sevrage d'un toxique

Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».

Arrêt progressif ou immédiat de la consommation d'une substance toxique dont le sujet est dépendant.

Quelle que soit cette substance (alcool, tabac), le sevrage ne peut être programmé qu'en accord avec la personne concernée, en choisissant la ou les méthodes les plus adaptées à son cas. Il se pratique dans des centres de cure, hospitaliers ou non. Les associations d'anciens usagers de toxiques et les campagnes publiques d'information contribuent à en favoriser l'entreprise, souvent longue et pénible.

SEVRAGE DE L'ALCOOL

Le traitement n'est possible que si le sujet est motivé. La prise en charge peut nécessiter une hospitalisation pour lutter contre les divers symptômes de manque : agitation, agressivité, insomnie, delirium tremens. Un contrôle biologique et un soutien psychiatrique sont généralement nécessaires, associés à une réhydratation et à la prise de tranquillisants, d'antidépresseurs, de vitamines du groupe B (B1 et B6), ces dernières afin d'éviter les polynévrites (atteintes des nerfs périphériques, surtout ceux des membres inférieurs). À long terme, on utilise aussi, avec l'accord du patient, certains médicaments, dits dissuasifs, comme le disulfirame, qui provoque des nausées et des vomissements à la moindre absorption d'alcool, induisant ainsi, par conditionnement, une aversion pour ce toxique.

Cette prise en charge, qui peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années, nécessite un suivi très régulier. Un besoin intense d'alcool peut en effet apparaître brutalement, longtemps après le sevrage (phénomène appelé craving en anglais), qui risque d'entraîner une récidive de l'alcoolisme. Les rechutes, fréquentes, ne doivent pas être stigmatisées.

SEVRAGE D'UNE DROGUE

Le sevrage se déroule en deux phases consécutives, mais très intriquées : le sevrage physique, qui met en jeu l'abstinence et ses conséquences psycho-organiques (douleurs viscérales, malaises, angoisse intense, « impatiences » dans les jambes), et évolue en quelques jours ; le sevrage psychologique (affranchissement de tout besoin de toxique), long, pénible, qui marque la fin de la toxicomanie. La méthode de sevrage diffère peu selon la drogue utilisée. À la réduction progressive des doses, on préfère aujourd'hui soit un sevrage brutal, avec le soutien d'anxiolytiques, d'analgésiques ou d'antidépresseurs, soit un sevrage progressif, mené à l'aide d'une substance de remplacement telle que la méthadone ou la buprénorphine. Le sevrage s'effectue le plus souvent en milieu hospitalier, mais il est parfois possible d'éviter l'hospitalisation, ce qui nécessite alors une adhésion totale du sujet et des soins plus vigilants. Les récidives sont nombreuses, souvent suivies de nouvelles demandes thérapeutiques, qui doivent à chaque fois être considérées avec le même sérieux.

Un nouveau-né dont la mère est toxicomane nécessite lui aussi un sevrage. Celui-ci ne met pas sa vie en jeu, mais peut perturber son développement psychomoteur.

SEVRAGE DU TABAC

La motivation au sevrage du fumeur nécessite souvent une lente maturation et parfois plusieurs années de réflexion. Des tentatives d'arrêt sont souvent l'indice d'une forte motivation et précèdent souvent un arrêt définitif. Une aide appropriée et spécifique, par un médecin ou par un tabacologue, visant à apporter un soutien au fumeur et à renforcer sa motivation, peut être indispensable. Cette aide consiste à aider le fumeur à prendre conscience des inconvénients du tabagisme et de ses comportements de fumeur, sans culpabilisation. Les thérapies comportementales et cognitives peuvent ainsi renforcer la motivation et sont très utiles dans l’aide au sevrage tabagique. En cas de manque nicotinique lors du sevrage, des substituts contenant de la nicotine (gomme à mâcher, timbre transdermique) ont une efficacité démontrée chez les fumeurs ayant une dépendance physique, en atténuant les symptômes du manque (nervosité, agressivité, insomnie). D’autres médicaments comme le bupropion et, plus récemment, la varénicline ont une efficacité similaire aux substituts nicotiniques dans l’aide au sevrage tabagique.

L'arrêt du tabac peut entraîner une prise de poids, contre laquelle l'ancien fumeur devra être prévenu et aidé (diététique), et peut démasquer un syndrome anxiodépressif qui devra être systématiquement recherché et pris en compte sous peine de reprise du tabagisme.

En cas d’échec à l’arrêt complet, une stratégie de réduction progressive du tabagisme à l’aide de substituts nicotiniques par gommes peut être une première étape vers un sevrage définitif.

Voir : toxicomanie.