Haruspice
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Interprète de la volonté divine par inspection des entrailles d'animaux.
D'origine étrusque mais intégré à la religion romaine, l'haruspice exerce la divination d'après la conformation du foie, du cœur et des poumons, notamment leur emplacement, leur forme, leur couleur. Le foie est considéré par les Anciens comme le siège de la vie ; son organisation correspond au cosmos divin. L'haruspice l'examine en se référant à un modèle analogue au foie de bronze de Plaisance, représentation d'un foie sain, où sont reproduites toutes les régions célestes. En cas de malformation décelée, l'haruspice se reporte à l'« original » et sait ainsi quel dieu se manifeste.
L'individu comme l'État peuvent faire appel à ses services. Claude (10-54 apr. J.-C.) institue un ordre des haruspices (soixante membres au total), ce qui montre bien quelle confiance on leur accorde sous l'Empire. Mais, en cas de tromperie, le châtiment que l'haruspice encourt semble proportionnel à ce respect dont il jouit.
En 395 av. J.-C., Camille, prêt à prendre d'assaut Véies, la capitale des Étrusques, démontre par son comportement combien les plus grands généraux romains peuvent être puérils. Le niveau d'un lac dans le bois d'Albe monte de façon inhabituelle et inexplicable. Pour obtenir un éclaircissement sur le phénomène, des ambassadeurs sont envoyés à Delphes ; l'oracle répond qu'il faut évacuer l'eau en la répandant dans la campagne environnante, opération nécessaire si Rome veut que Véies capitule. Pendant leur absence, un haruspice véien, prisonnier des Romains, déclare que Véies capitulera si les eaux du lac sont détournées vers la plaine selon les rites qu'il expose. Fort de ces deux prédictions, Camille met aussitôt ses hommes à l'ouvrage ; il fait ensuite creuser une galerie souterraine qui aboutit dans la ville étrusque. Comme celle-ci est attaquée de l'intérieur, les Romains entendent un haruspice étrusque déclarer que tout n'est pas perdu, que la victoire reviendra à qui s'emparera des entrailles de la génisse dont le sacrifice est en train de se faire. Camille ordonne alors à ses hommes de se saisir des entrailles de l'animal.
Selon la légende, c'est Tagès, né d'un sillon, qui révèle l'haruspicina disciplina.
Voir aussi : Augures, Étrusques
De la perfidie des haruspices
À Rome, une statue d'Horatius Coclès, si célèbre par son courage, élevée dans la place des comices, fut frappée de la foudre. Des haruspices, appelés d'Étrurie pour expier par des sacrifices cette marque de la colère du ciel, résolurent d'avoir recours à des rites et à des cérémonies contraires aux vœux du peuple romain dont ils étaient les ennemis. Ils conseillèrent donc malicieusement de placer la statue dans un endroit plus bas, environné d'une enceinte de maisons qui interceptaient de toutes parts la lumière du soleil. Leur perfidie ayant été découverte, ces misérables furent dénoncés au peuple, et après l'aveu de leur crime, ils furent mis à mort. On résolut très sagement de replacer cette statue dans un lieu découvert ; et elle fut mise dans l'endroit le plus élevé du temple de Vulcain ; ce qui contribua, comme on s'en aperçut quelque temps après, au bien et à la prospérité de la république. Pour perpétuer le souvenir de la perfidie des haruspices étruriens et du supplice qui la vengea, on fit ce vers ingénieux que, dit-on, toute la jeunesse romaine répétait par toute la ville : « Un mauvais conseil est la perte de celui qui le donne. »
Aulu-Gelle
