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Immigration aux États-Unis
Immigration aux États-Unis

Entrée dans un pays d'étrangers venus s'y installer. (L'immigration est le plus souvent motivée par la recherche d'un emploi et la perspective d'une meilleure qualité de vie.)

Le phénomène migratoire

Ce phénomène aurait déjà touché près de 200 millions de personnes dans le monde – soit à peine 3 % des habitants de la planète, mais il a tendance à s'accélérer à un rythme voisin de celui de l'augmentation démographique mondiale.

L'immigration résulte généralement d'une contrainte et entraîne le déracinement. Elle offre une alternative soit à la misère, soit à l'arbitraire du pouvoir. L'Europe, qui est devenue une terre d'immigration au xxe s., a été auparavant la source de plusieurs grandes vagues d'émigration, consécutives à des crises économiques ou politiques. Dans les pays de destination, l'immigration peut être ressentie comme un choc, d'autant plus violent qu'elle est massive et que la conjoncture économique est mauvaise. L'État-nation doit gérer la coexistence sur son sol de langues et de cultures différentes, et répondre à des défis qui ont pour noms intégration, assimilation, acculturation. Au pire, il peut avoir à faire face à une crise identitaire. Or, comment faire en sorte que l'immigration ne compromette pas la cohésion de la société d'accueil, mais au contraire la renforce ? Elle ne confronte pas seulement un peuple donné à l'altérité, à « l'étranger » : elle oblige la population immigrée, tout comme la population de souche, à une réflexion introspective. Les problèmes liés à l'immigration seront appréciés en se fondant principalement sur la situation en France et aux États-Unis.

Les principaux flux migratoires

L'immigration d'origine économique

Ce sont les migrations de travailleurs qui révèlent le mieux les inégalités de richesse du monde actuel. La croissance économique d'un pays comme la France, durant les « Trente Glorieuses » (1945-1975), a provoqué un appel de main-d'œuvre auquel ont répondu les habitants des pays européens plus pauvres.

Le continent africain est, de nos jours, le principal foyer d'émigration en direction de l'Europe, l'O.I.M. (Organisation internationale pour les migrations) estimant même qu'en 2025 c'est un Africain sur dix qui pourrait avoir quitté son pays d'origine. Au plan mondial, cependant, c'est le continent asiatique qui est le principal pourvoyeur de candidats à l'exil. Après la disparition de l'U.R.S.S., un flux « Est-Ouest » est venu compléter le flux « Nord-Sud », touchant en particulier les États-Unis. Toutefois, dans ce dernier pays – où l'on compte près de 40 millions d'habitants (13 % de la population) nés à l'étranger, à raison de 675 000 entrées par an –, ce n'est plus l'Europe qui alimente majoritairement les courants migratoires, mais l'Amérique latine – en premier lieu le Mexique –, suivie de l'Asie.

Il reste que les pays du Sud eux-mêmes peuvent constituer des foyers attractifs pour des populations pauvres ; c'est le cas des États producteurs de pétrole.

Un phénomène à double tranchant

Dans les pays d'émigration, celle-ci est traditionnellement un remède au sous-emploi chronique, et donc une possibilité d'éviter des troubles sociaux, en même temps qu'une source de revenu grâce aux envois de fonds des personnes expatriées. Mais il arrive aussi que ces pays aient à regretter le départ de leurs travailleurs les plus qualifiés. En outre, par les relations que les émigrés entretiennent avec leur pays d'origine, ils contribuent à y diffuser les valeurs et les mœurs de leur pays d'accueil.

Dans les pays d'immigration, l'afflux de travailleurs étrangers a été l'une des conditions de l'expansion. Lorsque la conjoncture s'inverse, que la croissance se ralentit et qu'une part de la population active des pays riches se trouve au chômage, l'insertion de ces travailleurs se fait plus difficilement : on redoute alors, et parfois on rejette, la concurrence de la main-d'œuvre étrangère. La coexistence de cultures différentes pose également un problème de société, qui peut lui-même être parfois générateur d'un sentiment d'insécurité.

L'immigration en France

Le recours à la main-d'œuvre étrangère

Au xixe s., alors que la plupart de ses voisins européens fournissent d'importants contingents d'émigrés partant pour l'Amérique du Nord, la France fait déjà appel aux étrangers pour pallier les effets d'une démographie précocement bridée. Après 1945, dans un contexte de forte croissance économique, les besoins en main-d'œuvre se sont accentués, malgré l'exode rural, qui a grossi le nombre des ouvriers urbains, et malgré l'essor du travail féminin. Un office national de l'immigration a même été créé pour organiser les flux de travailleurs, et l'aire de recrutement, d'abord frontalière, s'est élargie aux pays francophones d'Afrique du Nord et d'Afrique noire.

Le statut d'immigré

Comme d'autres pays de l'Union européenne, l'Allemagne en particulier, la France s'est engagée dans la voie d'une politique dite « de maîtrise de l'immigration », induisant la reconduite à la frontière des immigrés clandestins. La légalisation de la situation d'immigré se fait soit par demande de séjour soit par demande d'asile.

Deux types de séjour existent : le séjour à vocation temporaire, qui concerne des personnes dont la situation et les motivations ne sont pas sujettes à un établissement durable ; le séjour à vocation permanente, qui concerne des personnes dont les attaches en France leur donnent le droit de s'établir pour une longue durée.

Les demandes d'asile peuvent être effectuées au titre de la convention de Genève ou au titre de l'asile territorial. Ce dernier est attribué, sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur et après avis du ministre des Affaires étrangères, aux personnes qui s'exposent à des risques vitaux en cas de retour dans leur pays d'origine. Chaque année, plus de mille demandes d'asile territorial sont adressées au ministère.

