Mnestra
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Insaisissable bru de Sisyphe.
Sisyphe, désireux de marier son fils Glaucos, demande à Érysichthon la main de sa fille Mnestra. Pour mieux séduire le futur beau-père, Sisyphe n'hésite pas à lui proposer, en échange, des troupeaux entiers de bœufs, de chèvres et de brebis. Ce genre de dot ne peut pas mieux tomber : Érysichthon, puni pour avoir offensé Déméter, est dévoré par une faim insatiable, que rien ne peut apaiser. Il mange à longueur de journée.
Voir aussi : Érysichthon
Sisyphe emmène donc Mnestra et l'installe dans la maison de Glaucos. Or la jeune femme, qui aime son père et qui sait très bien qu'il manquera sous peu de nourriture, met à profit l'un de ses dons, celui de prendre l'apparence qu'elle veut. Ainsi, elle n'a aucun mal à quitter la demeure de Glaucos sans être reconnue. Mnestra retourne auprès de son père, disposée à se vendre à nouveau contre de la nourriture. Sisyphe, ayant soupçonné la tromperie, du moins en partie, la rachète malgré tout et, afin qu'elle ne se sauve pas, il conseille à son fils de l'enchaîner. Mais les chaînes ne sont d'aucune entrave : Mnestra, devenue plus petite que les anneaux et les maillons, se libère en un rien de temps et la voilà bientôt, jeune fille, auprès de son père. Sisyphe fonce chez Érysichthon et exige soit de prendre possession une bonne fois pour toutes de Mnestra, soit de récupérer son bien. Une querelle s'élève alors entre les deux hommes, que nul mortel ne paraît en mesure de dénouer. On fait donc appel au jugement d'Athéna. La déesse répond en substance que « quand quelqu'un veut reprendre une chose, en échange du prix déjà payé, il est nécessaire d'établir le prix de rachat ; un simple échange n'est pas possible, une fois que la chose a été cédée ». Comprenne qui pourra. Par ailleurs, Sisyphe ignore les desseins de Zeus, qui veulent que Glaucos n'ait aucune descendance de Mnestra. Là-dessus Poséidon intervient, qui est tombé amoureux de Mnestra. Il l'emporte loin de son père, à Cos, et fait d'elle sa maîtresse. Elle lui donne un fils, Eurypylos. (Des vers manquants chez Hésiode expliquent le décousu de la fin de l'histoire).
Variante
Que Mnestra puisse se métamorphoser à loisir, qu'une jeune fille se change tantôt en oiseau, tantôt en chien, est un conte qui prête à rire. Érysichthon est un Thessalien qui, pour avoir été un peu trop prodigue, court à la ruine. Il a une fille, prénommée Mnestra, belle et dans la fleur de l'âge. Quiconque la voit tombe aussitôt amoureux d'elle. Ses prétendants offrent à son père non de l'argent, mais qui un cheval, qui un bœuf, qui une brebis, ou tout autre chose désirée par la jeune fille. Aussi les Thessaliens, devant le patrimoine recomposé d'Érysichthon, disent-ils : « De Mnestra il a eu un cheval, un bœuf et tout le reste. » Ainsi est né le mythe.
