le Roman de Mildred Pierce
Mildred Pierce
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Film policier de Michael Curtiz, avec Joan Crawford (Mildred Pierce), Jack Carson (Wally Fay), Zachary Scott (Monte Beragon), Eve Arden (Ida), Ann Blyth (Veda), Bruce Bennett (Bert Pierce), Lee Patrick (Maggie Binderhof), Moroni Olsen (l'inspecteur Peterson).
- Scénario : Ranald Mac Dougall, d'après le roman de James M. Cain
- Photographie : Ernest Haller
- Décor : Anton Grot
- Musique : Max Steiner
- Montage : David Weisbart
- Pays : États-Unis
- Date de sortie : 1945
- Son : noir et blanc
- Durée : 1 h 51
Résumé
Mildred Pierce est interrogée par l'inspecteur Peterson au sujet du meurtre du play-boy Monte Beragon, son deuxième mari. S'accusant du crime, elle relate au policier ses démêlés avec son premier époux, Bert, veule et incapable, ses efforts pour acquérir un semblant de « respectabilité » et mériter l'amour de sa fille Veda, une adolescente égoïste et assoiffée de luxe.
Commentaire
Moitié mélo, moitié film noir, le Roman de Mildred Pierce reflète bien les ambiguïtés morales de l'immédiat après-guerre. La femme indépendante, dont le cinéma hollywoodien célébrait un peu plus tôt les mérites, se transforme ici en victime. Prise au piège de ses ambitions, elle ne parvient à s'accomplir ni dans sa vie privée ni dans son travail, et son ascension sociale ne fait que souligner la médiocrité de ses origines. Victime du matérialisme ambiant (nous sommes à l'aube de la société de consommation), Mildred tente d'acquérir une distinction factice et d'acheter l'estime de sa fille Veda, se condamnant par là-même à d'amères désillusions. Sa vie est une succession d'échecs sentimentaux et de sacrifices inutiles, un long voyage au bout de la solitude. Un des films les plus incisifs de Michael Curtiz, qui relança la carrière de Joan Crawford (elle obtint un Oscar), métamorphosant celle-ci en « femme de tête ». Une image à laquelle la star ne tardera pas à s'identifier dans sa vie personnelle…