Bernard Hinault

Bernard Hinault
Bernard Hinault

Coureur cycliste français (Yffiniac, Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor, 1954).

Coureur très complet (excellent rouleur, bon grimpeur et aussi sprinteur), Bernard Hinault était aussi à l'aise dans les courses à étapes que dans les classiques ou dans les épreuves contre la montre, ce qui lui a permis de dominer le cyclisme mondial pendant dix ans (1977 à 1986) après la retraite d'Eddy Merckx. Il est, avec cinq succès, co-détenteur du record de victoires dans le Tour de France.

Un caractère très tôt affirmé

Quoique brève, la carrière de Bernard Hinault chez les amateurs lui a permis d'afficher des dons athlétiques et une volonté de vaincre très supérieurs à la moyenne. Ce fils de poseur de rails de chemin de fer remporte la première course qu'il dispute, à Planguenoual, dans les Côtes-d'Armor, en 1971, à seize ans. C'est en attaquant à 80 km de l'arrivée qu'il devient champion de France des juniors en 1972. Il remporte une étape de la Route de France, en 1974, en attaquant cette fois à 100 km du but, parvenant à conserver une seconde sur la ligne d'arrivée. Il entame sa carrière professionnelle en 1975, sous la direction de Jean Stablinski. Il est champion de France de poursuite en 1975 et en 1976.

Quittant Stablinski, Hinault passe sous la houlette de Cyrille Guimard, un rouleur qui avait tenu tête au grand Eddy Merckx dans le Tour de France 1972. En 1977, il remporte coup sur coup deux grandes classiques, Gand-Wevelgem et Liège-Bastogne-Liège, alors que les Français avaient le plus grand mal à briller dans ces courses d'un jour. Ce même printemps 1977, lors du critérium du Dauphiné libéré, après avoir remporté la première étape devant Merckx, il chute dans la descente du col de Porte, disparaît dans un ravin, remonte sur son vélo sans dommage puis est contraint de mettre pied à terre dans la montée de la côte de la Bastille, au-dessus de Grenoble, où il s'adjuge finalement la victoire d'étape. Il remporte à la fin de cette année 1977 une première victoire dans le Grand Prix des Nations, un exercice contre-la-montre dont il est demeuré un spécialiste tout au long de sa carrière. Il affiche dès ses années-là ses qualités premières, coureur d'instinct toujours en éveil et ne lâchant jamais prise, qui lui valent d'être surnommé le « Blaireau ».

Un règne sans partage

1978 voit ses débuts dans les grands Tours. Il remporte d'abord le Tour d'Espagne, à sa première participation, et, après être devenu champion de France, pour la seule et unique fois, il s'impose dans le Tour de France à sa première participation, en dominant le Néerlandais Joop Zootemelk dans le dernier contre-la-montre. En 1979, il bat Saronni au sprint dans la Flèche wallonne, domine encore Zootemelk dans le Tour de France, après avoir été mis en difficulté au cours d'une étape pavée, puis devance Contini dans le Tour de Lombardie. Lors de sa victoire dans Liège-Bastogne-Liège en 1980, couru sous la neige, il devance le deuxième de plus de huit minutes, après une échappée de plus de 80 km. Puis il s'échappe dans le col du Stelvio pour remporter son premier Tour d'Italie : il devient ainsi le quatrième coureur cycliste à remporter les trois grands Tours, après Jacques Anquetil, l'Italien Felice Gimondi et le Belge Eddy Merckx. Il doit abandonner le Tour de France 1980 à la suite d'une douleur au genou. Il prend le mois suivant une éclatante revanche en devenant champion du monde, à Sallanches.

