Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Luchiano Bosio

L'irrésistible Silvio

M. Silvio Berlusconi n'est pas seulement l'Italien le plus riche de la planète : il est devenu en quelques années un politicien redoutable. Il a compris que les batailles électorales se gagnent avec un discours « chaud », capable de conquérir le cœur de l'opinion. Accusé par la gauche de faire du marketing, il a prouvé qu'il savait, mieux qu'elle, parler au plus grand nombre. Le chef de Forza Italia adopte un langage simple, quitte à sombrer dans la vulgarité. Il évite de s'étendre sur des sujets peu compréhensibles, comme celui, cher à la gauche, des « réformes institutionnelles ». Il sait que ses électeurs veulent l'entendre parler d'impôts, de chômage, d'immigration et de sécurité. Il rappelle sans cesse les valeurs de liberté auxquelles il se dit très attaché, qu'il oppose au « communisme » de ses adversaires – dans un pays où les communistes représentent moins de 10 % de l'électorat, et votent d'ailleurs plus souvent avec l'opposition qu'avec la majorité. Il sait être généreux avec ses alliés, qui sans lui seraient marginalisés. Enfin, il sait faire rêver les électeurs, ne rechignant pas devant les promesses les plus mirobolantes – « moins d'impôts et plus de dépenses » – s'il revient au pouvoir. Saura-t-il aussi gouverner ? Durant les neuf mois de pouvoir exercé en 1994, son bilan avait été assez désastreux. « On ne m'a pas laissé le temps », disait-il alors. La prochaine fois, peut-être en aura-t-il beaucoup devant lui.