Malte

en maltais et en anglais Malta

Nom officiel : République de Malte

Carton de situation - Malte
Drapeau de Malte
Drapeau de Malte

État insulaire d'Europe méridionale, Malte est située dans la mer Méditerranée, entre la Sicile et l'Afrique.
Malte est membre de l'Union européenne (elle fait partie de la zone euro) et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et du Commonwealth.

  • Superficie : 316 km2
  • Nombre d'habitants : 518 536 (2021)
  • Nom des habitants : Maltais
  • Capitale : La Valette
  • Langues : maltais et anglais
  • Monnaie : euro
  • Chef de l'État : George Vella
  • Chef du gouvernement : Robert Abela
  • Nature de l'État : république à régime parlementaire
  • Constitution :
    • Entrée en vigueur : juillet 1964
    • Révisions : décembre 1974, janvier 1987
Pour en savoir plus : institutions de Malte

STATISTIQUES : DÉMOGRAPHIE

  • Population : 518 536 hab. (2021)
  • Densité : 1640 hab./km2
  • Part de la population urbaine (2022) : 95 %
  • Structure de la population par âge (2022) :
    ● moins de 15 ans : 13 %
    ● 15-65 ans : 68 %
    ● plus de 65 ans : 19 %
  • Taux de natalité (2022) : 9 ‰
  • Taux de mortalité (2022) : 8 ‰
  • Taux de mortalité infantile (2022) : 4 ‰
  • Espérance de vie (2022) :
    ● hommes : 81 ans
    ● femmes : 86 ans

La population, principalement de confession orthodoxe, ne s'accroît plus. La densité totale, une des plus élevées du monde, dépasse les 1 500 habitants au km2. La Valette, la capitale, forme avec Sliema et Hamrun une agglomération qui regroupe 40 % de la population totale du pays. L'espérance de vie des femmes à la naissance est parmi les plus élevées du monde (86 ans).

STATISTIQUES : ÉCONOMIE

  • GÉNÉRALITÉS
  • PNB (2021) : 16 milliards de dollars
  • PNB/hab. (2021) : 30 760 dollars
  • PNB/hab. PPA (2021) : 45 370 dollars internationaux
  • IDH (2021) : 0,918
  • Taux de croissance annuelle du PIB (2021) : 10,3 %
  • Taux annuel d'inflation (2021) : 1,5 %
  • Structure de la population active (2020) :
    ● agriculture : 0,9 %
    ● mines et industries : 18,1 %
    ● services : 81 %
  • Structure du PIB (2021) :
    ● agriculture : 0,4 %
    ● mines et industries : 12,8 %
    ● services : 86,8 %
  • Taux de chômage (2021) : 3,5 %
  • Tourisme
  • Recettes touristiques (2018) : 1 845 millions de dollars
  • Commerce extérieur
  • Exportations de biens (2021) : 3 584 millions de dollars
  • Importations de biens (2021) : 6 404 millions de dollars
  • Défense
  • Forces armées (2019) : 2 000 individus
  • Dépenses militaires (2021) : 0,5 % du PIB
  • Niveau de vie
  • Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2021) : 12
  • Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 53,82 %
  • Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 4,54 %
  • Dépenses publiques d'éducation (2020) : 5,87 % du PIB

L'île a pleinement profité de son adhésion à l'UE (2004) avec une croissance soutenue de son PIB (3,6 % par an en moyenne), tirée par des services en expansion et les fonds structurels européens. Elle a bien résisté à la crise de 2008, alors qu'elle entrait dans la zone euro la même année. Les investissements étrangers et publics, la production industrielle (composants électroniques et médicaments), les services ainsi que le tourisme y ont contribué. En 2011, la crise libyenne a eu des conséquences directes sur l'économie maltaise, les investisseurs libyens étant bien implantés dans le pays. Le déficit du commerce extérieur de marchandises (plus de 57 % des importations et 48 % des exportations au sein de l'UE en 2020) est compensé par l'excédent dégagé par les services commerciaux . Après une croissance de près de 5 % en 2019 — accompagnée toutefois d'une corruption et d'un blanchiment d'argent préoccupants — un excédent budgétaire depuis 2016–2017 et une réduction du chômage, la pandémie de Covid 19 a entraîné l'île dans une récession brutale, de – 83 % en 2020, due notamment à l'arrêt du tourisme.Après la forte reprise de 2021, la croissance est estimée à plus de 6% en 2022. Le gel des prix de l'électricité et de l'essence a contenu l'inflation.

