Emmanuel Chicon

« Le prix Nobel, ce n'est pas très important »

L'attribution du prix Nobel de la paix 2003 à Chirine Ebadi n'a pas suscité l'enthousiasme dans les rangs du pouvoir iranien. La télévision d'État a annoncé la nouvelle du bout des lèvres, l'agence officielle Irna y a consacré huit lignes. Les conservateurs, sans surprise, ont qualifié cette distinction d'« infamie » et le président Khatami a eu cette phrase curieuse : « le Nobel de la paix, ce n'est pas très important. Ce sont les prix scientifiques et littéraires qui comptent. » Les dix mille personnes venues attendre dans la liesse la lauréate à l'aéroport de Téhéran n'étaient visiblement pas de cet avis. Profitant de sa nouvelle aura internationale, Chirine Ebadi a dédié son prix « au grand peuple d'Iran », et appelé dans la foulée à la libération de tous les prisonniers politiques. Demande non relayée par la presse d'État.