Genji monogatari
(Dit du Genji)
Chef-d'œuvre du roman classique japonais, de Murasaki Shikibu, dame de la cour de Heian (xie s.).
Le Dit du Genji, monument de la littérature japonaise (54 livres), est une fresque romanesque de la société courtoise de l'époque de Fujiwara. Les livres 1 à 44 sont consacrés au prince Genji, les livres suivants au prince Kaoru, fils présumé de Genji. L'histoire est un entrelacs d'intrigues amoureuses et politiques.
Fils de dame Kiritsubo, la favorite de l'empereur, le prince Genji épouse la fille d'un des grands ministres, dame Aoi. Il tombe alors amoureux de Fujitsubo, la favorite de son père. Il cherche à l'oublier. Suit alors la description des épisodes d'une vie mouvementée. À l'amour succède la lassitude ; à l'exil, le retour en grâce ; au mariage, la mort de l'épouse ou sa disgrâce ; à la disgrâce ou à la lassitude, l'entrée en religion. Kaoru, fils (officiellement) de Genji, trompé par sa dernière épouse, est très différent de Genji. Dévot, il mène une vie amoureuse assez calme, mais n'a pas de chance avec ses épouses successives.
Peinture minutieuse de la vie à la cour, le Dit du Genji évoque avec finesse et précision la société du temps, à la fois esthète et désabusée, prônant la sensibilité comme vertu suprême, signe d'une âme noble. L'action du roman se déroule sur une cinquantaine d'année ; son rythme est donné par les changements des saisons. L'intérêt de ce roman-fleuve ne réside pas tant dans la succession des anecdotes que dans la finesse de l'étude psychologique des caractères. À travers une peinture subtile des quelque trois cents personnages, Murasaki fait revivre la vie de cour, faite d'intrigues tantôt futiles, tantôt cruelles. Elle ne néglige aucun détail, physique, moral ou social. Les portraits sont brossés avec précision ; les femmes surtout sont étudiées avec une extrême minutie. Murasaki a un sentiment très délicat de la nature qui se ressent dans toutes ses descriptions, elle a un style fluide, et tout en employant la langue élégante et recherchée de son époque, ne tombe jamais dans la préciosité.