GÉOGRAPHIE

L'archipel maltais comprend quatre îles (Malte, Gozo, Comino, Filfola) et jouit d'une position stratégique remarquable au centre de la Méditerranée, à une centaine de kilomètres de la Sicile, à 300 km environ du cap Bon, à égale distance de Gibraltar et de l'isthme de Suez. Formée d'un plateau calcaire riche en phénomènes karstiques, Malte, l'île principale (246 km2), a un relief accidenté mais peu élevé (258 m d'altitude), sans montagnes ni rivières et sans vastes plaines.

La population a connu un fort courant d'émigration au cours du xixe s., surtout vers la Grande-Bretagne, les États-Unis et l'Australie. Avec 1,2 enfant par femme, l'indice de fécondité est le troisième plus bas du monde, derrière ceux de la Bosnie-Herzégovine et de la Corée du Sud. La population se concentre aujourd'hui dans les centres urbains (91 % des Maltais sont des citadins). La Valette (210 000 habitants dans l'agglomération en 2005) s'est développée sur une presqu'île située entre deux golfes ramifiés autour desquels Sliema et Hamrun forment une agglomération continue qui constitue la première zone touristique du pays.

Le climat doux (plus de 12 °C en janvier), aux pluies hivernales, permet des cultures variées : céréales, primeurs, arbres fruitiers, coton. Le secteur primaire occupe seulement 2 % de la population active et la pêche n'a qu'une importance secondaire. L'élevage ovin et la production de fromages qui en dérive restent le plus souvent une activité familiale. Jusqu'en 1979, date à laquelle elles furent fermées, les bases militaires britanniques assuraient une grande partie des revenus de l'île. Constituée de petites ou moyennes entreprises, l'industrie (constructions mécaniques, appareillage électrique et électronique, textile, fabrication de cigarettes) est localisée principalement autour de La Valette. Malgré l'exportation de tabac, la balance commerciale est toujours déficitaire et le taux de chômage reste assez élevé. Malte a fait son entrée dans l'Union européenne en 2004.

HISTOIRE

1. De l'Antiquité à la domination sicilienne

Malte devient un poste phénicien (fin ixe-début viiie siècle avant J.-C.), puis elle connaît l'influence grecque et l'occupation carthaginoise, et enfin romaine (218 avant J.-C.). Conquise par l'émir de Kairouan (870 après J.-C.), elle passe en majeure partie à l'islam.

Roger de Sicile s'en empare (1090), mais les musulmans, qui n'en sont expulsés que sous Frédéric II (entre 1240 et 1250), laissent à l'île un dialecte arabe.

2. L'ordre de Malte et la domination britannique

Malte reste liée à la Sicile (Angevins de Naples, puis en 1282 Aragonais) jusqu'en 1530, où Charles Quint la cède aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, chassés de Rhodes.

Fortifiée par Jean-Parisot de La Valette (de 1557-1568), l'île résiste aux Turcs et devient un nid de corsaires chrétiens au xviie siècle, et, dans la seconde moitié du xviiie siècle, le grand centre du commerce français en Méditerranée en direction du Levant. L'ordre, qui décline, abandonne la guerre de course (1775). Il laisse Bonaparte occuper l'île (juin 1798). La Grande-Bretagne, qui s'en empare après un siège de deux ans (septembre 1800), refuse de la rendre à l'ordre. La population de Malte trouve des emplois à l'arsenal, cependant la surpopulation conduit à une émigration importante.

La Grande-Bretagne refusant de faire de l'italien une langue officielle et d'accorder l'autonomie, l'agitation politique se développe. En 1921 une Constitution est accordée à l'île, mais elle sera suspendue (1933), puis abrogée (1936), et l'île reviendra sous le régime colonial.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la création du théâtre d'opérations libyen (→  campagne de Libye) fait de Malte une base d'une exceptionnelle importance stratégique qui permet d'abord aux Britanniques d'exercer des ravages parmi les convois de l'Axe. Mais l'arrivée, à l'automne 1941, en Italie du Sud, de la IIe Luftflotte de Kesselring neutralise l'île, désormais soumise à un blocus rigoureux sous des bombardements intensifs. Lord Gort, gouverneur depuis avril 1942, galvanise la défense tandis qu'échouent de nombreuses tentatives pour forcer le blocus. L'évacuation de la Libye par les forces de l'Axe sauve l'île, qui reprend alors son rôle de base offensive.

