Champagne

Le baptême de Clovis
Le baptême de Clovis

Province historique et ensemble géographique de la partie orientale du Bassin parisien.

GÉOGRAPHIE

L'extension actuelle de la Champagne concorde assez bien avec celle de la Région Champagne-Ardenne, qui lui accole simplement les pays ardennais. On tend de plus en plus à confondre les deux espaces. La Champagne historique s'étendait plus loin au sud en direction de Sens, et à l'ouest vers Provins.

HISTOIRE

1. Des origines au xie siècle

À l'époque celtique, la Champagne est partagée entre les Celtes et les Belges. L'organisation romaine confirme la division de l'espace champenois, partagé en deux provinces : Belgique au Nord, Lyonnaise au Sud, devenues respectivement Belgique Seconde et Senonaise lors de la division administrative du Bas-Empire. Reims, Langres et Sens sont alors les villes les plus prospères, mais la Champagne décline au moment des invasions (bataille des champs Catalauniques, 451).

Les partages mérovingiens, puis l'organisation carolingienne laissent subsister la dualité antérieure. Le baptême de Clovis (entre 496 et 499) fonde la puissance de l'Église de Reims. C'est autour de l'archevêque Hincmar, au ixe sièclle, que naît la légende du sacre royal, et c'est son successeur Adalbéron qui sacre Hugues Capet (987).

Parallèlement à la puissance de l'évêché de Reims (de titre comtal depuis 940), se développe une puissance laïque autour du comté de Troyes. Donné par le roi de France Robert Ier à son gendre Herbert de Vermandois (?-942), le comté de Troyes, joint au comté de Meaux, forme le premier comté de Champagne. En 1023, le dernier membre de cette famille, Étienne Ier, lègue ses possessions à Eudes II (1023 ?-1037), comte de Blois, qui réunit sous sa domination les comtés de Troyes, Meaux, Chartres et Blois.

2. xiie-xviiie siècles

C'est cette seconde maison de Champagne (maison de Blois-Champagne) qui préside à la grande époque de la province (xiie-xiiie siècle), marquée par un essor économique (développement de l'industrie textile à Reims, Troyes, Provins) mais aussi commercial, qui voit le développement des foires de Champagne. Favorisées par leur situation à mi-chemin entre les deux zones économiques les plus dynamiques de l'époque, la Flandre et l'Italie, ces foires sont les plus importantes d'Europe. Les foires principales sont tenues annuellement à Lagny, Provins, Troyes, Bar-sur-Aube, et finissent par former un marché continu étalé sur l'ensemble de l'année. On y échange draps, soieries, épices, etc., de nouvelles techniques commerciales apparaissent (change de place, prêt à intérêt).

À cette même époque, le comte Henri le Libéral (1152-1181) et sa femme Marie de France donnent à la Champagne un éclat culturel, protégeant notamment Chrétien de Troyes ou le chroniqueur Villehardouin.

En 1234, le comte Thibaud IV le Chansonnier devient par héritage roi de Navarre, et se détourne de la Champagne. En 1284, la province rentre dans le domaine royal par le mariage de Jeanne de Navarre, fille du comte Henri III, avec le roi de France Philippe le Bel.

Au xive siècle, les progrès maritimes autant que les ravages de la guerre de Cent Ans provoqueront une décadence irrémédiable des foires de Champagne.

Objet des convoitises du duc de Bourgogne Jean sans Peur, la province est reconquise à l'époque de Charles VII, sacré à Reims en 1429. La Champagne suivra désormais le sort des provinces royales. Peu à peu se précise l'organisation administrative de la Champagne, qui aboutit en 1542 à la création de la généralité de Châlons-sur-Marne (aujourd'hui Châlons-en-Champagne), où un intendant est installé à partir de 1635.

De nombreuses épreuves ravagent encore la Champagne aux xvie et xviie siècles. Les guerres de Religion y sont confuses et sanglantes (→ massacre de Wassy, 1562), et la province n'est pas épargnée par la guerre de Trente Ans, la Fronde, la guerre de la Succession d'Espagne. Malgré les efforts des intendants, l'agriculture à cette époque progresse peu. En revanche, l'industrie se développe, essentiellement la métallurgie, au xviiie siècle.

Divisée en quatre départements à la Révolution (Aube, Ardennes, Marne, Haute-Marne, 1790), la province retrouve une importance politique et militaire (→ victoire de Valmy, 1792).