Sémiramis

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Princesse assyrienne qui aurait vécu en des temps très reculés, selon des auteurs grecs.

Sémiramis naît de l'union de la déesse syrienne Dercéto et d'un jeune mortel. Abandonné à sa naissance par sa mère qui se reproche d'avoir cédé à un humain, le bébé est élevé et nourri par des colombes, jusqu'au jour où Simmas, berger du roi Ninus, le recueille. Il l'appelle Sémiramis. Quand Sémiramis est en âge d'être mariée, elle surpasse en beauté toutes ses compagnes.

Voir aussi : Dercéto

Le roi Ninus envoie un jour l'un de ses favoris, Onnès, chef de son conseil et gouverneur de la Syrie, visiter ses troupeaux. Quand Onnès arrive chez Simmas, il tombe immédiatement amoureux de Sémiramis. Le mariage ne tarde pas, et deux enfants naissent bientôt : Hyapatès et Hydapsès.

Lors d'une expédition guerrière contre la Bactriane, Sémiramis, qui a suivi son mari, fait montre d'un courage et d'un sens stratégique extraordinaires, qui permettent au roi Ninus de s'emparer de la cité de Bactres, réputée inexpugnable. Aussi le souverain veut-il à son tour faire de Sémiramis sa femme. Il propose à Onnès de lui donner sa fille en échange, ajoutant que s'il ne cède pas, il lui fera crever les yeux. Perturbé par son amour et la crainte, Onnès tombe dans le désespoir et se pend.

Les entreprises de la reine

Sémiramis épouse Ninus ; le couple a un enfant nommé Ninyas. Après la mort de son époux, qu'elle tue peut-être, Sémiramis règne seule sur son empire. Née pour accomplir de grandes choses, et désirant porter sa gloire au-delà de celle de son époux, Sémiramis conçoit le dessein de bâtir une grande ville dans la Babylonie. Elle fait venir des architectes et des ouvriers de tous les endroits de son royaume (près de deux millions d'hommes) et réunir tous les matériaux nécessaires à son projet. Ainsi s'élève la cité de Babylone ; sur les solides remparts de briques qui entourent la cité, deux chars peuvent largement se croiser. Puis elle entreprend d'importants travaux d'aménagements : des routes et des digues, des aqueducs, des escaliers taillés dans la montagne, des chaussées, des ponts, etc., et, peut-être, le célèbre jardin suspendu.

Sémiramis fonde également Ectabane en Médie, et Tarse en Cilicie. Elle conquiert l'Égypte et l'Éthiopie.

Elle refuse toujours le mariage, de peur que son mari ou ses enfants ne la dépossède de son empire. Elle choisit les plus beaux hommes de son armée, couche avec eux, les tue ensuite.

L'Asie produisant de l'or, de l'argent, du fer, du cuivre et toutes sortes de pierreries en grande quantité, Sémiramis déclare la guerre à son roi, Stratobatès. Après un premier succès, elle finit par être vaincue. Quelque temps plus tard, elle apprend que son enfant Ninyas cherche à monter sur le trône. Plutôt que de s'opposer à son fils, elle lui remet le pouvoir, après avoir régné pendant quarante-deux ans. À sa mort, à soixante-deux ans, elle est changée en colombe, et monte au Ciel. Hérodote la fait régner cinq générations. On dit qu'elle s'immole par le feu après avoir perdu son cheval.

Sémiramis a pu être identifiée à Sammouramat, épouse du roi d'Assyrie Shamshi-Adad V (825-810 av. J.-C.). Par ailleurs, il semble que Sémiramis et Dercéto ne fassent qu'une avec la déesse syrienne Atargatis (dont le culte se répand en Grèce à partir de l'époque hellénistique) ou avec la Phénicienne Astarté, toutes deux d'ailleurs très proches l'une de l'autre, et de l'antique déesse Anat, et assimilées à Aphrodite Céleste.

On assimile également Atargatis à Héra, à la Cause et à la Nature.

Variantes

I. Après la mort de son époux Ninus, n'osant confier le pouvoir à son fils trop jeune, ni se déclarer ouvertement la reine de tant de nations puissantes, trop peu disposées à accepter l'autorité d'une femme, Sémiramis se fait passer pour son fils : elle couvre son corps de longs voiles, cache sa tête sous une tiare et, pour que la nouveauté de son costume n'éveille aucun soupçon, elle fait en sorte que son peuple l'adopte. Grâce à ce déguisement, Sémiramis règne sous le nom de son fils, Ninyas. Elle se signale ensuite par des actions d'éclat, qui ne font que renforcer l'admiration de son peuple quand, le moment venu, elle lui révèle sa véritable nature. Égarée par une passion incestueuse, elle périt de la main de son enfant, après avoir régné quarante-deux années.

II. Une autre légende a été rapportée par Élien, mais aussi par Diodore et Plutarque : les historiens, dit Élien, ont parlé diversement de Sémiramis, mais tous s'accordent à dire qu'on ne vit jamais une plus belle femme, quoiqu'elle néglige extrêmement sa figure. Le roi d'Assyrie qui l'a appelée à la cour sur la réputation de sa beauté, devient aussitôt amoureux d'elle. Sémiramis l'ayant prié de lui donner la robe royale pour gage des sentiments qu'il lui montre, et de trouver bon qu'elle règne sur l'Asie seulement cinq jours, durant lesquels il ne se fera rien que par ses ordres, elle obtient ce qu'elle demande ; le roi lui-même la place sur le trône. Alors Sémiramis, se voyant revêtue du pouvoir souverain, et assurée que tout dépend de sa volonté, ordonne aux gardes de tuer le roi. C'est ainsi que Sémiramis se rend maîtresse de l'Assyrie.

Le jardin suspendu

Ce jardin, immense carré de quatre plèthres de côté, se compose de plusieurs étages de terrasses supportées par des arcades dont les voûtes retombent sur des piliers de forme cubique. Ces piliers sont creux et remplis de terre, ce qui a permis d'y faire venir les plus grands arbres. Piliers, arcades et voûtes ont été construits rien qu'avec des briques cuites au feu et de l'asphalte. On arrive à la terrasse supérieure par les degrés d'un immense escalier, le long desquels ont été disposées des limaces ou vis hydrauliques, destinées à faire monter l'eau de l'Euphrate dans le jardin, et qui fonctionnent sans interruption par l'effort d'hommes commis à ce soin. L'Euphrate coupe en effet la ville par le milieu. Sa largeur est d'un stade et le jardin suspendu le borde.

Strabon