3. L'indépendance

L'autonomie, accordée en 1947, est révoquée en 1959 et ce n'est qu'après les élections de février 1962, remportées par le parti nationaliste (PN, conservateur), que Malte devient membre du Commonwealth. George Borg Olivier, Premier ministre, demande alors l'indépendance au sein du Commonwealth (août 1962). À la suite d'un référendum (mai 1964), l'indépendance devient effective le 21 septembre 1964.

Deux difficultés majeures pèsent sur le nouvel État : le problème économique, lié à l'aide indispensable de l'étranger, les rapports de l'Église et de l'État, problème qui oppose le parti nationaliste de George Borg Olivier, majoritaire, au parti travailliste (MLP, social-démocrate) de Dominique Mintoff, ce dernier étant hostile aux ingérences cléricales traditionnelles. Face aux Britanniques, qui dominent l'économie de l'île, le parti nationaliste compose. Mais les élections de juin 1971 amènent les travaillistes au pouvoir. Le nouveau Premier ministre, Dominique Mintoff, renvoie le gouverneur, représentant la Couronne britannique, exige le départ du commandant en chef des forces de l'OTAN basées à Malte, interdit ses côtes à la VIe flotte américaine et réclame la révision des accords de 1964 qui lient le pays à la Grande-Bretagne.

Le 26 mars 1972 est signé un nouvel accord anglo-maltais, d'une durée de sept ans, sur l'utilisation des bases militaires de l'île par la Grande-Bretagne et l'OTAN. Malte s'engage à ne pas accorder de facilités semblables aux forces du pacte de Varsovie. En compensation, le pays recevra, chaque année, 14 millions de livres.

4. La république

L'État de Malte devient une république en décembre 1974. Depuis, sept présidents de la République, élus par l'Assemblée, se sont succédé : Anthony Joseph Mamo (1974-1976), Anton Buttigieg (1976-1982), Agatha Barbara (1982-1987), Paul Xuereb (1987-1989), Vincent Tabone (1989-1994), Ugo Mifsud Bonnici (1994-1999), Guido de Marco (candidat du parti nationaliste, élu en avril 1999). Vainqueurs de nouveau aux élections de septembre 1976 et de décembre 1981, les travaillistes se maintiennent au pouvoir avec leur leader Dominique Mintoff. Le 31 mars 1979 ont lieu la fermeture des bases britanniques et le départ des dernières troupes. En décembre 1984, Dominique Mintoff démissionne de ses fonctions de Premier ministre au profit de Carmelo Mifsud Bonnici. En février 1987, le Parlement est dissous. Les élections législatives (9 mai), remportées par le parti nationaliste, mettent fin à seize ans de pouvoir socialiste. À la tête du nouveau gouvernement, Eddie Fenech-Adami, leader du P., engage une politique pro-européenne. En 1990, Malte dépose sa candidature officielle aux Communautés européennes. Mais les nationalistes perdent les élections d'octobre 1996 pour avoir voulu introduire la TVA, jugée trop « européenne ». Alfred Sand, leader du parti travailliste, gèle le processus d'adhésion à l'UE, prônant à la place une forme d'association moins contraignante.

