Troie

Le sac de Troie
Le sac de Troie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Ville d'Asie Mineure, capitale de la Troade, située sur l'Hellespont entre les fleuves Simoïs et Scamandre, à quelques kilomètres de la mer Égée.

L'acropole de Troie est Pergame. Ses enceintes sont élevées par Poséidon et Apollon, avec le concours d'Éaque. Mais le destin veut que quand éclatera la guerre (en 1184-1183 av. J.-C., d'après Ératosthène repris par Apollodore, ce rempart ne résiste pas : sitôt après sa construction, trois serpents s'élancent vers la tour ; deux meurent immédiatement ; le troisième poursuit son chemin en émettant des sifflements aigus. Apollon, qui a assisté à la scène, comprend qu'Ilion est destinée à tomber.

Les deux divinités, après la chute de la citadelle, se rappelant sans doute la permission de Zeus, se vengent sur les camps des Grecs : Poséidon noie les champs Phrygiens sous les eaux du Pont-Euxin et de l'Hellespont ; Apollon détourne les fleuves vers la plaine. Amphitrite vient leur prêter main-forte. Pour parachever cette destruction, Poséidon provoque un séisme dans toute la Dardanie. Quand la terre s'est calmée, que les eaux se sont retirées, il ne reste, du camp des Grecs, que des tas de sable.

Selon la tradition, le premier roi de la Troade est Teucer. Sa fille Battéa épouse Dardanos ; le couple a deux enfants, Ilos et Érichthonios. Le fils d'Érichthonios, Tros, donne son nom à la citadelle. Ilos, le fils de Tros, qui reprend le nom de son parent, fonde la ville ; celle-ci s'appellera indifféremment Troie ou Ilion, par référence à l'un ou l'autre personnage.

La guerre

Ilos a pour fils Laomédon, père de Priam qui sera le dernier souverain de Troie, et sous le règne duquel se déroule l'affrontement entre Grecs et Troyens, orchestré par les dieux, conté entre autres dans l'Iliade et dans la Suite de l'Iliade de Quintus de Smyrne.

Offensés par le rapt d'Hélène, qui est l'épouse de Ménélas, roi de Sparte, les Grecs font le siège de la citadelle de Troie afin d'obtenir la restitution de la jeune femme. Durant dix longues années (plus quatre ou dix consacrées aux préparatifs), nul compromis n'est possible, et nombreuses sont les victimes dans l'un et l'autre camp ; environ les quatre cinquièmes des soldats ont péri suivant la volonté des dieux. C'est une guerre plus terrible encore que celle qu'ont menée les dieux contre les Géants. (Pour l'anecdote, signalons qu'en quelques jours et avec une poignée d'hommes, Héraclès met à sac la ville, alors sous le commandement du roi Laomédon.)

Mais le rapt d'Hélène a lui-même une origine. Lors du saccage de la première Troie, alors gouvernée par Laomédon, Héraclès enlève la princesse Hésioné et la donne à son ami Télamon. Priam, l'un des fils de Laomédon, devient le roi de la deuxième Troie qu'il fait lui-même construire. Puis il exige qu'Hésioné, sa sœur, lui soit rendue. Devant le refus méprisant des principaux chefs grecs, il décide de monter une expédition punitive pour que la honte subie soit lavée. Hector, son fils, n'est guère enthousiaste à l'idée de combattre les Grecs dont il n'ignore pas la valeur guerrière ; Pâris, se rappelant son fameux jugement, estime que c'est son destin d'aller en Grèce, de raser tout sur son passage et d'en rapporter la plus belle femme ; il a l'assentiment de Déiphobe.

Hélénos, le devin, s'élève contre cette expédition, prédisant la ruine de Troie si on laisse partir Pâris ; mais quand Troïlos, le plus jeune des fils de Pnam s'est exprimé, s'étant moqué des paresseux devins et ayant loué le courage et la décision de Pâris, alors la question est entendue, et ce ne sont pas les paroles du vieux Panthoos, fils de Phorbas, ni celles de Cassandre, en écho à Hélénos, qui changent quoi que ce soit. Ainsi, l'enlèvement d'Hélène par Pâris est une réponse à l'enlèvement d'Hésioné par Héraclès.

C'est par la ruse d'une construction en bois, dite « Cheval de Troie », que les Grecs réussissent à pénétrer dans la cité, puis à l'incendier. Ilion ne doit pas se relever : parce que les dieux l'ont décidé. Et la chute est d'autant plus terrible que la citadelle, pleurée par ses deux fleuves, est renommée.

Héra, la plus acharnée, la plus heureuse sans doute de la chute de Troie, malgré tout consent à pardonner à ses ennemis d'hier.

Variantes : L'Origine du conflit

I. Apollon donne au conflit une raison démographique : la beauté d'Hélène n'a qu'une raison : mettre en guerre deux peuples afin qu'il y ait le plus de morts possible : la terre est trop peuplée.

II. Zeus provoque le conflit : il veut en effet que les demi-dieux ne puissent plus s'unir aux mortels dont la condition lui paraît trop misérable.

D'autres versions mentionnent qu'Hélène à Troie n'est qu'un fantôme, la véritable ayant été confiée par les dieux à Protée, roi d'Égypte.

Les historiens ont tenté de repérer ce site, cher à Zeus. En 1870, des fouilles sont entreprises par Heinrich Schliemann ; la ville d'Hissarlik, sur la rive asiatique des Dardanelles, est identifiée avec la citadelle de l'Iliade. Après la mort de l'archéologue allemand (1890), les fouilles sont reprises par Wilhelm Dörpfeld (1893-1894). C'est en 1932 qu'une expédition américaine découvre que la cité est passée par neuf niveaux successifs, chacun correspondant à une cité distincte et dont les différentes constructions s'étendent sur plusieurs millénaires, la plus ancienne remontant à 3 000 ans av. J.-C. Les Américains font de la VIIe ville (Troie VI B) le royaume de Priam. Ainsi la guerre de Troie correspondrait avec l'arrivée des Doriens en Grèce.

Voir aussi : Cheval de Troie

Le pardon d'Héra

Ilion, Ilion a été réduite en cendres par l'homme impur et fatal qui jugea les trois déesses et par une misérable étrangère ; du jour où Laomédon refusa aux dieux le salaire promis, elle était abandonnée à ma vengeance et à celle de la chaste Minerve, avec son roi et son peuple menteurs. Il n'a plus d'éclat, l'hôte trop connu de la Lacédémonienne adultère ; la maison parjure de Priam ne peut plus compter sur Hector pour briser les attaques des Grecs ; les divisions des dieux ont fait traîner en longueur la guerre aujourd'hui terminée. Aussi, renoncé-je à mon ressentiment ; en faveur de Mars, je pardonne à ce petit-fils que je détestais [...].

Mais j'y mets une condition : je ne veux pas que, par excès de piété et de confiance en leurs forces, ils s'avisent de relever les maisons de Troie, leur aïeule. Si, sur de mauvais présages, Troie renaissait, elle retrouverait le même sort, la même ruine ; et c'est moi, épouse et sœur de Jupiter, qui conduirais contre elle des troupes victorieuses. Si, trois fois, Phébus relevait le mur de bronze, trois fois il s'écroulerait, renversé par mes Argiens ; trois fois les femmes captives auraient à pleurer leurs maris et leurs enfants.

Horace

Le sac de Troie
Le sac de Troie