banlieue

Ensemble des localités administrativement autonomes qui environnent un centre urbain et participent à son existence.

GÉOGRAPHIE

La banlieue est un espace urbanisé situé à la périphérie d'une ville centre et dépendant de celle-ci pour les emplois, les services (notamment les commerces) et les transports. Selon les pays, la banlieue représente des portions plus ou moins importantes de l'espace national et regroupe un pourcentage très variable de la population totale. Aux États-Unis, la moitié de la population totale réside dans les suburbs ; dans les pays en développement, des zones d'habitat spontané (dont des bidonvilles) s'étendent de plus en plus en périphérie des grandes métropoles. En France, en raison du découpage communal, plus du tiers de la population totale réside dans des communes situées autour des grandes villes (en Île-de-France, cette part atteint 75 %). Les relations entre la ville et sa banlieue s'expriment par des échanges économiques liés généralement à des mouvements migratoires quotidiens de population. Une grande partie de la banlieue est constituée de zones résidentielles, avec selon les cas un habitat pavillonnaire ou collectif de qualité variable (grands ensembles). Certaines communes peuvent devenir des cités-dortoirs. La densité de population est cependant toujours plus faible que dans la ville centre. Aujourd'hui, les activités tertiaires (technopôles, centres de services et de recherche, voire de sièges sociaux) sont de plus en plus présentes dans la banlieue. En France, la politique de la ville et le mouvement actuel de regroupements de communes, en communauté d'agglomération pour les grandes villes, marquent le début d'une nouvelle approche et de nouveaux rapports au sein des espaces urbanisés autour d'une ville centre. Par glissement de sens, le terme de « banlieues » (au pluriel) désigne aujourd'hui une partie de la banlieue qui concentre des problèmes économiques (chômage de masse), culturels (présence d'une forte proportion d'immigrés ou d'enfants d'immigrés) et sociaux (nombreux îlots de pauvreté). Compte tenu de l'évolution de l'usage du mot banlieue, il semble préférable d'utiliser le terme de « suburbain » pour désigner la périphérie contiguë à la ville centre et celui de « périurbain » pour les espaces urbanisés plus éloignés.

SOCIOLOGIE

En France, la fonction résidentielle de la banlieue procède, pour une majorité de personnes, plus d'une nécessité que d'un choix. Le choix de la banlieue dite « résidentielle », avec la connotation valorisante pour le cadre de vie qui est alors attachée à ce mot, est réservé aux familles aisées.

En revanche, la banlieue est une nécessité pour les familles qui soit ont été chassées du centre-ville de l'agglomération par le coût de l'immobilier, soit sont issues de l'exode rural ou de l'immigration et disposent de revenus insuffisants pour vivre dans le centre-ville. C'est au sein de cette masse d'habitants, répartis dans environ 700 « ghettos urbains » à la périphérie des grandes agglomérations, qu'est né le « mal des banlieues » aux facteurs multiples : économiques, sociologiques et politiques.

Les facteurs économiques tiennent à la précarité que ressentent les familles frappées par le chômage, et qui sont parfois menacées d'expulsion. La conséquence en est la prolifération des petits métiers ou plus gravement des trafics en tout genre, ainsi que le nombre élevé d'enfants en échec scolaire (malgré la politique des Z.E.P.) : tous les ans, plus de 160 000 d'entre eux sortent du système scolaire sans formation, et sept jeunes sur dix issus de l'immigration sont exclus du marché du travail.

Les facteurs sociologiques résultent des précédents. Ils se mesurent à la concentration dans les banlieues dites « difficiles » de populations qui sont autant de ferments d'insécurité (culminant dans les zones de non-droit), de repli identitaire, éventuellement de racisme en acte, et de dissolution du lien parental et familial.

Les facteurs politiques sont flagrants. L'urbanisme qui a délaissé le « pavillon de banlieue » au profit d'un habitat locatif en cité est devenu la source de multiples nuisances. Le sous-équipement en locaux à usage collectif ne saurait partout être compensé par l'action d'associations cependant nombreuses.

Dans ces conditions, les familles qui le peuvent quittent la banlieue – notamment les retraités qui ont une région d'origine –, en rompant cette fois le lien social.

Le mal des banlieues a pour corollaire la montée des actes de violence, en principe épars, prenant pour cibles tant les personnes que les biens privés et publics. Les émeutes urbaines de l'automne 2005 leur ont donné un caractère massif non seulement en région parisienne, où celles-ci sont apparues, mais sur l'ensemble du territoire français.