OEA

sigle de Organisation des États américains

Organisation intergouvernementale regroupant des États américains acceptant les principes de coopération pacifique posés par l'acte constitutif de la charte de Bogotá (30 avril 1948).

L'OEA succède à l’Union internationale des Républiques américaines mise sur pied en 1890, à la suite du premier rassemblement des pays de l’ensemble du continent. C’est à ce titre la plus ancienne structure de concertation politique régionale en activité. L'OEA inclut tous les pays du continent américain, y compris les États des Caraïbes ; le Canada (1990), le Belize (1991) et le Guyana (1991) étant les derniers à rejoindre ses rangs. Ses organes, d'après les nouveaux textes entrés en vigueur en 1997, consistent en une assemblée générale annuelle, des réunions de consultation des ministres des Affaires étrangères en cas d'urgence, deux conseils, dont un permanent siègeant à Washington, un secrétariat général et divers organismes et conférences spécialisés. En 2001, elle se dote d’une charte démocratique et met en avant le dialogue entre ses membres comme outil de résolution des conflits. L’accent porté sur la tenue d’élections libres, le pluralisme des partis et la participation des citoyens à la vie publique semble devoir confirmer la mise à l’écart de Cuba.

Mise en place dans un contexte de guerre froide, l'Organisation cherche en effet à renforcer politiquement les liens économiques et financiers des pays membres, pour faire barrage à l'influence de l'URSS, supposée soutenir les mouvements de guérilla des pays du Sud. En 1962, le gouvernement de Cuba est expulsé de l'Organisation, mais l'île en tant que pays y est toujours considérée comme un État membre. Depuis 1975, l'Organisation confère à chacun d'eux la liberté de rétablir leurs relations avec le régime castriste ; plusieurs États, dont le Mexique en 1998, se déclarent pour la réintégration de La Havane. En juin 2009, dans une décision saluée par le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva comme une avancée pour le peuple latino-américain tout entier, et contre l’avis de Washington, l’OEA.se prononce en faveur de la suspension de l’exclusion de Cuba, sans pour autant que cette résolution historique incite les autorités de ce pays à manifester leur volonté de réintégrer les rangs de l’Organisation.

La crise des Malouines, au printemps 1982, provoque un profond différend entre les pays latino-américains et les États-Unis, accusés d'avoir violé le traité d'assistance mutuelle de Rio en se rangeant aux côtés de la Grande-Bretagne contre l'Argentine.

L'opération « Juste cause » lancée par George H. W. Bush au Panama en 1989 est condamnée par l'OEA, mais celle-ci opte pour la non-intervention lors du renversement du régime du président haïtien Jean-Bertrand Aristide (septembre 1991), puis en 1992, lors du coup d'état civil de Alberto Fujimori au Pérou, ou encore à l’issue de la réélection entachée d’irrégularités de celui-ci en 2000, et ce malgré la résolution qu’en 1991 ses membres ont adoptée afin de répudier le principe de non-ingérence en cas de putsch contre des autorités légitimes et de soutenir, le cas échéant, ces dernières.

Elle s’implique en revanche davantage dans le processus de restauration démocratique en Haïti, notamment dans la seconde moitié des années 2000, et de même s’emploie à calmer le jeu dans les différends qui opposent certains de ses membres à la fin de la décennie (comme par exemple lors des incidents frontaliers qui dressent l’Équateur contre la Colombie en 2008, ou à l’occasion de la montée des tensions entre cette dernière et le Venezuela à l’automne 2009).

Mais souvent les crises qui agitent le continent, à l’instar de la crise bolivienne de 2008, se résolvent indépendamment de son intervention. L’OEA condamne ainsi le putsch militaire qui destitue le président du Honduras, Manuel Zelaya, en juin 2009, sans pour autant permettre le retour au pouvoir de ce dernier. Au contraire, les nouvelles autorités de Tegucigalpa répliquent aussitôt en retirant ce pays de l’Organisation.