démocratie chrétienne

Elle naît en France dans la première moitié du xixe s. alors que se développent le catholicisme social et le libéralisme catholique, dont elle se différencie par le fait qu'elle vise à exercer le pouvoir politique dans l'État. Elle prend son essor à la fin du xixe s. à la faveur de la politique du pape Léon XIII (encyclique Rerum novarum, 1891). Alors se développent l'action des « abbés démocrates » (tels J. Lemire, P. Naudet, Th. Garnier, P. Six) au Parlement et dans la presse pour donner une portée plus décisive à la promotion de la classe ouvrière et favoriser en même temps l'adhésion à la forme républicaine du gouvernement, ainsi que le mouvement du Sillon, lancé en 1894 par Marc Sangnier, qui tente de pénétrer d'esprit chrétien une république jugée « persécutrice » par les autorités catholiques.

Mais, devant l'opposition des catholiques conservateurs, Léon XIII, tout en autorisant le terme de démocratie chrétienne, en donne le sens restrictif d'« action chrétienne bienfaisante en faveur du peuple », en dehors de toute interprétation politique (encyclique Graves de communire, 1901), et Pie X désavoue le Sillon (1910).

Entre les deux guerres mondiales, la démocratie chrétienne s'affirme avec la Jeune République (JR) [créée en 1912] et le parti démocrate populaire (PDP) [né en 1924], bien que ces partis n'aient qu'une vingtaine de représentants à la Chambre.

Tout autre est le succès, après la Seconde Guerre mondiale, du Mouvement républicain populaire (MRP), fort de 150 députés dès 1945. Toutefois, le MRP joue en France un rôle moins important que le parti social-chrétien (PSC) en Belgique et surtout que la Christlich-Demokratische Union (CDU) en Allemagne fédérale et le parti de la Démocratie chrétienne (PDC) en Italie : majoritaires au sein du Bundestag et du Parlement italien, la CDU et le PDC réaliseront (au moins dans les structures) le type d'un gouvernement chrétien sincèrement démocratique et indépendant, en principe, de la hiérarchie ecclésiastique.

D'autres puissants partis politiques se réclamant de la démocratie chrétienne se constitueront en Europe (en particulier aux Pays-Bas et en Autriche) et en Amérique latine (notamment au Chili, au Brésil et au Venezuela).