Au début des années 1980, Bernard Hinault domine le cyclisme international. En 1981, il remporte le critérium international (dont il s'attribue les trois épreuves spécifiques : course en ligne, course de côte et contre-la-montre), l'Amstel Gold Race (en battant De Vlaeminck, De Wolf, Raas et Kelly au sprint), Paris-Roubaix (lors duquel il se relève d’une chute due à un caniche noir à 12 km de l’arrivée pour devancer au sprint un quintette royal, composé de Moser, auteur du triplé lors des trois précédentes éditions, de De Vlaeminck, en quête de sa cinquième victoire, de Kuiper, vainqueur du Tour des Flandres une semaine plus tôt, de De Meyer, lauréat de la course en 1976, et de l'excellent sprinter Van Calster). Il plane sur le Critérium du Dauphiné libéré, remportant quatre étapes, puis est sans rival dans le Tour de France, reléguant le deuxième, le Belge Lucien Van Impe, à près d'un quart d'heure.

Il réussit en 1982 un premier doublé Tour d'Italie-Tour de France. Cette quatrième victoire dans la Grande Boucle, la plus facile, qu'il agrémente par un succès au sprint lors de la dernière étape sur les Champs-Élysées, lui permet de devancer Louison Bobet au palmarès. À la suite de sa difficile victoire dans la Vuelta (le Tour d'Espagne) en 1983, il se voit contraint de renoncer au Tour de France en raison d'une douleur au genou.

Il égale Anquetil et Merckx

En 1984, Hinault quitte Cyrille Guimard et rejoint l'équipe de la Vie Claire, dirigée par Bernard Tapie. Il termine deuxième d'un Tour de France remporté par Laurent Fignon, son ancien coéquipier chez Renault. Puis il effectue une belle fin de saison qui montre qu'il a recouvré ses capacités, s'adjugeant un cinquième Grand Prix des Nations, puis le Trophée Baracchi, avec Francesco Moser, et le Tour de Lombardie. Il réussit en 1985 un deuxième doublé Tour d'Italie-Tour de France. Dominant Moser dans le Tour d'Italie, il devient le seul Français à avoir remporté trois fois le Giro. Malgré une chute qui le laisse le visage en sang sur la chaussée de Saint-Étienne, il devance son coéquipier Greg LeMond dans le Tour de France : Hinault est alors, après Jacques Anquetil et Eddy Merckx, le troisième coureur de l'histoire à avoir remporté cinq Tours de France. Greg LeMond prend sa revanche dans le Tour 1986, mais Hinault sort par la grande porte, en terminant deuxième et non sans avoir attaqué à plusieurs reprises et remporté l'étape de L'Alpe-d'Huez. Son bilan en huit participations au Tour de France est éloquent : cinq victoires, vingt-huit victoires d'étapes, soixante-dix-huit jours en jaune. Bernard Hinault conclut sa carrière en remportant une dernière victoire dans un contre-la-montre, dans la Coors Classic. (→ cyclisme.)

Le palmarès de Bernard Hinault

Le palmarès de Bernard Hinault

Le palmarès de Bernard Hinault

Épreuve

Année

Championnat du monde sur route

1980

Championnat de France sur route

1978

Championnat de France de poursuite

1975, 1976

Tour de France

1978, 1979, 1981, 1982, 1985

Tour d'Italie

1980, 1982, 1985

Tour d'Espagne

1978, 1983

Paris-Roubaix

1981

Liège-Bastogne-Liège

1977, 1980

Flèche wallonne

1979, 1983

Amstel Gold Race

1981

Gand-Wevelgem

1977

Tour de Lombardie

1979, 1984

Critérium du Dauphiné libéré

1977, 1979, 1981

Grand Prix des Nations

1977, 1978, 1979, 1982, 1984

Trophée Baracchi

1984 (avec Moser)

Tour de Romandie

1980

Quatre Jours de Dunkerque

1984

Critérium national

1978

Critérium international

1981

Critérium des As

1982

Circuit de la Sarthe

1975, 1976

Tour d'Indre-et-Loire

1976

Tour de l'Aude

1976

Tour du Limousin

1976, 1977

Paris-Camembert

1976

Tour de l'Oise

1979

Tour de Corse

1982

Tour d'Armor

1982

Grand Prix Cerami

1983

Trophée Luis-Puig

1986

Tour de Valence

1986

Coors Classic

1986