psychologie

Discipline qui vise la connaissance des activités mentales et des comportements en fonction des conditions de l'environnement.

Si l'homme s'est depuis toujours efforcé de sonder les mystères de son âme, ce n'est qu'au xixe s. – sur un terrain déblayé par l'évolution des idées philosophiques à partir de Descartes et par les progrès rapides de la physiologie – que la psychologie s'est constituée comme un discours et un savoir autonomes. Depuis, diversifiant progressivement ses domaines et multipliant ses applications concrètes (dans l'enseignement, la formation, le monde du travail, etc.), elle a conquis un plein droit de cité. L'essor de la psychologie cognitive accroît encore la portée de ses ambitions.

La constitution de la discipline

La conversion de la physiologie à la méthode expérimentale et la construction d'instruments de mesure perfectionnés débouchèrent, en Allemagne, sur de premiers progrès en matière de physiologie des sensations (mesure des seuils sensoriels par Ernst Heinrich Weber [1795-1878]) et de physiologie du système nerveux (découverte des cellules du système nerveux), et sur l'établissement de premiers paradigmes psychophysiques et psychophysiologiques. G. T. Fechner quantifia les phénomènes psychiques et H. von Helmholtz étudia les mécanismes de la perception ; W. Wundt (1832-1920) fonda, à Leipzig, en 1879, le premier laboratoire de psychologie expérimentale et assit l'expérimentation sur l'introspection (Éléments de psychologie physiologique, 1873-1874).

F. Brentano, H. Ebbinghaus, Oswald Külpe (1862-1915) apportèrent chacun une contribution majeure au développement de la psychologie en Allemagne. Parallèlement – avec dans chaque cas une orientation originale –, la psychologie fut fondée par F. Galton (Inquiries into Human Faculty, 1883) en Grande-Bretagne, par T. Ribot (auteur de la Psychologie anglaise contemporaine en 1870, et premier détenteur, en 1888, de la chaire de psychologie physiologique du Collège de France, créée l'année précédente) et A. Binet en France, I. P. Pavlov en Russie, W. James et J. Dewey aux États-Unis. Par la suite, plusieurs courants et théories fécondes se développèrent.

Avec le béhaviorisme, dont J. B. Watson fut l'initiateur, la psychologie, rejetant l'introspection, se détourna de l'étude de la conscience et devint science du comportement. Prolongeant les travaux de Brentano, le gestaltisme fondé par M. Wertheimer étudia la perception et notamment l'organisation des formes. P. Janet et S. Freud, le fondateur de la psychanalyse, furent aux origines de la psychologie clinique. H. Wallon puis J. Piaget (la Naissance de l'intelligence, 1936), créateur de l'épistémologie génétique, se consacrèrent à la psychologie de l'enfant.

Les domaines d'application

On peut en distinguer plusieurs ; mais les champs et les méthodes interfèrent.

– La psychologie animale et l'éthologie s'intéressent aux comportements animaux en ce qu'ils ont de spécifique (comportements rituels, communication, etc.).

– La psychologie de l'enfant et du développement étudie les évolutions de l'enfant depuis sa naissance. J. Piaget a mis en évidence la notion aujourd'hui discutée de « stade », qui permet de rapporter les acquisitions des connaissances à une succession d'opérations logiques reposant sur l'observation des expériences proposées aux enfants.
→ développement de l'enfant.

– La psychologie sociale prend en compte les interactions de l'individu avec le groupe social auquel il appartient et avec la société. Elle s'intéresse, par exemple, à la formation des jugements sociaux de chacun, à la communication, aux milieux du travail (psychologie des organisations), à la santé (rôle des experts, relations entre professionnels et leurs clients), à l'environnement (cadre de vie, industrialisation, urbanisation ; processus cognitifs de ces données).

