Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Jean Tiberi fait cavalier seul à Paris

À moins d'un an des municipales de mars 2001, la course à la succession de Jean Tiberi est lancée à Paris où la droite, unie derrière Philippe Séguin, se heurte à la ténacité du maire de la capitale. Accroché à son fief de l'Hôtel de Ville légué par Jacques Chirac, J. Tiberi est décidé à faire cavalier seul, malgré les affaires parisiennes qui ternissent son image, au risque d'entraîner dans sa chute ses anciens amis politiques. Les socialistes, qui ont nommé leur candidat dès mars, comptent les points.

La droite, unie derrière Philippe Séguin, vengeant son honneur et restaurant un règne sans partage sur Paris, fief de la Chiraquie où son autorité a été ébranlée par la gauche et son image ternie par le feuilleton des affaires : à moins d'un an des municipales de mars 2001, cette image d'Épinal a vécu, malgré tous les efforts de l'ancien maire de la commune vosgienne. Celui-ci a été désigné le 23 mai par le RPR candidat à la mairie de Paris, en vertu du droit de préemption sur l'Hôtel de Ville de la capitale reconnu au mouvement gaulliste par ses alliés DL et UDF. En rupture de ban du RPR dont il a été suspendu du poste de secrétaire départemental, l'actuel maire de Paris, Jean Tiberi, fait de la résistance et entend revendiquer jusqu'au bout son droit à sa propre succession contre P. Séguin, dont il dénonce la nomination comme un diktat inacceptable.

Parachutage

Les passes d'armes entre J. Tiberi et P. Séguin alimentent la querelle des images et la guerre des mots entre la droite parisienne et les partisans du maire de Paris, dont les rangs sont toujours plus clairsemés. Le Parti socialiste compte les points, uni derrière son candidat Bertrand Delanoë, désigné « tout naturellement » le 30 mars après le retrait de Jack Lang. Se prévalant de son bilan à la mairie de Paris et de la légitimité que lui conférerait son statut de successeur de J. Chirac, J. Tiberi dénonce la trahison dont il serait victime de la part des « apparatchiks » du RPR. Selon lui, ceux-ci donnent une aussi « mauvaise image » de la droite parisienne que « lors du putsch de Toubon en 1998 ». S'il regrette, comme le chef de l'État le 14 juillet, « le spectacle donné sur la scène parisienne », P. Séguin en rejette en revanche l'entière responsabilité sur J. Tiberi : homme des situations impossibles sinon providentiel, l'ancien leader du RPR est certes « parachuté » dans la capitale, mais c'est pour remettre de l'ordre dans l'imbroglio parisien et en finir avec le « système » avec lequel il prétend marquer la rupture.

S'il a été préféré aux autres candidats déclarés du RPR, les élus parisiens Françoise de Panafieu et Édouard Balladur, c'est aussi parce qu'il ne peut être soupçonné de compromission avec ce fameux « système » incarné par J. Tiberi. Il exclut d'ailleurs tout accord avec ce dernier au second tour. Le député des Vosges devra toutefois redoubler d'efforts pour se démarquer du maire autour duquel l'étau de la justice se resserre, avec la mise en examen, le 4 juillet, de son épouse, Xavière, et de sa proche collaboratrice, Anne-Marie Affret, dans le cadre de l'enquête sur les « faux électeurs » du Ve arrondissement. La gauche ne manque pas une occasion de lui rappeler qu'il ne peut se retrancher derrière une neutralité de façade alors qu'il a assumé les plus hautes responsabilités au RPR, un argument d'ailleurs repris par J. Tiberi... Ce dernier a ainsi pu savourer la solidarité contrite de ses anciens amis politiques lors du vote du 10 juillet, au Conseil de Paris, par lequel la majorité de la capitale rejetait l'appel à démissionner lancé par B. Delanoë au maire et à « tous les membres de l'exécutif national ». Une nouvelle occasion pour J. Tiberi de rappeler qu'il détient toujours la clé de ce système et qu'il reste le gardien des mystères de Paris dont la révélation pourrait menacer directement J. Chirac.

U. G.

La droite parisienne empêtrée dans les affaires

Fin mai, le premier adjoint au maire de Paris, J. Dominati, est mis en examen pour fraude aux « faux électeurs » dans le IIIe arrondissement. Après les dernières mises en examen dans l'affaire des emplois présumés fictifs du RPR, l'enquête sur la fraude électorale s'accélère à la mi-juin avec les perquisitions effectuées à la mairie et à la permanence RPR du Ve arrondissement, qui visent l'entourage immédiat de J. Tiberi : son épouse Xavière Tiberi et Anne-Marie Affret, fidèle collaboratrice du maire de Paris et première adjointe au maire du Ve, sont mises en examen le 4 juillet. Lâché par le RPR qui est impatient de voir la justice régler ces affaires, J. Tiberi nie catégoriquement toute implication. De son côté, la gauche fixe un code de bonne conduite : le 5 juillet, J.-M. Le Guen, ancien premier secrétaire de la Fédération de Paris du PS, mis en examen dans le dossier de la MNEF, retire sa candidature dans le XIIIe arrondissement.