Faim

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Divinité allégorique romaine, fille de la Nuit, demeurant soit à l'entrée de l'Averne soit sur les rives du Cocyte.

Ovide place Faim au milieu d'un champ de pierres, arrachant avec ses ongles et ses dents les herbes rares. Il la décrit comme un être à la chevelure hirsute, aux yeux caves, au visage blême, aux lèvres blanchâtres et flétries, à la voix rauque et d'une maigreur extrême. Déméter, qui ne peut rencontrer Faim, lui envoie une oréade en ambassade : la déesse réclame son aide contre Érysichthon, auteur d'un sacrilège à son égard.

Voir aussi : Érysichthon, envie

Une oréade en ambassade auprès de Faim

« Sur les confins de la Scythie glacée est un affreux désert, sans fruit et sans verdure. Là le Froid languissant, la Pâleur et la Fièvre tremblante, habitent avec la Faim aux entrailles à jeun. Va trouver l'horrible déesse, ordonne, et dans le sein de l'impie qu'elle aille se cacher. Que ni l'Abondance, ni tous mes dons ne puissent la vaincre : qu'elle triomphe de moi-même ! Ce long et difficile voyage ne doit pas t'effrayer : prends mon char, mes dragons, et vole avec eux sur les vents ». L'oréade prend le char, les dragons, et s'élève dans les airs. Elle arrive dans la Scythie, s'arrête sur le sommet escarpé du mont Caucase, dételle les rapides serpents, cherche la Faim, et la voit arrachant péniblement, avec ses ongles, avec ses dents avides, quelques brins d'herbe rare, indigente, dans un champ hérissé de rochers. Ses cheveux se hérissent et couvrent son œil éteint ; la Pâleur siège sur son front ; ses lèvres sont livides ; ses dents aiguës, noircies par la rouille ; sa peau rude, au travers de laquelle on peut voir ses entrailles ; ses os arides et décharnés se soutiennent en squelette courbé ; pour ventre elle a la place que le ventre occupe. Sa poitrine se creuse, et sa gorge desséchée semble pendre à l'épine du dos. La maigreur a grossi ses articulations ; ses genoux pointus ont une jointure énorme, et ses talons s'enflent et s'allongent en dehors. D'aussi loin qu'elle la voit, et n'osant s'approcher d'elle, l'oréade lui transmet les ordres de Cérès. Elle s'arrête à peine, et cependant croit déjà sentir l'aiguillon de la Faim. Elle se hâte de remonter sur son char, tourne les rênes, et revole aux champs de Thessalie.

Ovide