foire

(latin populaire feria, marché, du latin classique feriae)

Grand marché se tenant à des époques fixes dans un même lieu.

Les grandes foires médiévales

Si elles existent déjà dans l'Antiquité (Delphes, Délos), les foires ont été le fait de l'Europe médiévale ; en France, la foire de Saint-Denis est la plus ancienne connue (629). Leur véritable essor correspond de fait au renouveau commercial de l'Europe médiévale, où elles deviennent l'organe essentiel de la vie économique internationale.

Des centres européens de transactions commerciales

Permettant de lever des taxes indirectes sur les transactions commerciales, les foires médiévales sont favorisées par les seigneurs féodaux et par les rois, qui accordent des privilèges à leurs participants (garantie contre le droit d'aubaine ou les saisies pour dettes, autorisation du prêt à intérêt). Elles sont aussi des Bourses de valeur acceptant lettres de change et paiements à terme, dont il faut garantir la sécurité des affaires.

Les foires médiévales se développent dans les villes situées le long des grands courants commerciaux, au carrefour des routes menant de l'Italie aux Pays-Bas, et des villes de la Hanse à l'Île-de-France.

Les foires de Champagne sont les plus importantes aux xiie et xiiie s. Proches de la Méditerranée, les foires du Languedoc (Nîmes, Carcassonne, Saint-Gilles) voient croître leur importance à la faveur de la renaissance du commerce, au xiie s., et du recul de l'islam en Europe. À partir du xiiie s. se développe la foire de Beaucaire qui, en raison de sa situation dans la vallée du Rhône, a une importance comparable à celle de Lyon. Instituées en 1420, les foires de Lyon font de cette ville, carrefour international, la première place pour la banque. À part les foires de Saint-Denis et du Lendit, plus anciennes, les foires parisiennes sont liées au développement de la dynastie capétienne.

Les principales foires européennes sont celles de Bruges, Anvers, Ypres, Messines et Torhout aux Pays-Bas ; Stourbridge (près de Canterbury) en Angleterre ; Cologne, Francfort-sur-le-Main, Nuremberg, Leipzig en Allemagne ; Milan, Venise ou Plaisance en Italie.

Le cas particulier des foires de Champagne

Au xiie s., les comtes de Champagne ont organisé un cycle annuel de foires, dont les principales se situent à Troyes, Provins, Bar-sur-Aube et Lagny. Dans cette zone de carrefour, les marchands flamands et italiens se rencontrent pour échanger les draps de Flandre contre les produits méditerranéens et les épices importées d'Orient. Les comtes de Champagne protègent les marchands à l'aller et au retour par des « conduits de foire » (sorte de passeports spéciaux) ; ils nomment des fonctionnaires pour assurer la régularité des transactions ; ils permettent à chaque groupe de marchands d'élire des consuls qui défendent leurs intérêts.

L'échange des marchandises se double, au xiiie s., d'une circulation de lettres de change ou de crédit, qui évitent les paiements en espèces. Il y a alors une véritable activité bancaire. La sûreté des paiements est assurée par un droit spécial : le débiteur défaillant est exclu des foires. Le succès des foires de Champagne a été immense, au point qu’au xiiie s., la Champagne est devenue le centre économique de l'Europe occidentale.

Du déclin des foires aux grandes expositions

L'importance des foires européennes décline à partir du xive s., avec l'amélioration des communications et la création de succursales des compagnies commerciales. Elles se maintiennent toutefois jusqu'au xviie s. à Châlons, à Genève, à Lyon, à Leipzig, mais leurs activités sont alors surtout financières. La plupart des foires disparaissent après le xviie s. faisant place, à partir du milieu du xixe s., à un nouveau type de manifestations commerciales : les foires-expositions.

Hors d'Europe, l'évolution a été identique : il n'y a de foires que dans les pays où l'économie rudimentaire et l'anarchie politique empêchent le commerce régulier. La colonisation, en établissant la sécurité des voyages, a ruiné ces rassemblements. De même, les quelques rares foires connues en Égypte et en Syrie n'ont pas résisté à la mise en place du chemin de fer.