'interrompre ses activités musicales.

Lorsqu'il ressort son instrument de l'étui (1954), il constitue avec Kai Winding (1922-1983) un duo de trombones qui fera date dans l'histoire du jazz. Conjugaison de sonorités (celle de Jay Jay plus veloutée), similitude (ou presque) des styles font que le combo qu'ils présentent jusqu'en 1956 reçoit un accueil enthousiaste ; ils se réunissent trois fois encore pour des enregistrements, ainsi qu'en 1982 pour une tournée au Japon. Winding organise plusieurs fois des petites formations autour de l'instrument (jusqu'à quatre trombones), se produit en duo avec Curtis Fuller dans le Giant Bones en 1979 ; Johnson se consacre à l'écriture et à l'arrangement, travaille avec Miles Davis (1961-1962) et s'associe ensuite à Bobby Jaspar avant de prendre le chemin des studios hollywoodiens.

Quelques tournées en 1977 et 1984, puis divers enregistrements précèdent le retour sur scène, en 1987, de ce géant du trombone.