artillerie

(ancien français artillier, munir d'engins de guerre)

Évolution du canon
Évolution du canon

Arme chargée de la mise en œuvre de ces matériels. (On distingue aujourd'hui, en France, dans l'armée de terre, l'artillerie sol-air, l'artillerie sol-sol et l'artillerie sol-sol nucléaire.)

Les premières bouches à feu du xive s. tiraient sans précision et à faible portée (50 à 100 m) des boulets en pierre. Le xve s. voit l'adoption de l'affût, la possibilité de varier la portée et l'apparition de boulets de métal. L'artillerie va s'organiser sous forme d'un service civil concédé à des particuliers au xvie s. pour devenir un corps militaire à la fin du xviie s. Louvois crée les fusiliers du roi et le royal-bombardier. La standardisation des calibres, une maniabilité accrue, l'adoption de la hausse de pointage permettent à Gribeauval de distinguer l'artillerie de campagne (canons de 12, 8 et 4 livres) et l'artillerie de siège (canons de 24 et 16 livres). Ses idées sur l'emploi en masse des pièces et sur leur mobilité tactique vont marquer l'artillerie jusqu'en 1825.

Le xixe s. est marqué par des changements (canon rayé en 1858, chargement par la culasse en 1870, découverte de la mélinite en 1885) qui permettent de réaliser des obus explosifs d'une puissance supérieure à celle des obus chargés en poudre noire. Le principe du long recul appliqué au canon de 75 modèle 1897 et repris sur le 155 C.T.R. modèle 1904 de Rimailho est encore aujourd'hui d'un emploi universel. Durant la Première Guerre mondiale, outre le nombre des mortiers engagés (guerre de tranchées) et le développement rapide de l'artillerie antiaérienne, on compte, en 1918, 200 pièces d'artillerie lourde à grande puissance, 500 pièces sur voie ferrée, 1 000 pièces d'artillerie lourde à tracteurs, 3 300 pièces d'artillerie hippomobile et 800 pièces d'artillerie à pied.

La Seconde Guerre mondiale est marquée par le canon automoteur, les projectiles autopropulsés, l'amélioration des liaisons radio et la généralisation des calibres de 105 et 155 mm. Sur mer, le 417 japonais tire à 40 km des projectiles de 1 380 kg, surclassant dans la course au calibre le 406 américain. Si le radar permet, dès 1941, les tirs de nuit et le pointage en permanence sur l'objectif, c'est dans la défense aérienne que l'artillerie navale va jouer en 1943 un rôle déterminant en repoussant les attaques de l'aéronavale japonaise.

Depuis 1960, la précision accrue des missiles guidés condamne l'artillerie de gros calibre. De plus, la miniaturisation des charges nucléaires permet d'en munir des obus de 203, 175 et 155 mm qui peuvent être tirés par des canons classiques. Avec les révolutions de l'électronique et de l'informatique, l'artilleur dispose pour la conduite du tir d'instruments de plus en plus perfectionnés.