Après l'échec d'une première fusée Percheron à propergol liquide, plus difficile à manier (Journal de l'année 1981-82), SSI a adopté une fusée à poudre. En fait, il s'agit de l'adaptation du deuxième étage d'un missile intercontinental Minute-man périmé et acheté aux surplus pour la modeste somme de 365 000 dollars. Sous la direction de l'ex-astronaute Slayton, cet engin, baptisé Conestoga, s'est élevé à 350 km avec une charge factice mais non satellisable.

Pour commencer, l'ambition des pétroliers texans est de satelliser à 600 km des charges de 220 kg pour un prix de 5 à 7 millions de dollars, plusieurs fois moindre que celui que l'on peut consentir avec les Ariane, Titan, navettes et autres lanceurs du secteur public.

URSS : de Saliout à Cospas

Tel un ballet classique, le programme Saliout se déroule, au fil des années, toujours semblable à lui-même. Un équipage de deux hommes — en l'occurrence V. Lebedev et A. Berezovoï — s'installe dans la station spatiale. Ces hommes seront ravitaillés de temps à autre par des camions de l'espace Progress (quatre, portant les numéros 13 à 16, auront accosté Saliout 7 de mai à octobre 1982). Les deux hommes recevront aussi la visite de quelques-uns de leurs collègues venus en Soyouz leur tenir compagnie et travailler avec eux pendant une semaine.

Après le Soyouz T6 de Djabinekov, Ivantchekov et Jean-Loup Chrétine (24 juin au 2 juillet), le septième du nom (20 au 27 août) réservait une surprise : outre Leonid Popov et Alexandre Serebrov, l'équipage comportait une femme, Svetlana E. Savitskaïa. Enfin, alors que, au fil des mois, les deux salioutiens se sont parfaitement adaptés à la vie dans l'espace, on les rappelle à leur condition de Terriens rampants et pesants.

Partis le 13 mai, et après avoir établi un nouveau record de séjour dans l'espace (211 jours), Lebedev et Berezovoï sont rentrés dans leur Kazakhstan de départ dans des conditions vraiment éprouvantes : la nuit, comme l'imposait cette fois la balistique spatiale, et avec un temps épouvantable (le vent, soufflant sur le parachute, traîna la capsule sur le sol) qui empêcha les hélicoptères de les accueillir dans les meilleures conditions.

Une forte personnalité

Un des trois cosmonautes de la mission Soyouz T7 n'est pas, à en juger par son palmarès, de ceux qui se sont contentés dans leur vie de faire de la figuration. Son père, maréchal de l'aviation soviétique, a été un des as de la Deuxième Guerre mondiale, avec 360 sorties et 22 avions allemands abattus. Ayant ainsi de qui tenir, notre cosmonaute s'attribuait déjà, à l'âge de 17 ans, un record du monde de parachutisme avec une chute libre d'une altitude de 14 000 m, et totalise par la suite quelque 500 sauts. En 1982, à l'âge de 34 ans, cet ingénieur aéronautique pilote les meilleurs appareils soviétiques et en profite pour battre 9 autres records mondiaux, notamment celui d'acrobatie aérienne (sur avion avec moteur à pistons) et celui de vitesse (2 683 km/h). Pas moins de 15 prix et distinctions lui ont été décernés par la seule Fédération aéronautique internationale. Telle est la brunette Svetlana E. Savitskaïa, deuxième femme à avoir reçu le baptême de l'espace, dix-neuf ans après Valentina Terechkova, elle aussi férue de parachutisme.

Sauvetage

Aux termes d'un accord entre Soviétiques et Américains, le seul qui n'ait pas été annulé par l'administration Reagan, les deux pays doivent constituer en commun un réseau de satellites de recherche et sauvetage maritime et terrestre : les Sarsat américains et les Cospas soviétiques. Alors que les Américains, en retard sur les prévisions, n'ont pas encore lancé de Sarsat, l'URSS a mis en orbite un premier Cospas (alias Cosmos C-1383) le 1er juillet.

En septembre, comme cet engin survolait le Canada, il capta un appel — trop faible pour être reçu par les stations terrestres les plus proches —, le SOS du pilote d'un petit avion tombé dans l'épaisse forêt de la Colombie britannique et qui avait échappé jusqu'alors aux recherches des sauveteurs. Dès réception du message, qui leur avait été automatiquement retransmis par le satellite, les autorités canadiennes purent localiser l'épave de l'avion et sauver par hélicoptère les trois occupants. Du coup, Cospas effaçait le mauvais souvenir qu'avait laissé chez les Canadiens la chute d'un satellite soviétique à générateur isotopique, et donc radioactif (Journal de l'année 1977-78).

EUROPE : échec d'Ariane

L'ESA s'est donné en décembre un budget pour 1983 d'environ 5 milliards de F qui, à la surprise générale, est en augmentation de 24 % sur celui de 1982, malgré les difficultés économiques que traversent les pays membres.