Claude Moine, dit Eddy Mitchell

Chanteur et auteur de rock français (Paris 1942).

Lancé par son groupe, les Chaussettes noires (1961-1963), dont le plus grand tube est Daniela, Eddy Mitchell n’impose son propre style, fait de country rock et de rhythm and blues, qu’au milieu des années 1970. Dans son premier album solo, Voici Eddy… c’était le soldat Mitchell (1963), il se cherche encore, entre rocks faciles, jolis slows, digressions jazzy (Quand une fille me plaît) et reprises soignées (Chain Gang d'après Sam Cooke, Je reviendrai d'après Gene Vincent). Mais sa voix est là, ample, sûre. Il consacre les deux albums suivants (Eddy in London, 1963 ; Panorama, 1964) au rock des pionniers, celui auquel il doit tout. Les textes en français, qu’il n'écrit pas encore en totalité, collent déjà bien à ces sonorités venues d'ailleurs. Dans Toute la ville en parle (1964), il s’intéresse plus nettement au rhythm and blues et s’attaque au Busted de Ray Charles, qui est fidèlement rebaptisé Fauché et qui lui vaut d’obtenir son premier vrai tube en solo. Allant d’un rythme à l’autre, « de Londres à Memphis », il revisite d’autres héros personnels, tels que Eddie Cochran et Otis Redding.

Après un détour pop, marqué par un slow inoubliable (Alice, 1967), Eddy Mitchell revient en 1974 au rock and roll pur et dur en publiant l’album Rocking in Nashville, avec, à l'harmonica, Charlie McCoy, qui a accompagné Elvis Presley et Bob Dylan, et, comme choristes, les Jordanaires, qu'Elvis a également bien connus. Entre eux, l’accord est parfait et donne naissance à douze morceaux au swing aérien, contenant des reprises de Chuck Berry (À crédit et en stéréo) et de Gene Vincent (C’est un piège). Dès lors, en s'appuyant sur les bases mêmes du rock populaire « à l'américaine » d’hier, Eddy Mitchell va raconter le monde d'aujourd'hui, monde fatigué (la Fille du motel [Sur la route de Memphis], 1976), monde finissant (la Dernière Séance, 1977), monde sans travail (Il ne rentre pas ce soir [Après minuit], 1978), et affirmer un style, une couleur (Couleur menthe à l'eau [Happy Birthday], 1980) dont il ne s'éloignera plus. L’unité de ton de Rocking in Nashville à Rio Grande, vingt ans plus tard, est frappante. Frenchy (2003), avec Sur la route 66, et Jambalaya (2006), avec Ma Nouvelle-Orléans, perpétuent la filiation américaine.

Très présent au cinéma, Eddy Mitchell a également été l'animateur de l’émission télévisée la Dernière Séance (1982-1998), consacrée aux westerns et autres classiques du cinéma américain.