Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Marion, Pete et « Schumi »... les valeurs sûres

Marion Jones a-t-elle vraiment raté ses Jeux ? À surprendre quelques commentaires aigris dans le stade olympique de Sydney, au soir de la cérémonie de clôture, on aurait pu s'en persuader. L'ambitieuse Américaine n'avait-elle pas annoncé, claironné même, qu'elle reviendrait d'Australie riche de cinq médailles d'or ? N'a-t-elle pas échoué dans son pari aussi inédit qu'insensé ? Victorieuse du 100, 200 m et du relais 4 × 400 m, « seulement » médaillée de bronze de la longueur et du 4 × 100 m, Marion Jones n'a pas fait mieux que Cari Lewis et ses quatre médailles d'or de Los Angeles en 1984. Elle n'a pas non plus effacé les immuables records de Florence Griffith-Joyner. Qu'importe ! Si son très relatif échec l'empêche de prétendre au titre d'athlète du siècle, l'ex-basketteuse de Raleigh décroche au moins celui de reine de l'année... en attendant mieux.

Qui, en effet, parmi les athlètes, peut se targuer d'avoir marqué des Jeux sympathiques certes, mais pauvres en performance ? Michael Johnson, Maurice Greene, Haile Gebreselassie ? Tous ont été fidèles au rendez-vous, mais sans feu d'artifice. Jan Zelezny ou Heike Drechsler ? Leurs disciplines – javelot et longueur – sont malheureusement trop confidentielles. Et Marie-José Pérec, dont le retour après trois saisons blanches faisait saliver d'avance les aficionados, a préféré une pitoyable fuite à la sanction de la piste. Vice-championne olympique derrière Cathy Freeman, Pérec aurait mérité le respect de tous, sauf peut-être d'elle-même.

C'est à la piscine olympique qu'auraient du se donner rendez-vous les amateurs de records, d'exploits et de sensations fortes. C'est là, en effet, qu'a eu lieu le véritable thriller des Jeux de Sydney. Dans le rôle des victimes, Ian Thorpe et ses collègues australiens. Attendus au tournant après deux ans de domination, les nageurs locaux ont subi la loi de deux sériai killers hollandais : chez les hommes, Pieter Van den Hogenband, vainqueur du 100 et du 200 m, troisième du 50 m, est surtout devenu le premier homme à nager en dessous des 48 secondes sur 100 m ; chez les dames, Inge De Bruijn a tué toute concurrence sur 50, 100 m et 100 m papillon.

Après les funestes années 98-99 et leur cortège de champions dopés, les Jeux ont miraculeusement échappé à l'effet désastreux du « gros scandale », type Ben Johnson en 1988. Certes, trois champions olympiques – en haltérophilie et en lutte – ont été privés de leur médaille, certes 70 athlètes dopés ont été exclus... Mais le pire, le faux pas mortel, a été évité.

Il n'y a pas que les Jeux dans une année sportive. Il y a aussi... le football. Et l'an 2000, après la riche cuvée 1998, a tenu toutes ses promesses. Redescendus de leur Olympe à eux, les champions du monde en titre ont mis leur bleu de travail pour réussir un exploit unique : deux ans après avoir remporté la Coupe du monde avec Aimé Jacquet, les Français de Roger Lemerre sont devenus champions d'Europe. Seule l'Allemagne avait jusqu'alors réussi le doublé, mais en sens inverse. Au terme d'une finale d'abord horripilante puis époustouflante de suspense, la bande à Zidane a surclassé l'Italie pour remporter le deuxième titre européen du football français après celui de 1984 et affirmer, surtout, que son premier succès ne devait rien au hasard.

Le hasard n'a pas non plus sa place dans la troisième victoire de Michael Schumacher, champion du monde de Fl. Déjà sacré en 1994 et 1995, le pilote allemand a réussi l'exploit de faire triompher en 2000 une voiture mythique mais bredouille de victoire depuis 21 ans. La Ferrari, réglée par les soins du « Paganini des moteurs », est enfin devenue une voiture qui gagne.

Il n'y a pas de record du monde en tennis. Mais Pete Sampras est bien le « monsieur Plus » de ce sport qui use de plus en plus vite les corps de stars météoritiques. À 29 ans, plus de dix ans après ses débuts et malgré des douleurs dorsales de septuagénaire, l'Américain a en effet décroché son septième titre sur le gazon de Wimbledon, devenant par la même occasion le joueur le plus titré de l'histoire des tournois du grand chelem avec treize succès. Une leçon de patience et de ténacité que devrait méditer Marion Jones, probable candidate à cinq médailles d'or aux jeux Olympiques d'Athènes, en 2004.