Achaïe

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Région située dans le nord du Péloponnèse, sur le golfe de Corinthe, où se réfugient les Achéens après l'immigration des Doriens.

À l'époque historique, l'Achaïe désigne deux régions : le sud de la Thessalie et un territoire, Égialé, compris entre Élis (Hélicé) et Sicyone, et l'Arcadie au sud. Aux xive et xiiie siècles av. J.-C., les Thessaliens, dont la population s'accroît, cherchent à étendre leur espace vital. Ils descendent dans le Péloponnèse et se mélangent au Pélago-Mycéniens ; vers 1250 av. J.-C., parfaitement intégrés, ils imposent doucement leurs mœurs et leurs croyances, notamment leurs dieux du ciel et des montagnes, qui prennent le pas sur les divinités chthoniennes.

Aux viiie et viie siècles, les cités d'Achaïe colonisent l'Italie méridionale et fondent diverses villes : Sybaris, Crotone, Métaponte.

Au ve siècle, bien que l'Achaïe soit officiellement l'alliée d'Athènes, ses cités se montrent divisées : si la plupart sont favorables aux Athéniens, certaines avouent une préférence pour les Lacédémoniens. Après la guerre du Péloponnèse, l'Achaïe subit la politique de Sparte. Au ive siècle (367 av. J.-C.), Épaminondas étend l'hégémonie de Thèbes sur l'Achaïe, laquelle passe ensuite sous la domination macédonienne.

Entre 281 et 270 av. J.-C. la Ligue achéenne est créée ; elle tente de rassembler toutes les cités d'Achaïe. Sa politique se dirige contre la Macédoine et Sparte. Sicyone (251), Corinthe (243-242) sont annexées, et toutes les grandes cités du Péloponnèse adhèrent à la Ligue. L'Achaïe acquiert une véritable puissance politique, notamment grâce à l'appui de Rome. Mais cette dernière est si puissante que l'Achaïe finit par devenir une province romaine.

Voir aussi : Péloponnèse (guerre du)

L'Achaïe d'après Strabon

Cette région est primitivement occupée par les Ioniens, issus des Athéniens. Appelée Égialée (ou Aigialée ou Aigialos), du nom d'un roi autochtone, elle s'appellera Ionie, de Ion, fils de Xouthos.

Hellen, fils de Deucalion, qui règne sur Phthie, transmet son trône à l'aîné de ses fils, contraignant les autres à l'exil : Doros unifie les peuples du Parnasse en un seul État, qui prennent à sa mort le nom de Doriens.

Xouthos, de son côté, fonde la Tétrapole attique ; son fils Achaïos, qui lui naît de Creuse, fille d'Érechthée, est banni de la cité pour meurtre ; il se réfugie à Lacédémone et donne son nom aux habitants, les Achéens.

Quant à Ion, qui règne sur l'Attique, il est le héros éponyme de l'Ionie. Le pays prospère tant qu'une colonie d'Ioniens occupe une partie du Péloponnèse, l'Égialée, qu'ils renomment Ionie. Mais, chassés par les Achéens après le retour des Héraclides, ils s'en retournent à Athènes et préparent une migration vers l'Asie. Les Achéens donnent à leur pays le nom d'Achaïe.

L'Achaïe d'après Pausanias

La région située entre l'Élide et la Sicyonie, et qui s'étend jusqu'à la mer orientale, se nomme Achaïe ; dans les temps anciens, elle était appelée Égialé, et ceux qui occupaient son territoire portaient le nom d'Égialéens ; selon les habitants de Sicyone, le nom vient d'Égialé, futur roi de Sicyone ; selon d'autres, le pays tire son nom de la nature même de cette région, en grande partie faite de côtes.

Après la mort d'Hellen, Xouthos est banni de Thessalie, accusé de s'être illégalement approprié des biens paternels. Il se réfugie à Athènes où il épouse une des filles d'Érechthée, qui lui donne deux enfants, Achéos et Ion. Mort Érechthée, Xouthos doit choisir son successeur parmi les enfants du roi. Cécrops étant l'aîné, c'est lui que Xouthos choisit ; choix qui lui vaut d'être chassé du territoire par les autres fils d'Érechthée. Xouthos gagne alors l'Égialé, s'y établit, et meurt.

Son fils Achéos, aidé par des habitants d'Égialé et d'Athènes, se rend en Thessalie et reconquiert le trône de son père ; quant à Ion, alors qu'il rassemble une armée pour marcher contre les Égialéens et leur roi Sélinos, il reçoit un message l'informant que Sélinos lui accorde d'épouser sa fille unique, Hélice, et que lui même sera considéré comme son propre fils et héritier du trône. Après la mort de Sélinos, Ion devient roi des Égialéens, fonde sur le territoire une ville qu'il appelle Hélice et nomme les habitants Ioniens, de son propre nom. Pendant son règne, les habitants d'Éleusis attaquent Athènes ; les Athéniens demandent alors l'aide d'Ion et lui confient le commandement des armées. Ion meurt en Attique où un tombeau lui est élevé. Ses descendants conservent le pouvoir, jusqu'au jour où ils sont chassés par les Achéens, eux-mêmes expulsés de Sparte et d'Argos par les Doriens.

Les habitants de Sparte et d'Argos étaient les seuls à porter le nom d'Achéens, jusqu'à l'arrivée des Doriens. Archandros et Architélès, les fils d'Achéos se rendent de Phthionde à Argos ; ils y deviennent les gendres de Danaos : Architélès épouse Automaté et Archandros, Scée. En raison de la puissance acquise par les fils d'Achéos, le nom d'Achéens tend à qualifier les populations de Sparte et d'Argos. Le nom de Danaens, qui existe toujours, est réservé aux seuls Argiens. Quand ils sont chassés d'Argos et de Sparte par les Doriens, les Achéens et leur roi Tisaménos, fils d'Oreste, font savoir aux Ioniens qu'ils désirent vivre avec eux, en paix. Or, le roi des Ioniens, craignant d'être dépossédé du trône par Tisaménos, dont le courage est reconnu par tous, non seulement refuse l'offre des Achéens, mais réunit une armée pour les combattre. Tisaménos meurt dans la bataille, mais les Achéens, vainqueurs, mettent à sac la cité d'Hélice où leurs ennemis se sont réfugiés. Les prisonniers sont ensuite laissés libres. Tisaménos est enseveli par ses sujets à Hélice ; plus tard, répondant à l'oracle de Delphes, les Spartiates transportent ses ossements à Sparte.

Les Ioniens, arrivés en Afrique, sont accueillis par les Athéniens et par leur roi Mélanthos, fils d'Andropompe, en souvenir de Ion et des services qu'il a rendus lors de la guerre contre les Éleusiniens ; mais on dit aussi que les Athéniens, redoutant une attaque de la part des Doriens, ont accueilli les Ioniens uniquement pour renforcer leur armée.

Voir aussi : Égialé (Variante 3), Héraclides, Ion (Variante 1), Xouthos, Hellen