Métaponte
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Colonie achéenne de Lucanie.
Métaponte aurait été fondée à vingt-six kilomètres environ du port d'Héraclée dans la région du golfe de Tarente, par les Pyliens, au retour de Troie, sous le commandement de Nestor. La terre donne tant de récoltes que les habitants offrent à Delphes l'équivalent d'une moisson en or. Les Métapontins sont fiers de leur temple d'Athéna, qui renferme les instruments dont Épéios, le fondateur de la ville, s'est servi pour construire le Cheval de bois. À l'origine, les Métapontins, ligués avec ceux de Sybaris et de Crotone, veulent chasser de l'Italie les autres Grecs. Ils prennent d'abord d'assaut la ville de Siris et égorgent au pied des autels cinquante jeunes gens qui embrassent la statue d'Athéna, et le prêtre de la déesse, revêtu des ornements sacrés. Punis de ce sacrilège par la peste et les guerres civiles, les habitants de Crotone viennent les premiers consulter l'oracle de Delphes. On leur répond que, pour mettre un terme à leurs maux, ils doivent apaiser la déesse outragée, mais aussi les mânes irrités de leurs victimes. Tandis qu'ils s'occupent de faire dresser aux jeunes gens, et surtout à Athéna, des statues grandeur nature, les Métapontins, instruits de la réponse des dieux, offrent à Athéna des gâteaux consacrés et, aux mânes des jeunes gens, de petites statues de pierre. Ainsi, l'empressement des uns et la munificence des autres mettent un terme à la peste qui afflige les deux peuples. Délivrés de ce fléau, les Crotoniates ne peuvent longtemps rester en paix : voulant punir les Locriens d'avoir secouru contre eux Siris assiégée, ils leur déclarent la guerre. Les Locriens, épouvantés, font alors appel à Sparte pour les assister. Cette ville, craignant une guerre si lointaine, leur conseille d'invoquer l'appui de Castor et de Pollux. Les Locriens suivent l'avis des Spartiates, envoient une délégation au temple le plus proche, y offrent un sacrifice et implorent la protection des dieux. Ayant immolé les victimes, et jugeant leurs vœux exaucés, ils préparent des coussins dans leurs vaisseaux, comme s'ils conduisaient avec eux les dieux mêmes ; et, partis sous d'heureux présages, ils rapportent à leur patrie des consolations au lieu de secours.
À cette nouvelle, les Crotoniates envoient à leur tour des députés pour demander à l'oracle de Delphes des victoires et des conquêtes. On leur répond qu'avant de vaincre leurs ennemis par les armes, il faut en triompher par des vœux. Ils promettent à Apollon la dixième partie des dépouilles ; mais les Locriens, instruits et du vœu de l'ennemi et de la réponse de l'oracle, s'engagent à donner le neuvième et tiennent cette promesse secrète, de peur que leurs offres ne soient surpassées. La bataille s'engage : l'armée de Crotone compte cent vingt mille soldats et les Locriens, songeant à leur petit nombre (ils n'ont que quinze mille soldats), renoncent à l'espoir de vaincre, ne songent plus qu'à mourir : le désespoir les enflamme, et périr en se vengeant est à leurs yeux un assez beau triomphe. Mais en cherchant une mort glorieuse, ils trouvent la victoire ; c'est au seul désespoir qu'ils doivent leur succès. Tant que dure la bataille, on voit un aigle planer sur les rangs des Locriens et voltiger autour d'eux, jusqu'à ce qu'ils soient vainqueurs. On voit aussi combattre aux ailes de leur armée, montés sur des chevaux blancs, deux jeunes guerriers d'une taille remarquable, distingués du reste des combattants par leur armure et leurs cottes d'armes écarlates ; ils disparaissent après la bataille. Ce qui ajoute au prodige, c'est le rapide vol de la renommée : Corinthe, Athènes, Lacédémone sont instruites de la victoire le jour même où l'on combat en Italie.
Dans cette ville est localisée la légende de Métaponte, de Mélanippe et de son fils Béotos. Antiochos pense que la ville de Métaponte s'appelait primitivement Métabon, et que son nom s'est modifié par la suite ; que Mélanippe n'a pas été menée à Métabos, mais à Dios. La première hypothèse serait confirmée par la présence d'un sanctuaire au héros Métabos, la seconde par le témoignage du poète Asios quand, à propos de Béotos, il déclare : « De la belle Mélanippe il naquit dans le palais de Dios », comme si justement Mélanippe avait été conduite non chez Métabos mais chez Dios.
Mais, selon Éphore, Métaponte a été fondée par Daulios, tyran de Crisa, près de Delphes. Enfin, il existe une légende selon laquelle l'homme, envoyé par les Achéens pour diriger l'œuvre de colonisation entreprise avec les Sybarites, serait un certain Leucippos : s'étant fait tout d'abord prêter l'endroit pour un jour et une nuit, il aurait ensuite refusé de quitter le lieu : le jour il répond qu'il a le droit d'y demeurer la nuit suivante ; la nuit, il répond qu'il a le droit d'y demeurer le jour suivant.
Voir aussi : Mélanippe
