Ostpolitik

Politique ouest-allemande de rapprochement avec l'Europe de l'Est et la République démocratique allemande (RDA), mise en œuvre par le chancelier Willy Brandt à partir de 1969.

Depuis 1949, la politique étrangère de la RFA était fondée sur plusieurs principes : ancrage à l'Ouest, non-reconnaissance de la ligne Oder-Neisse et de la RDA, respect de la doctrine Hallstein (du nom du secrétaire d'État aux Affaires étrangères d'Adenauer) selon laquelle la RFA devait rompre ses relations diplomatiques avec tout pays qui reconnaîtrait la RDA. La RFA ne pouvait renoncer à l'idée de reconstituer l'unité de la nation allemande. Mais, au cours des années 1960, les dirigeants allemands prirent conscience que cette politique n'était plus adaptée. En 1965, la reconnaissance par l'Égypte de la RDA ne provoqua pas la rupture des relations avec l'État égyptien : c'était la preuve de l'inefficacité de la doctrine Hallstein. Par ailleurs, les échanges commerciaux avec l'Est se développaient, tandis que des négociations concernant les laissez-passer de personnes désirant se rendre de RFA en RDA ou de Berlin-ouest à Berlin-est aboutissaient, dès 1963, à la conclusion d'accords entre les deux pays.

Au niveau international, l'instauration de la détente (1962) et l'influence du général de Gaulle, favorable à l'ouverture du dialogue avec l'Est (traité commercial franco-soviétique en 1964, retrait de la France de l'OTAN et voyage de de Gaulle à Moscou en 1966), contribuèrent également à faire évoluer la politique étrangère ouest-allemande.

Le revirement, amorcé par le chancelier Kurt Georg Kiesinger, fut opéré par Willy Brandt, son successeur. Dès le 12 août 1970, il signait avec les Soviétiques le traité de Moscou qui reconnaissait l'inviolabilité des frontières européennes et maintenait les droits des quatre puissances à Berlin. Le 7 décembre de la même année, il admettait officiellement l'existence de la ligne Oder-Neisse et s'agenouillait silencieusement devant le monument élevé à la mémoire du ghetto de Varsovie, scellant ainsi la réconciliation germano-polonaise. Suivirent un accord quadripartite sur Berlin (septembre 1971) et le « traité fondamental » (décembre 1972) aux termes duquel les deux États allemands se reconnaissaient mutuellement et échangeaient des représentants diplomatiques. La conséquence essentielle de ce traité fut de clarifier le statut juridique international de la RDA et de la sortir ainsi de son isolement. Reconnue par de nombreux États, elle fut admise à l'ONU en 1973, en même temps que la RFA.

Poursuivie par les successeurs de Willy Brandt, l'Ostpolitik se trouva sans objet après la dislocation du bloc soviétique (1989) et la réunification de l'Allemagne (1990).

Pour en savoir plus, voir les articles Allemagne : vie politique de puis 1949, coexistence pacifique, guerre froide.