Journal de l'année Édition 2000 2000Éd. 2000

Une tâche qui sera certes moins dure, la menace d'une nouvelle épreuve de force avec la Douma, d'autant plus redoutée que la Constitution ne donne pas le droit au président de la dissoudre durant cette période, ayant été levée. Mais si Poutine a gagné ses galons de présidentiable durant cette deuxième guerre de Tchétchénie, dont nul ne conteste la légitimité – à l'exception de Iabloko – dans la classe politique russe, sa popularité est étroitement tributaire de l'évolution d'un conflit qui relègue à l'arrière-plan la crise économique, il est vrai atténuée par les effets heureux de la hausse des cours mondiaux du pétrole sur la trésorerie russe. Alors que l'armée russe est aux portes de Grozny, un revers militaire signerait la disgrâce de ce Premier ministre « prisonnier du Caucase »...

Georges Chevron

Des députés oligarques

Les législatives mettaient en lice 26 partis et 2 318 candidats, parmi lesquels des personnalités hautes en couleur, comme l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski, et surtout une nouvelle espèce de candidats, les “oligarques”, un club de richissimes hommes d'affaires aux méthodes douteuses. Si les média contrôlés par le Kremlin se sont acharnés sur le maire de Moscou présenté comme un corrompu, nombreux sont les candidats eltsiniens qui recherchent l'immunité parlementaire pour échapper à d'éventuelles poursuites après le départ d'Eltsine, lui-même éclaboussé par des scandales de corruption. Parmi eux, l'éminence grise du Kremlin, le milliardaire Boris Berezovski, dans le collimateur de la justice pour le détournement des fonds d'Aeroflot, et soupçonné d'avoir financé des islamistes tchétchènes, candidat dans la petite république caucasienne de Karatchaï-Tcherkessie, ou encore Roman Abramovitch, le « caissier du Kremlin », qui contrôle le géant pétrolier Sibneft, candidat dans la Tchoukhotka, région reculée de l'Extrême-Orient. Ces oligarques ont fait miroiter fortune et influence pour se faire élire.