L'immigration aux États-Unis

Le pays du melting-pot

Le président John Fitzgerald Kennedy, lui-même petit-fils d'immigrés irlandais, a rappelé que l'Amérique n'était pas autre chose qu'« une société d'immigrants ». Exception faite des Esquimaux, des Amérindiens et des Afro-Américains, descendants des familles arrachées à leur continent d'origine à l'époque de la traite des Noirs, l'essentiel de la population américaine est issu de vagues d'immigration successives, suscitées par des perspectives d'enrichissement tout autant que de liberté politique ou religieuse. Ainsi, 39 millions d'Américains sont d'origine irlandaise, et 22 % ont des ancêtres allemands. Les Juifs, arrivés en masse à partir de 1880, y forment une communauté de plus de 5 millions de personnes.

Cette immigration continue a infléchi le profil démographique des États-Unis dans le sens d'une diversification ethnique croissante, où les Latinos sont appelés à consolider leur position de principale minorité : au rythme actuel, ils pourraient former 22 % de la population totale en 2050, alors que les Blancs n'en représenteraient plus que 52 %. Les Afro-Américains regrouperaient 14 % de cette population et les Asiatiques passeraient de 3 à 10 %.

Les pôles d'attraction urbains

D'ores et déjà, dans vingt-cinq régions métropolitaines sur 271, un quart au moins de la population est d'origine latino-américaine ou asiatique et moins de 60 % de la population est anglo-saxonne. Los Angeles héberge à elle seule un cinquième de la population hispanophone des États-Unis ; Miami attire particulièrement les groupes originaires des Caraïbes, et Chicago, les Mexicains. Les trois agglomérations de Los Angeles, de New York et de San Francisco abritent plus de 40 % de toute la population asiatique des États-Unis. Les Chinois forment un important contingent d'immigrants à New York, tandis que les Philippins choisissent de préférence Los Angeles.

Le legs de l'immigration

Le cas de la France

La nation en question

Surtout à partir des années 1980, l'immigration est devenue un enjeu qui a infiltré le discours politique en y développant les thèmes racistes et xénophobes. L'immigration est pourtant un facteur de dynamisme et de progrès. Ce constat est valable pour la France, où 15 % des habitants sont immigrés ou d'ascendance étrangère. Sans les vagues successives d'immigration depuis un siècle, l'Hexagone ne serait peuplé aujourd'hui que de 48 millions d'habitants environ. L'imaginaire collectif tend cependant à se faire une représentation stéréotypée et négative de l'immigration, aggravée par le « mal des banlieues ». En France, celle-ci a contribué à remettre au goût du jour la question de la nation et donc à redéfinir ce qui justifie la volonté de la communauté de « vivre ensemble ». De fait, les populations issues de l'immigration ont été interpellées sur leur sentiment et leur désir d'appartenance à la nation.

L'égalité à la française

En matière politique, l'immigration fait évoluer l'État de droit par le fait même de la lutte à mener pour la reconnaissance des droits sociaux des travailleurs immigrés ou des minorités. Elle soulève des questions nouvelles en révélant la fragilité de valeurs que l'on considérait comme intangibles : comment donner un contenu concret à l'égalité si un individu qui a la citoyenneté française est l'objet d'une discrimination à l'embauche ou au logement en raison de la couleur de sa peau ou de la consonance de son nom ? La citoyenneté républicaine induit par ailleurs l'égalité des sexes et la laïcité garantit à chacun le respect de sa foi, de sa culture, de son identité personnelle ; dans l'espace public, la laïcité, prohibant les signes dits « ostensibles » de l'appartenance religieuse, offre en principe une protection contre l'intolérance.

Le cas des États-Unis

Les brassages culturels

Le flux régulier d'individus qui se sont installés aux États-Unis a transformé la société du pays, qui a dû intégrer de nouveaux héritages culturels. Ainsi, beaucoup d'Afro-Américains célèbrent à la fois Noël et Kwanzaa, festivité inspirée de rituels africains. Les Hispano-Américains commémorent leurs traditions par des kermesses et d'autres festivités le jour du Cinco de Mayo (le 5 mai). Les quartiers ethniques, et leurs restaurants, marquent le paysage de nombreuses villes des États-Unis. La connaissance de la langue du pays d'accueil et son emploi quotidien constituent un élément structurant de l'autonomie de l'immigré dans son nouvel environnement social et un facteur déterminant de son intégration, mais également d'acculturation. En règle générale, la langue adoptée supplante en une ou deux générations celle du pays d'origine de la famille de l'immigré, surtout dans le cadre d'une union mixte. La multitude de langues introduites aux États-Unis par les immigrants a imposé des charges supplémentaires à certains systèmes scolaires, mais cela a aussi permis une meilleure connaissance des cultures extra-occidentales. Langue, religion, modes d'alimentation et fêtes sont les bases de l'identité culturelle des immigrés.

L'égalité à l'américaine

Aux États-Unis, les nouveaux arrivés de 18 ans et plus peuvent acquérir la citoyenneté américaine s'ils sont résidents légaux depuis au moins cinq ans, s'ils parlent, lisent et écrivent l'anglais, s'ils possèdent une certaine connaissance de l'histoire et des institutions américaines, et s'ils n'ont pas une conduite répréhensible. Le choix de devenir citoyen des États-Unis constitue l'un des signes d'assimilation les plus explicites qu'un immigrant puisse donner.

Pourtant, les inégalités sont longues à s'atténuer. Les immigrants récents sont deux fois plus susceptibles d'être pauvres (23 %) que les immigrants de plus longue date (11 %) et que les Américains de naissance (10 %), et seuls 17 % des immigrants arrivés après 1980 et en âge de travailler occupent des postes de direction ou exercent des professions libérales.

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