Sisyphe

Sisyphe poussant son rocher, d'après une amphore attique à figures rouges.
Sisyphe poussant son rocher, d'après une amphore attique à figures rouges.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fils d'Éole et d'Énarété, roi fondateur d'Éphyre (Corinthe).

Et je vis Sisyphe subissant de grandes douleurs et poussant un immense rocher avec ses deux mains. Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au faîte d'une montagne. Et quand il était près d'atteindre ce faîte, alors la force lui manquait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête.

Ingénieux, et même fourbe et menteur, Sisyphe sait rendre sa cité prospère. Il développe le commerce et la navigation, notamment par la construction de deux ports, l'un tourné vers l'Asie (importation), l'autre vers l'Europe (exportation). Il institue les jeux Isthmiques en l'honneur de Mélicerte. Sisyphe est le frère d'Athamas, de Créthée, de Déion, de Magnés, de Périérès et Salmonée ; il a cinq sœurs : Alcyoné, Calycé, Canacé, Périmède et Pisidicé.

Voir aussi : Salmonée, Variante

Il épouse la Pléiade Mérope, qui le rend père de Glaucos père lui-même de Bellérophon. Mais une autre version fait de lui l'époux d'Anticlée, la fille d'Autolycos, et donc le (véritable) père d'Ulysse. Fils d'Hermès, Autolycos est un voleur très habile et un parfait menteur. Un jour il dérobe une partie du bétail de Sisyphe ; mais ce dernier a pris soin de marquer les sabots de ses bêtes, aussi n'a-t-il aucun mal à les identifier. Ébloui par tant de prévoyance, le plus astucieux des voleurs devient l'ami de Sisyphe ; il lui offre les faveurs de sa fille Anticlée, pourtant déjà fiancée à Laërte. On dit aussi que Sisyphe, pour se venger d'Autolycos, viole Anticlée qui ensuite épouse Laërte.

Le châtiment

Mais Sisyphe est resté célèbre surtout par le châtiment que lui inflige Zeus : condamné à rouler éternellement un rocher au sommet d'une montagne :

Pourquoi une telle punition ? Il semble que Zeus ait été agacé de ses agissements. Ainsi, ayant découvert la liaison entre le maître de l'Olympe et Égine, Sisyphe s'en va monnayer l'information auprès du père, le fleuve Asopos. En échange de sa révélation, il reçoit une fontaine pour sa citadelle (Acrocorinthe).

Voir aussi : Acrocorinthe

Zeus dépêche Thanatos (la Mort) auprès du délateur. Peine perdue : Sisyphe réussit à neutraliser Thanatos ; il le maintient enchaîné dans son palais, si bien que plus personne ne meurt plus. Arès délivre Thanatos et, par la même occasion, mène Sisyphe directement aux Enfers. Mais le roi de Corinthe a plus d'un tour dans son sac ; ainsi, il a précisé à Mérope que, s'il descend, aux Enfers, elle ne devra pas lui accorder de sépulture. Jouant l'indignation absolue, Sisyphe prie Hadès et Perséphone de le laisser remonter, juste le temps de dire deux mots à sa femme pour sa négligence. Une fois sur terre, Sisyphe se garde bien de tenir sa parole, et il continue à vivre comme s'il ne s'était rien passé... jusqu'au jour où, finalement, ne pouvant fuir éternellement son destin, il est ramené aux Enfers par Hermès. Un châtiment sans cesse recommencé lui est imposé, parce que Zeus ne veut pas lui laisser le temps de penser... à s'évader.

Symbole de l'absurdité de la condition humaine, le châtiment de Sisyphe l'était déjà pour Lucrèce : « Le vrai Sisyphe est aussi devant nos yeux : il s'obstine à demander au peuple les haches et les faisceaux, et toujours se retire avec des refus et la tristesse dans le cœur. S'épuiser en travaux continuels pour un honneur qui n'est rien et qu'on ne peut obtenir, voilà ce que j'appelle pousser avec effort vers la cime d'un mont un rocher qui retombe aussitôt et roule précipitamment dans la plaine. »

Sisyphe poussant son rocher, d'après une amphore attique à figures rouges.
Sisyphe poussant son rocher, d'après une amphore attique à figures rouges.