BJP

sigle de Bharatiya Janata Party, parti du Peuple indien

Parti politique indien fondé en 1980.

1. Un parti nationaliste et hindouiste

Créé en 1951 dans le contexte d’une réaction nationaliste et hindouiste animée par le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) – un mouvement politico-religieux aux pratiques martiales fondé en 1925 – et à laquelle il est lié dès l’origine, le Bharatiya Jana Sangh (BJS) n’a, jusque dans les années 1970, qu’une audience négligeable.

En 1977, il rejoint la coalition de l’opposition forgée contre les dérives autoritaires d’Indira Gandhi, au sein du parti Janata avant de s’en séparer en avril 1980 en même temps qu’éclate cette alliance hétéroclite et éphémère au pouvoir pendant deux ans. Refondé sous le nom de Bharatiya Janata Party (BJP) et sous la direction d’Atal Bihari Vajpayee et de Lal Krishna Advani, le parti retrouve, après son revers électoral cuisant de 1984 les positions extrémistes des membres du RSS et en particulier de la Vishwa Hindu Parishad (VHP, fondée en 1964). Il participe ainsi à la campagne pour la construction du temple de Rama à Ayodhya, un enjeu qui contribue à son succès électoral de 1989 (le parti passant de 2 à 89 sièges), après lequel il retire son soutien au gouvernement de coalition (National Front) dirigé par V. P. Singh.

2. En alternance au pouvoir avec le parti du Congrès

Les élections de 1991, à l'issue desquelles il obtient 121 sièges, font du BJP le principal parti d'opposition en Inde. Aux élections de 1996, le BJP devient le premier parti de la Chambre basse (163 sièges) : A. B. Vajpayee, président du groupe parlementaire, forme un gouvernement qui, minoritaire, doit démissionner deux semaines plus tard. À nouveau vainqueur lors des élections législatives anticipées de 1998, pour lesquelles il est parvenu à former l'Alliance démocratique nationale (NDA) – une coalition de plusieurs partis nationaux et régionaux –, le BJP accède au pouvoir. A. B. Vajpayee devient Premier ministre, mais il doit démissionner à la suite de la défection d'un des principaux alliés de la coalition (avril 1999). Les élections d'octobre 1999 scellent la victoire du BJP qui obtient 189 sièges – son meilleur résultat – et d’une NDA élargie qui dispose alors de la majorité absolue. A. B. Vajpayee est reconduit dans ses fonctions.

À la tête du pays, soucieux de rassurer la communauté internationale, le BJP délaisse quelque peu sa rhétorique nationaliste et mène finalement une politique libérale très pragmatique visant à développer l'ouverture de l'économie déjà amorcée par les précédents gouvernements. Il multiplie à cette fin les accords de libre-échange avec les pays voisins et poursuit dans la voie de la déréglementation. Par ailleurs, il favorise, à l'extérieur, la reprise du dialogue avec le Pakistan.

Cependant, en dépit de sa volonté de se distancier des extrémistes hindous les plus agressifs, les émeutes antimusulmanes (2 000 morts en 2002 au Gujerat, fief du BJP), l'exaltation de l'hindouité (indutva), qui attisent les tensions intercommunautaires, le desservent. Mais c’est probablement sa conversion au libéralisme (au détriment de la lutte contre la pauvreté) vanté à grand renfort de publicités avec son slogan « India Shining » (« l’Inde qui brille ») inventé pour sa campagne électorale, qui contribue le plus à son échec inattendu au scrutin de 2004, en incitant les électeurs à se tourner vers le parti du Congrès (qui le devance de justesse) et les partis de gauche.

Le BJP redevient alors le principal parti de l'opposition, et ce, durablement : en effet, malgré la polémique qui suit les attentats de Bombay de la fin novembre 2008, il enregistre une nouvelle défaite, plus sévère encore que la précédente, aux élections législatives de mai 2009 n’obtenant que 115 sièges contre 207 au parti du Congrès.

3. La victoire historique de 2014

Cependant, après avoir confirmé son emprise au Gujerat en 2012, le BJP connaît de nouveaux succès électoraux l’année suivante, dans le Madhya Pradesh, autre fief depuis 2003, ainsi qu’au Chhattisgarh, dont il conserve le contrôle, et à Delhi, tandis qu’il reprend le Rajasthan au parti du Congrès, des résultats qui annoncent son triomphe aux élections nationales d’avril-mai 2014.

Si sa progression en voix est modeste par rapport à 1998 (de l’ordre de 5 % avec 31 % des suffrages), il vient en tête ou augmente sa représentation dans de nombreux États en particulier dans le centre et le nord du pays, raflant parfois la totalité des sièges, comme au Gujerat, au Rajasthan ou à Delhi, tandis que dans l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé et stratégique, le parti en enlève 71 sur 80.

Le BJP remporte ainsi plus de la majorité absolue des sièges à la Chambre du peuple face au Congrès qui s’effondre, affaibli par l’usure du pouvoir, la corruption endémique, l’essoufflement économique et une crise de leadership.

Sans avoir besoin d’appui extérieur, un privilège sans précédent depuis trente ans, les nationalistes hindous retrouvent alors la direction du gouvernement. Narendra Modi, ministre en chef de l’État du Gujerat depuis 2001 et devenu l’un des leaders les plus charismatiques du parti, accède au poste de Premier ministre. Une politique à la fois nationaliste et populiste est alors menée, au détriment principalement des musulmans, de plus en plus marginalisés. Fort d’une indéniable popularité, malgré les nombreuses critiques, et d’une très grande personnalisation du pouvoir, N. Modi mène son parti à une nouvelle victoire en 2019.

Pour en savoir plus, voir l'article Inde : vie politique depuis 1947.