Fine Gael

(« Nation gaélique » ou « Famille » ou « Tribu des Irlandais »)

Parti irlandais fondé en 1923 par W. T. Cosgrave (sous le nom de Cumann na nGædheal qu'il garda jusqu'en 1933).

1. Les origines du mouvement

Le Fine Gael regroupe les partisans, au sein des nationalistes, du traité anglo-irlandais de 1921, à l’origine de la partition de la famille indépendantiste et d’une guerre civile (1922-1923). Favorable dans les années 1930 à la reprise des liens commerciaux et, en somme, à une entente cordiale avec le Royaume-Uni, il connaît une longue période d’opposition, à laquelle les élections de 1948 mettent un terme, en lui permettant de gouverner l’île avec l’appoint des travaillistes et de petits partis, et, au demeurant, de faire officiellement de cette dernière une république.

2. Un parti d’alternance

Dès lors, principal adversaire politique du Fianna Fáil, et par ailleurs, comme cette formation, marqué au centre (mais à droite, selon une orientation démocrate chrétienne, ce qui ne l’empêche pas de comporter une aile progressiste non négligeable), le Fine Gael est le plus souvent dans l’opposition (1951-1954, 1957-1973). Il s'associe volontiers pour ne pas dire systématiquement aux travaillistes dans des alliances parlementaires parfois minoritaires qui lui ouvrent l’accès au pouvoir (« Grande coalition » de 1973 à 1977, partenariat de 1981 à 1987, coalition « arc-en-ciel » de 1994 à 1997).

Le Fine Gael obtient un score historique à 39 % des voix et 6 points seulement de moins que son grand concurrent lors du scrutin qui suit la dissolution du Dáil par le Premier ministre leader du parti Garret Fitzgerald en 1982, écarté cependant pour quelques mois faute de soutiens de la gestion des affaires. Il retrouve toutefois la tête du gouvernement à la fin de l’année à la faveur de nouvelles élections. En revanche, le Fine Gael doit laisser les rênes du pays à l’opposant Bertie Ahern à l’issue de la consultation de 1997.

3. Dans l’opposition (1997-2011)

Échouant à reconquérir le poste de Taoiseach (Premier ministre) aux élections de 2002, le parti se dote d’un nouveau chef en la personne d’Enda Kenny. Depuis lors, il ne cesse de progresser dans les scrutins qui ont cours dans l’île, profitant de l’usure du pouvoir des dirigeants du Fianna Fáil et de l’impopularité sans égal de son dernier Premier ministre, Brian Cowen, qui doit faire face par des plans successifs de rigueur drastique à la grande récession et à l’éclatement de la bulle immobilière et financière de 2008.

Aux élections générales anticipées de février 2011, le Fine Gael devance pour la première fois la grande formation rivale, avec plus de 36 % des suffrages, et n’est pas loin de détenir à lui seul une majorité absolue au Parlement. Mais devant l’ampleur des défis à relever, son leader Enda Kenny décide de composer à nouveau, aux côtés des fidèles mais exigeants alliés travaillistes – quant à eux promus historiquement seconds en nombre de voix – un gouvernement de large coalition (avec deux tiers des sièges du Dáil, un record). Avec pour mission la charge compliquée pour ne pas dire contradictoire de sauver l’île de la banqueroute en même temps que la population des affres d’une austérité draconienne.

4. Au pouvoir (depuis 2011)

Le gouvernement Kenny opère aussitôt une vaste restructuration du système bancaire, s’employant à renflouer voire nationaliser les principales institutions de l’île en déconfiture, et négociant avec les partenaires européens et le FMI de nouveaux programmes d’aide et de réduction des déficits. Non sans succès : malgré deux énièmes plans d’austérité (pour 2012 puis 2013), et des hausses supplémentaires et impopulaires des taxes et impôts, après trois années de repli successif et massif de l’activité, la croissance repart – certes, très timidement, et avant tout du fait de la bonne tenue des exportations. Si le pays retrouve, à la faveur de l’amélioration progressive de ses comptes publics une relative marge de manœuvre, la morosité l’accable et le chômage, très élevé (plus de 14 % de la population active), continue de sévir inexorablement.

Presque logiquement, le candidat du parti à l'élection présidentielle d’octobre 2011 n’arrive que quatrième avec à peine plus de 6 % des voix. Pourtant, dans les sondages, près deux ans après son accession au pouvoir, les Irlandais ne semblent guère tenir rigueur au Fine Gael de la poursuite du régime de diète sévère qu’il est contraint de leur imposer.

Pour en savoir plus, voir l'article Irlande : histoire.