5. L'adhésion à l'Union européenne

À la faveur des élections anticipées de septembre 1998, le parti nationaliste revient au pouvoir. Succédant à Alfred Sand au poste de Premier ministre, E. Fenech-Adami relance le cheminement européen. Lors du sommet d'Helsinki de décembre 1999, Malte est officiellement intégrée dans le processus de négociations sur l'élargissement de l'Union européenne. Reléguée, en 2002, en dernière position parmi les dix pays désignés pour rejoindre l'UE en 2004, Malte accuse des retards importants dans les domaines de la libre circulation des personnes, de la pêche et de l'agriculture, des transports et de la politique sociale. Des dix États candidats, elle est cependant le premier à organiser, le 8 mars 2003, un référendum pour ou contre son intégration, cette question apparaissant aux yeux des Maltais aussi importante que celle de son indépendance en 1964. Au terme d'une campagne longue et intense, dans un pays où la plus forte participation au monde parmi les démocraties sans vote obligatoire (entre 93 % et 97 % depuis les années 1970), s'allie à une grande fidélité aux partis, le « oui » l'emporte par 53,65 % des voix et avec un taux de participation de 91 %. Ce choix est définitivement entériné par les électeurs lors des législatives d'avril, à l'issue desquelles le parti nationaliste de Fenech-Adami obtient 51,7 % des suffrages, le parti travailliste de A. Sand (qui avait axé toute sa campagne sur le rejet de l'adhésion) 47,6 % des suffrages, tandis que le parti écologiste pro-européen, Alternative démocratique, en recueille 0,7 %.

Reconduit dans ses fonctions, E. Fenech-Adami signe à Athènes le 16 mars 2003 le traité d'adhésion à l'Union européenne, auquel plusieurs arrangements spéciaux sont annexés, dont celui de la neutralité de l'île et un protocole sur l'avortement qui préserve Malte contre toute législation européenne à venir sur ce sujet sensible. En mars 2004, Lawrence Gonzi remplace E. Fenech-Adami, à la tête du PN et du gouvernement. Ce dernier est élu à la présidence de la République le 4 avril.

Devenue membre de l'Union européenne le 1er mai, Malte se distingue par une très forte participation aux élections européennes du 13 juin (82,3 %), et, paradoxalement, c'est le parti travailliste, la formation la plus eurosceptique, qui l'emporte.

Confrontée à une immigration clandestine préoccupante à l'échelle locale, Malte appelle régulièrement les États membres de l'UE à étudier la répartition des immigrants africains entre pays européens. Admise, avec la République de Chypre, à intégrer la zone euro le 1er janvier 2008, elle ratifie peu après le traité européen de Lisbonne.

Les élections législatives de mars 2008 sont marquées par la très courte victoire du PN (35 sièges) sur le parti travailliste (34 sièges). L. Gonzi est reconduit dans ses fonctions. Avec 54,7 % des suffrages, les travaillistes viennent toutefois de nouveau en tête des élections européennes de juin 2009 (qui mobilisent toujours près de 79 % des électeurs) devant le PN (40,4 %), avant de remporter les élections législatives de mars 2013 avec 39 sièges. Leur chef Joseph Muscat devient Premier ministre.

Pendant ce premier mandat, l’économie maltaise connaît une croissance exceptionnellement rapide et élevée (6,8 % par an en moyenne entre 2013 et 2018), tirée en grande partie par les exportations de services (tourisme, jeux en ligne, activité portuaire) qui compensent largement le déficit du commerce de marchandises. Profitant pleinement de sa compétitivité fiscale, l’île devient un important centre financier offshore. Des réformes structurelles sont lancées et le déficit public est réduit, le gouvernement atteignant un excédent budgétaire en 2016 (porté à 3,5 % du PIB en 2017). Le niveau de vie augmente et le taux de chômage est inférieur à 5 %.

Cette réussite a son revers : alors que le système bancaire (local et international) est en pleine expansion, le blanchiment d’argent (reconnu par le FMI, qui est par ailleurs plutôt élogieux sur les résultats économiques de l’île) et la corruption sont dénoncés, et le gouvernement maltais est mis sur la sellette à la suite des révélations des « Panama Papers », en 2016.

Fort de la situation plutôt prospère du pays et rejetant les allégations de la presse, le Premier ministre convoque des élections anticipées en juin 2017 ; elles sont remportées par le Parti travailliste. J. Muscat entame ainsi un second mandat mais l’assassinat à la voiture piégée, le 16 octobre, de la journaliste et blogueuse Daphne Caruana Galizia, engagée depuis plusieurs années dans des enquêtes sur la corruption, jette une nouvelle ombre sur la réussite maltaise. Cette affaire aiguise les soupçons de plusieurs médias qui reprennent les investigations de la journaliste dans un « projet Daphne » dont les révélations, publiées en 2018, embarrassent la Commission européenne.