La pause — relative — dans le développement des réacteurs à fission n'empêche pas la recherche de se poursuivre en vue de la maîtrise de l'énergie de fusion thermonucléaire. Le laboratoire national d'Oak Ridge (USA) entreprend la construction d'un énorme aimant toroïdal formé de six bobines supraconductrices en alliage niobium-étain ou niobium-titane, refroidies dans l'hélium liquide. Elles engendreront un champ magnétique d'une intensité record (8 teslas), capable de confiner assez longtemps un fort volume de plasma très chaud en lui évitant tout contact avec les parois du réacteur.

Production d'hydrogène par photolyse de l'eau

Bien plus énergétique que les hydrocarbures ou le charbon, l'hydrogène pourrait servir à beaucoup d'usages industriels, et même à l'automobile. Avantage considérable : aucune pollution, le seul résidu de la combustion étant de la vapeur d'eau. La masse océanique fournirait une matière première inépuisable pour produire de l'hydrogène par craquage de l'eau.

Quel que doive être le procédé adopté, il exigera un apport d'énergie. Si l'on recourt à l'une des sources déjà disponibles, l'hydrogène constituera un bon stockeur d'énergie, non une ressource nouvelle. D'où la recherche d'un procédé imitant la synthèse chlorophyllienne, dont la première phase est le craquage de l'eau grâce à un processus (incomplètement élucidé) de transfert d'électrons déclenché par la lumière solaire. Si elle était effectuée dans des conditions économiquement rentables, la photolyse de l'eau permettrait de capter l'énergie solaire et de la stocker sous forme d'hydrogène. Vers la fin de 1982, deux laboratoires américains, travaillant séparément, annoncent qu'ils ont résolu le problème.

Difficultés

Tentée en 1979 au laboratoire américain Argonne, l'utilisation de la chlorophylle extraite du végétal a déçu : hors du laboratoire naturel qu'est la cellule verte la chlorophylle s'use vite et doit être renouvelée. Plusieurs chercheurs (Jean-Marie Lehn à Strasbourg, Michael Graetzel à Lausanne) se sont tournés vers des composés — les sensibilisateurs — qui libèrent facilement des électrons sous l'action de la lumière. L'un des plus efficaces est un composé de ruthénium, métal rare du même groupe que le platine. Mais on doit y adjoindre des substances relais pour retenir les électrons et aboutir à la dissociation de la molécule H2O. Des résultats ont été obtenus au MIT (Massachusetts Institute of Technology) avec du titanate de strontium et du platine, et au Caltech (Institut technologique de Californie) avec des complexes métalliques à noyau de rhodium ou de chrome.

Aucun de ces procédés — très empiriques — n'a réuni toutes les conditions d'une exploitation industrielle : utilisation de matériaux d'un coût non prohibitif et n'exigeant pas de trop fréquentes opérations de renouvellement ou de régénération ; possibilité de recueillir séparément l'hydrogène et l'oxygène ; rendement suffisant, c'est-à-dire transformation d'une part convenable de l'énergie solaire incidente en énergie potentielle de l'hydrogène recueilli.

En septembre, l'équipe de Gabor Somorjai, du Lawrence Berkeley Laboratory, publie un procédé de photolyse d'une solution aqueuse de sodium hydraté par des électrodes en oxyde de fer, dopées l'une à l'oxyde de silicium, l'autre à l'oxyde de magnésium. Le bas prix de ces composants compense la faiblesse du rendement : 0,05 %, qu'on pense cependant pouvoir porter à 1 %.

Découverte

En octobre, l'équipe de John O'M. Bockriss, à l'université du Texas, annonce la découverte d'un procédé de photolyse par électrodes au silicium, l'une dopée au platine et au bore, l'autre avec du phosphore et une substance gardée secrète. Cette discrétion pèse un peu sur la crédibilité du rendement annoncé : 13 %. Mais de gros intérêts sont en jeu. La production d'hydrogène par photolyse peut bouleverser les données de l'énergétique et reléguer au musée d'autres projets de captation de l'énergie solaire.

Télécommunications

L'avance victorieuse des fibres optiques

La 8e Conférence européenne sur les communications optiques (Cannes, 21-24 septembre) a dressé le bilan des premières réalisations d'une technique appelée à prendre une place grandissante dans les télécommunications. Deux chiffres mesurent la rapidité de ses progrès : en 1981, les PTT, en France, ont commandé un millier de kilomètres de fibres de silice ; en 1982, cette commande a quintuplé. Inauguré il y a deux ans à Paris entre les centraux téléphoniques Tuileries et Philippe-Auguste, ce mode de liaison est étendu aux communications sous-marines par la mise en service, à l'automne 1982, d'un câble entre Cagnes-sur-Mer et Juan-les-Pins ; un autre reliera en 1985 la Côte d'Azur à la Corse.

Vocation

Mais la principale vocation de la fibre optique semble être de remplacer la liaison bifilaire qui relie actuellement les abonnés du téléphone à un concentrateur ou à un central. L'avènement des satellites de télévision directe, pour lesquels des antennes individuelles seraient trop coûteuses, l'essor attendu des télévisions locales, le vidéotex, le visiophone, la télématique exigent le remplacement du « téléphone de papa » par un réseau multiservices à large bande passante, dont Jacques Dondoux, directeur général des Télécommunications, a annoncé à Cannes la prochaine mise en place progressive.

Performances

Diverses options techniques doivent donc être prises à très court terme, notamment un arbitrage sur la longueur d'onde (dont la valeur optimale varie suivant le type de fibre et les services attendus) et le choix entre les signaux analogiques ou numériques. Quant au matériel, ses performances s'améliorent sans cesse : par exemple, des liaisons sont déjà réalisées sur une dizaine de kilomètres sans relais d'amplification du signal lumineux. D'ici à quelques années, cette distance pourrait atteindre plusieurs centaines de kilomètres, ce qui mettrait les fibres optiques en position d'assurer des communications internationales.