Ammon
(Variantes : Hammon)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Divinité égyptienne, adorée à Thèbes et en Grèce (fin du ive siècle av. J.-C.).
Ammon, assimilé à Zeus, est représenté sous la forme d'un corps humain à tête de bélier. Zeus, devant l'insistance d'Héraclès qui veut le voir, alors que lui ne veut pas se montrer, tue un bélier ; il lui coupe la tête et la tient devant lui quand il se montre à son fils. C'est la raison pour laquelle les Égyptiens représentent Zeus avec une tête de Bélier. À Thèbes, si cet animal reste honoré à cause de la légende, il en est sacrifié un par an, dont on pleure la mort ensuite, avant de lui donner une sépulture sacrée.
Dans les légendes libyennes, Dionysos est présenté comme le fils d'Ammon, dont il a fondé le culte et l'oracle. Par ailleurs, en Inde, alors qu'il cherche vainement de l'eau, un bélier surgit de nulle part dans le désert. Le dieu le suit et trouve une source. Dionysos demande alors à Zeus de placer cet animal parmi les constellations et, lui-même, à l'endroit de la fontaine, élève le temple de Zeus Ammon. L'oracle d'Ammon, en Libye, a été localisé dans l'oasis de Siwah.
Ammon et Alexandre le Grand
Alexandre décide un jour de se rendre au temple d'Ammon. Malgré leurs provisions, lui et ses hommes se trouvent bientôt mis à mal par la chaleur et les sables du désert. Au bout de quatre jours de marche, l'eau leur vient à manquer. Ils se désespèrent déjà quand, soudain, une abondante pluie d'orage se déverse sur eux. Ce ne peut être là que l'œuvre d'un dieu. Ils marchent encore, longtemps, si longtemps que l'étendue sablonneuse finit par les égarer. À ce moment des corbeaux se mettent à croasser, leur signalant du même coup le chemin de l'oasis de Siwah, où se trouve le sanctuaire. Les prêtres introduisent Alexandre à l'intérieur de l'édifice sacré. Le dieu le salue comme son fils et, en réponse à ses questions, il lui promet la souveraineté sur la Terre entière. On dit qu'Alexandre a corrompu les prêtres afin qu'ils donnent les réponses qu'il leur a dictées. Par ailleurs, Olympias, la mère d'Alexandre, soutenait avoir eu des relations avec un serpent peu avant d'être enceinte d'Alexandre. Ce reptile est identifié avec Ammon.
Variantes
I. Ammon a épousé Rhéa, la sœur de Cronos. Mais il a eu un enfant de la belle Amalthée. Pour protéger son fils de la vindicte de Rhéa, Ammon le mène dans la ville de Nysa, sur les rives du lac Triton. Il le cache dans une grotte et confie son éducation conjointement à Aristée et à sa fille Nysa. Cet enfant se révèle n'être pas n'importe qui : il s'agit de Dionysos. Et bientôt, par ses découvertes et ses inventions, il acquiert une telle gloire que son nom parvient aux oreilles de Rhéa. Mais, malgré ses efforts, elle ne peut nuire à l'enfant. Aussi quitte-t-elle Ammon et retourne-t-elle auprès des Titans. Elle épouse son frère, Cronos, puis elle exhorte son mari à faire la guerre à Ammon. Vaincu, ce dernier se réfugie sur l'île d'Idaia. Il épouse Crété, la fille d'un Curète. Il renomme ensuite l'île du nom de sa femme : Crète.
Voir aussi : Crète
II. Alors qu'elle fait la guerre en Afrique, l'armée de Dionysos souffre cruellement de la soif. Quelques soldats aperçoivent un bélier. Faute de mieux, ils se lancent à sa poursuite. Après une progression pénible dans les sables du désert, ils perdent de vue l'animal, mais trouvent un point d'eau. Prévenu, Dionysos établit son campement en cet endroit, où il fait par la suite construire un temple à Zeus Ammon ; le dieu y a sa statue ornée de cornes de bélier.
Ammon a été identifié au Soleil ; ses cornes représentent les rayons. On le donne également pour le fils de Zeus. Son culte s'efface progressivement au profit de celui d'Isis.
Jupiter Ammon, son oracle en Libye
Le bruit court que là réside, émettant des oracles, Jupiter, lequel cependant ne lance pas d'éclairs et n'a pas de caractéristiques semblables au nôtre : il a des cornes tordues et son nom est Ammon. Les Libyens n'élevèrent en ce lieu aucun autel somptueux et, de fait, les salles où s'accumulent les offrandes et les trésors, ne resplendissent pas de gemmes orientales ; malgré tout, pour les Éthiopiens, pour les riches peuples d'Arabie et pour les Indiens, il n'est qu'un seul Jupiter Ammon, qui est un dieu pauvre, qui demeure dans un temple, et que les richesses, pendant très longtemps, n'ont pas encore corrompu : divinité fidèle aux antiques habitudes, il préserve son sanctuaire de l'or de Rome. Un bois – l'unique à être vert dans toute la Libye – atteste qu'en ces lieux il y a un dieu : en effet, toute la zone de sable aride, qui divise la Bérénicide brûlée de la tiède Leptis, ne connaît pas la végétation : seul Ammon a pris pour lui une forêt.
Lucain