– La psychologie différentielle étudie les différences observées dans les conduites des individus et des groupes placés dans des situations préalablement répertoriées. Ses méthodes reposent sur l'utilisation des tests et des questionnaires, sur les statistiques (notamment : analyse factorielle, de la variance et de la covariance). Les applications peuvent prêter à certains abus (dans le recrutement, l'orientation), mais l'objectif des chercheurs est plutôt de cerner l'origine des différences individuelles. De ce point de vue, la détermination des QI chez les jumeaux dizygotes et monozygotes fait l'objet de travaux importants en France et aux États-Unis.
→ psychologie différentielle.

– La psychologie expérimentale n'est pas à proprement parler une branche de la psychologie : elle cherche à appliquer en psychologie la méthode expérimentale, qui est constituée par une série d'étapes méthodologiques dont les principales sont la formation d'hypothèses, la mise à l'épreuve de ces hypothèses, leurs conditions de vérification et leurs applications.
→ psychologie expérimentale.

– La psychologie clinique est une branche particulière qui met en œuvre des méthodes et des concepts extérieurs à la psychologie, par exemple certaines notions issues de la psychanalyse. Son objectif est d'étudier l'individu, malade ou bien portant, dans ce qu'il a de spécifique, irréductible à n'importe quel autre individu.

– La psychophysiologie se situe au carrefour de la psychologie et de la physiologie. Ses recherches vont, par exemple, de la simple recherche de corrélations entre des comportements et des indices physiologiques à la mise en évidence de liens causals entre le fonctionnement d'une structure nerveuse et un comportement. Ses méthodes sont pharmacologiques, électrophysiologiques, biochimiques, notamment.

– La neuropsychologie vise à établir un rapport intelligible entre les processus psychologiques supérieurs et le fonctionnement cérébral. Elle est ainsi placée à la limite des neurosciences. Elle s'intéresse en particulier aux phénomènes de maturation et de sénescence. Elle a également pour projet d'analyser les déficits comportementaux parallèlement aux atteintes cérébrales.
→ neuropsychologie.

La psychologie cognitive

L'essor de l'informatique, dès les années 1950, a amené de nombreux psychologues américains à se représenter l'esprit comme un système de traitement de l'information et à estimer que son fonctionnement pouvait être décrit de manière cohérente, sans prise en compte directe de la nature proprement dite de l'activité cérébrale. Les progrès de la neurobiologie eux-mêmes légitimant cette perspective, la psychologie cognitive s'est révélée extrêmement féconde et occupe désormais le devant de la scène. Centrée sur le traitement de l'information, elle l'envisage tant du point de vue des processus de ce traitement que du point de vue de la structure de l'information. Elle distingue les représentations (connaissances déclaratives) des processus qui opèrent sur ces représentations (connaissances procédurales).

Ses méthodes s'apparentent initialement à la méthode expérimentale ; mais c'est l'intelligence artificielle qui lui fournit ses modèles les plus riches, qualifiés de « neuromimétiques ». Elle entretient des rapports féconds avec d'autres domaines, comme la logique formelle, la linguistique et la neurologie. Les recherches cognitives ont d'ailleurs fécondé de nombreux secteurs : l'un des plus importants, dont s'occupe la psycholinguistique, concerne l'acquisition du langage.
→ sciences cognitives.

  • 1873-1874 Éléments de psychologie physiologique, ouvrage de W. Wundt.
  • 1885 Sur la mémoire, ouvrage de H. Ebbinghaus.
  • 1904 Adolescence, de G. S. Hall.
  • 1910 Individu et Société, ouvrage de J. M. Baldwin.
  • 1914 Behavior, ouvrage de J. B. Watson.
  • 1928 La Psychologie de l'enfant difficile, par A. Adler.
  • 1932 Purposive Behavior in Animals and Men, ouvrage de E. C. Tolman.
  • 1943 Principe du comportement, ouvrage de C. L. Hull.
  • 1957 Une théorie de dissonance cognitive, ouvrage de L. Festinger.
  • 1958 La Psychologie des relations interpersonnelles, ouvrage de F. Heider.