Journal de l'année Édition 2004 2004Éd. 2004

Car Abou Mazen – qui a repris son vrai nom de Mahmoud Abbas pour ses nouvelles fonctions – a avant tout été nommé pour négocier la paix. À cette fin, la « feuille de route » concoctée par un « quartet » composé des États-Unis, de l'Union européenne, de la Russie et de l'ONU, et prévoyant l'avènement d'un État palestinien indépendant à l'horizon 2005, ne sera probablement pas un outil vain. De toute façon, le Premier ministre palestinien a toujours considéré que son peuple serait le premier à bénéficier d'une position non violente. « Nous ne devons pas permettre à [Ariel Sharon] de nous amener sur son terrain de prédilection, l'affrontement armé », expliquait-il aux cadres du Fatah quelques jours avant son adoubement fin avril par le Conseil national palestinien.

Benjamin Bibas

Mohammed Dahlan

Un des plus vifs différends ayant opposé Mahmoud Abbas à Yasser Arafat a porté sur la nomination, souhaitée par le Premier ministre palestinien, de Mohammed Dahlan au poste de ministre de l'Intérieur. Âgé de quarante-trois ans, celui-ci est un cadre du Fatah – le parti de Yasser Arafat –, devenu en 1994 responsable de la sécurité préventive pour la bande de Gaza. À ce poste, il avait montré une réelle détermination à mettre au pas les groupes islamistes radicaux et gagné sa place aux négociations israélo-palestiniennes de Camp David en juillet 2000, puis de Taba en janvier 2001. Mais, à partir de cette date, il s'était élevé contre le manque de vision politique de Yasser Arafat, qui avait fini par obtenir sa démission. Au terme d'une âpre négociation, Mahmoud Abbas a réussi à imposer Mohammed Dahlan comme ministre des Affaires de sécurité, lui-même cumulant finalement les fonctions de Premier ministre et de ministre de l'Intérieur.