Selon un sondage, l'image de Tony Blair ne cesse de se détériorer et 59 % des Britanniques se rangent du côté de la BBC. À Londres, dans la salle 73 de la Haute Cour, les auditions du juge Hutton se succèdent. On retiendra cette phrase étonnante du Premier ministre britannique au juge : « Si les révélations de la BBC avaient été fondées, elles auraient justifié ma démission. » Alastair Campbell doit assumer le rôle de fusible. Conseiller confident de Tony Blair et chef d'orchestre des conseillers spéciaux, il donne sa démission le 29 août, dix jours après avoir témoigné devant le juge. Après cent dix heures d'audience et l'audition de 74 témoins, le dossier s'éclaire sur plusieurs points : la théorie du complot est balayée, le suicide ne faisant aucun doute. Tony Blair, après l'avoir nié dans un premier temps, reconnaît devant le juge que c'est dans son bureau qu'a été prise la décision de laisser filtrer le nom de Kelly du fait du discrédit frappant ses propres services. Il apparaît par ailleurs que l'expert n'aurait pas nominativement pointé du doigt Campbell et que c'est le journaliste qui lui aurait arraché le nom, mais que, comme d'autres, Kelly déplorait l'influence envahissante des conseillers spéciaux.

Au-delà du suicide de David Kelly, une question majeure est restée en suspens, qui risque d'entacher longtemps encore la vie politique britannique : l'éventuel gonflement du dossier sur les armes d'extermination irakiennes. Dans le quotidien le Monde daté du 7 octobre, Hans Blix, ancien chef de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection de l'ONU (Unmovic), déclarait que M. Bush et M. Blair, sans avoir menti, avaient « déformé ou surinterprété les faits ». Néanmoins, malgré la parution d'un livre de l'ancien ministre des Relations avec le Parlement, Robin Cook, selon lequel Tony Blair savait que l'Irak ne représentait pas une menace sérieuse en termes d'ADM, le Parti travailliste jouait au coude-à-coude avec les tories avec 33 % des intentions de vote.

Céline Cabourg