Héraclides
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Fils de Sandon (dieu phénicien identifié par les Grecs à Héraclès) et d'une esclave d'Iardanos.
Les cinquante Héraclides sont dépossédés du Péloponnèse par le roi de Mycènes, Eurysthée. Après la mort d'Eurysthée, les Héraclides retournent dans le Péloponnèse et s'emparent de toutes les villes. Un an plus tard, une terrible épidémie s'abat sur la région. L'oracle révèle que la faute en incombe aux Héraclides qui sont revenus dans leur patrie beaucoup trop tôt. À la suite de quoi, les Héraclides quittent le Péloponnèse et s'établissent à Marathon. Hyllos se rend à Delphes et demande au dieu combien de temps il doit attendre avant de retourner dans sa patrie ; la réponse est « Les dieux te montreront la victoire à travers la voie des détroits à la troisième récolte. » Entre-temps, Hyllos a gagné l'amitié d'Aigimios, le roi dorien ; il a épousé Iole, conformément à la volonté de son père, et a eu un fils, Cléodéos. Trois ans plus tard, donc, guidés par Hyllos, Héraclides et Doriens tentent de reconquérir le Péloponnèse. Plutôt que d'envoyer deux armées l'une contre l'autre, Hyllos suggère un duel, entre lui-même et le roi de Tégée, Échémos. Hyllos vainqueur, les Héraclides retrouveront la patrie de leurs ancêtres ; s'il est vaincu, les Héraclides se retireront et ne chercheront pas à revenir dans le pays avant que cent années ne se soient écoulées. Le combat a lieu : Échémos tue Hyllos. Beaucoup plus tard, Aristomachos, fils de Cléodéos, fait une nouvelle tentative et perd la vie. Téménos, l'un de ses fils, désespéré de ne rien comprendre et abattu par tant de malheurs, interroge l'oracle ; le dieu fournit la même réponse, ajoutant tout de même que les Héraclides n'ont rien compris au premier oracle : la « troisième récolte » faisait référence non à la terre mais à la génération humaine ; quant à « détroits », le mot évoquait, non l'isthme de Corinthe ainsi que l'a entendu pour son malheur Aristomachos, mais le golfe de Corinthe là où il se resserre.
Fort de ce renseignement, Téménos prépare son armée et fait construire des navires en Locride, à Naupacte. Mais tout n'est pas rose pour autant : son frère, Aristodème, périt foudroyé. Un jour, un devin, Carnos, apparaît au milieu du campement, en proie au délire prophétique ; imaginant qu'il s'agit d'une ruse des Péloponnésiens pour leur porter malheur, Hippotès, fils de Phylas, le transperce de sa lance. Pour ce sacrilège, la flotte est détruite et une grande partie des soldats, souffrant de la disette, périssent. Téménos consulte l'oracle ; le dieu répond que le meurtrier du prêtre doit être banni pour une durée de dix ans et que le nouveau capitaine doit avoir trois yeux. Ils reconnaissent cet homme dans Oxylos, fils d'Andræmon, qui monte un cheval borgne pour avoir eu un œil crevé par une flèche ; on compte bien là trois yeux ! Les Héraclides lui confient le commandement de l'armée. Enfin ils affrontent leurs ennemis. Ils tuent Tisaménos. Meurent également Pamphilos et Dymas, les fils d'Aigimios, leurs alliés.
Après s'être emparés du Péloponnèse, Téménos, les enfants d'Aristodème, Proclès et Eurysthénès et Cresphontès élèvent trois autels à Zeus, y accomplissent des sacrifices, puis conviennent de se partager les différentes cités : Argos, Lacédémone, Messène. Dans une urne pleine d'eau, ils décident de jeter chacun un petit caillou de reconnaissance, et le sort décidera de l'attribution de la ville. Chacun s'exécute, mais Cresphontès, qui veut Messène, jette une motte de terre, qui se dilue dans l'eau. Le premier caillou retiré est celui de Téménos, qui obtient Argos ; Sparte revient aux frères Proclès et Eurysthénès, et ainsi Cresphontès peut régner sur la Messénie.
À proprement parler, les Héraclides sont les descendants d'Héraclès, autrement dit les enfante et les enfants des enfants, etc. que le héros a eus des innombrables femmes, esclaves ou concubines, ou simplement maîtresses d'un moment, qu'il serre dans ses bras au cours de ses pérégrinations. Né à Thèbes, Héraclès n'a jamais oublié l'Argolide qu'il considère comme sa véritable patrie ; Alcéus, son grand-père paternel, a régné à Tirynthe ; Électryon, son grand-père maternel a régné à Mycènes. D'où cette nostalgie pour le territoire perdu et l'appellation consacrée de « retour des Héraclides ». Même si pour beaucoup ce mouvement reste une pure légende, des auteurs « sérieux » et dignes de foi l'admettent comme un fait historique : « Les Doriens, quatre-vingts ans après la prise de Troie occupèrent avec les Héraclides le Péloponnèse ; quatre-vingts ans environ après la ruine de Troie, cent vingt ans depuis qu'Hercule était allé s'asseoir au rang des dieux, les enfants de Pélops, que l'expulsion des Héraclides avait laissés, pendant tout ce temps, maîtres du Péloponnèse, en furent chassés à leur tour par d'autres Héraclides. »
Hérodote précise que les Héraclides exercent le pouvoir pendant vingt-deux générations, le fils succédant au père jusqu'à Candaule.