Fianna Fáil

(en gaélique « Soldats de la destinée »)

Parti politique irlandais fondé en 1926 par Éamon De Valera pour regrouper les anciens Sinn Féiners hostiles tant au traité de Londres – signé en 1921 par Arthur Griffith et Michael Collins – qu'à la partition de l'île qui en résulte, mais désireux de participer à la vie parlementaire du nouvel État créé dans la partie sud de l'Irlande. Au pouvoir la majeure partie du temps depuis, étiqueté au centre (tout d'abord plutôt gauche, désormais plutôt droit) de l'échiquier politique, conservateur sur les questions de société, libéral en matière économique, le Fainna Fail est globalement pro-européen.

1. Seul au pouvoir (1927-1948)

L'objectif de la formation et de son leader – Éamon De Valera – est de faire passer l'Irlande du statut de dominion à celui de République irlandaise. Le parti entre au Dáil (Parlement irlandais) en 1927. De Valera accède à la tête du gouvernement en 1932 et demeure pendant vingt et une année, dont seize d'affilée, Taoiseach (Premier ministre, chef effectif de l'exécutif). Il entend tout d'abord détacher économiquement son pays de la Grande-Bretagne avant de couper davantage les ponts politiques en créant, en 1937, un État souverain appelé Eire et en proclamant sa neutralité en 1939.

2. En alternance avec le Fine Gaël (1948-1997)

De Valera et le Fianna Fáil perdent le pouvoir en 1948, pour le regagner en 1951 et à nouveau céder la place au Fine Gael en 1954. Ils remportent les élections de 1957 et restent à la tête du pays jusqu'en 1973.

Dans les années 1960, le compagnon de route du vieux leader, Sean Lemass, s'emploie à moderniser le pays et à rouvrir le dialogue avec le Royaume-Uni à propos de la question de l'Irlande du Nord.

Le successeur de Sean Lemass, Jack Lynch, recueille les fruits de cette politique, avec l'entrée de la république dans la Communauté économique européenne (CEE) en 1973, mais il reste impuissant face au conflit qui déchire l'Ulster à partir de 1968.

Une coalition dominée par le Fine Gael préside aux destinées du pays de 1973 à 1977, puis en 1981, de 1982 à 1987, et à nouveau de 1994 à 1997. Le Fianna Fáil connaît alors ses meilleurs résultats (1977) mais également les pires (1981), ainsi qu'une période d'instabilité : Charles Haughey est régulièrement contesté par ses proches comme chef de troupe et Taoiseach.

3. Sous la houlette de Bertie Ahern (1994-2008)

Leader du parti à partir de 1994, Bertie Ahern remporte les élections générales de 1997 et de 2002, refaisant du Fianna Fáil la principale formation de gouvernement du pays en même temps que l’ordonnateur, ou tout du moins l’accompagnateur de la croissance spectaculaire du « Tigre celtique ».

La longue pratique du pouvoir expose le Fianna Fáil à de récurrentes accusations de corruption. D'abord considéré comme étant plutôt à gauche, c'est aujourd'hui un parti de centre droit. Fort du règlement de la question d'Irlande du Nord et d'un bilan économique flatteur, le Taoiseach et les membres de son parti sont reconduits au pouvoir lors des élections générales du 29 mai 2007. Mais, en avril 2008, une affaire de pots-de vin pousse Bertie Ahern à démissionner de son poste de chef du gouvernement et de la présidence du Fianna Fáil.

4. Dans la tourmente économique et financière (2008-2011)

Le vice-Premier ministre, Brian Cowen, lui succède. À ce titre, il doit endosser l’échec du référendum pour la ratification du traité de Lisbonne (juin 2008) puis affronter la débâcle économique liée à l’explosion de la bulle immobilière et à la crise financière internationale, qui frappe de plein fouet l’île et son modèle de développement à partir de septembre.

Venus au chevet des banques à grands renforts de milliards d’euros, le Fianna Fáil et son chef sont amenés à adopter, dès 2009, une politique très sévère de rigueur qui leur vaut des records d’impopularité, et une nette défaite aux élections européennes de juin 2009 (24,1 % des voix et 3 députés, soit un de moins qu’en 2004, tandis que le Fine Gael est à 29,1 %, que l’opposition de gauche progresse de façon marquée, et que la perte d’un bastion lors d’un scrutin partiel concommitant affaiblit la principale formation au pouvoir ainsi que la coalition qu’elle dirige).

Il n’empêche : Brian Cowen jette avec succès toutes les forces de son parti dans la campagne pour le nouveau référendum sur le traité de Lisbonne qu’il fixe au 2 octobre 2009, et dont, avec l’appui du Fine Gael, il obtient, cette fois, facilement la ratification, restaurant ainsi une partie de sa légitimité et de sa crédibilité.

Pour peu de temps cependant : en novembre 2010, la tempête financière secoue à nouveau l’Irlande et contraint le gouvernement à quémander auprès de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) une aide d’urgence, moyennant un nouveau plan drastique de rigueur, que le chef du gouvernement s’engage à faire accepter, avant de démissionner et de provoquer de nouvelles élections générales.

C’est chose faite fin janvier 2011, alors même que Brian Cowen laisse sa place de leader du parti à son ministre des Affaires étrangères démissionnaire, Micheal Martin, et que le 25 février, date du scrutin, le Fianna Fáil connaît une défaite sans précédent, réalisant alors son pire score (17,4 % des voix) et divisant par près de quatre le nombre de ses députés (20, soit une perte sèche de 51 circonscriptions). Le Fine Gael arrivé largement en tête et les travaillistes significativement promus seconds prennent dès lors en charge la destinée du pays.

5. Dans l’opposition (depuis 2011)

Le Fianna Fáil entame dès lors une cure d’opposition qui ne lui vaut toutefois pas un prompt regain de popularité. Malgré la poursuite des programmes drastiques d’austérité menée par la coalition désormais au pouvoir, le mouvement ne parvient pas, fin octobre 2011, à faire élire à la présidence (essentiellement symbolique et honorifique) de la République l’homme d’affaires Sean Gallagher, candidat qui se présente en tant qu’indépendant mais s’avère lié à la formation. À l’unisson des autres forces politiques du pays (à l’exception du Sinn Féin), le mouvement se prononce pour le « oui » au référendum sur le traité budgétaire européen que le Premier ministre organise pour le 31 mai 2012 ; mais c’est sur ce dernier que le succès de la consultation rejaillit en définitive.

Pour en savoir plus, voir l'article histoire de l'Irlande.