Délos

Le site de Délos.
Le site de Délos.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Île de la mer Égée, très célèbre dans la mythologie classique, l'une des plus petites par la superficie (environ 15 km2).

Quand Poséidon fait surgir Délos des eaux d'un coup de trident, elle n'est qu'une terre flottante ; Zeus, ou Artémis, la fixe définitivement au centre de l'archipel des Cyclades, au moyen de quatre colonnes afin que Léto puisse accoucher tranquillement. Elle met au monde Apollon et Artémis. La naissance des jumeaux est compliquée par l'intervention d'Héra. Aucune terre ne veut accueillir leur mère enceinte. Finalement, Léto s'adresse à Délos, île dédaignée, et lui fait entrevoir les honneurs qui, malgré son sol si pauvre, l'attendent si elle accepte d'accueillir l'archer Apollon. Le contrat est honoré des deux côtés : en dépit des manœuvres hostiles d'Héra, Léto accouche et Délos devient le séjour favori d'Apollon, un lieu d'adoration.

Pourtant, Astéria n'encourt point de vengeance divine : elle a préféré la mer à Zeus, choix qui va droit au cœur d'Héra qui se sent (pour une fois) respectée. Car, avant la naissance des deux divinités, Délos se nommait Astéria, « l'île Étoile », toujours en mouvement, venue du haut du ciel afin d'échapper aux ardeurs de Zeus.

Voir aussi : Astérie

L'île apollinienne

On lui connaît également les noms de Lagia, Cynèthe et Pyrpile. Après les neuf jours d'obscurité, qui font suite au déluge, Délos est la première à être touchée par les rayons du soleil.

Les temples qui y sont érigés font de l'île un très important lieu de pèlerinage. Après la purification de Pisistrate, il est interdit d'y naître et d'y mourir, et toutes les tombes sont enlevées ; les moribonds sont transportés sur une île voisine, Rhénéia, elle-même consacrée quelque temps plus tard à Apollon Délien par Polycrate, le tyran de Samos. À partir du viiie siècle av. J.-C., on y célèbre des fêtes, on y organise des jeux (dêlia), institués, dit-on, par Thésée ; ces luttes gymniques, ces concours de musique attirent une foule venue des plus lointaines contrées. Régulièrement, une ambassade athénienne se rend dans l'île pour y célébrer Apollon. Le plus ancien témoignage du culte d'Apollon est fourni par un Hymne homérique, À Apollon, que l'on fait remonter au viiie ou au viie siècle av. J.-C. ; son sanctuaire date de la fin du vie siècle.

Voir aussi : Érysichthon (Variante 2)

Vers 600 av. J.-C., Délos passe sous le protectorat de Samos. L'architecte Théodoros (de Samos) vient y construire quelques monuments. À partir du viie siècle, les Naxiens, comprenant combien il est important d'entretenir des relations avec Apollon, dédient à Délos une statue colossale du dieu.

En 477 av. J.-C., par la ligue de Délos, les Athéniens exercent une profonde influence sur l'île, au point d'avoir le contrôle du sanctuaire, de son trésor (tribut conservé jusqu'en 454) et de l'organisation des fêtes Déliennes, instituées en 425, qui ont lieu tous les cinq ans.

De l'indépendance à la ruine

Délos acquiert son indépendance en 314 ; elle fête l'événement par l'érection d'un temple dorique périptère, avec six colonnes devant et treize sur les côtés. L'île connaît alors une période de prospérité, qui va durer trois siècles. Marché au blé (le premier de la Chersonèse et de la Numidie), elle devient la plaque tournante du commerce grec. Localement, l'enceinte sacrée d'Apollon et l'Artémision s'enrichissent d'édifices, notamment de portiques.

En 166 av. J.-C., après la victoire de Pydna, les Romains font de l'île un port franc et confient son administration aux Athéniens ; c'est là, pour Rome, une façon de montrer sa reconnaissance envers Athènes, mais aussi celle de sanctionner Rhodes pour sa bienveillance à l'égard de Persée, le dernier roi de Macédoine, vaincu : en quelques années seulement, le déclin de Rhodes est consommé. Les colons athéniens viennent alors s'établir à Délos, chassant par là même les habitants. Avec la venue d'autres colons (Italiens, Syriens, Égyptiens), de nouvelles constructions voient le jour. Parallèlement, la conquête des Romains, de la Syrie et de l'Asie Mineure, la destruction de Carthage, la mise à sac de Corinthe orientent le commerce de Délos vers... l'Orient. L'île devient un important marché d'esclaves. Cette prospérité connaît une fin brusque : en 88 av. J.-C., elle est saccagée par Mithridate et, en 69, des pirates finissent de la jeter dans l'oubli.

Variante

Les Éphésiens soutiennent qu'Artémis et Apollon ne sont pas nés à Délos, comme on le croit communément ; que c'est chez eux, sur les bords du Cenchrios, dans le bois d'Ortygie, que Léto a mis au monde ces deux divinités ; qu'on voit encore l'olivier contre lequel la déesse s'est appuyée dans son travail, et que le bois a été consacré par l'ordre des dieux ; qu'Apollon lui-même, après le meurtre des Cyclopes, y a trouvé un asile contre la colère de Zeus.

Les fêtes de Délos

C'est à Délos surtout, ô Phoibos, que ton cœur se délecte. Là pour toi se rassemblent les Ioniens aux longs chitons avec leurs enfants et leurs pudiques épouses ; et, dans leur reconnaissance, ils te charment, quand ils célèbrent des jeux, par le pugilat, la danse et le chant. Lors de ces grandes réunions des Ioniens, celui qui surviendrait parmi eux les prendrait pour des immortels, pour des êtres que la vieillesse ne peut atteindre ; il prendrait plaisir en son âme à voir leur grâce, à voir les hommes et les femmes à belles ceintures, et les vaisseaux rapides, et leurs richesses infinies, et, par-dessus tout, une grande merveille dont la gloire ne périra jamais : les jeunes filles de Délos servantes du dieu qui atteint au loin. D'abord, elles louent Apollon, puis elles se souviennent de Léto et d'Artémis, fière de ses flèches, et enfin elles chantent les hommes et les femmes d'autrefois, et elles remplissent de joie les tribus des mortels. Elles savent imiter le rythme et les accords de toutes les contrées. Chacun croit entendre des chants accoutumés, tant elles ont réussi à les ajuster à leur voix !

Hymnes homériques

Le site de Délos.
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