Journal de l'année Édition 2000 2000Éd. 2000

Il va sans dire que le mariage de la BNP et de Paribas, qui sonnait le glas du géant bancaire hexagonal espéré, n'entraînera aucune effusion ; le gouvernement, qui n'a pas voulu intervenir dans le conflit, préfère garder profil bas, à l'exception de M. Chevènement, qui se lancera dans une forte diatribe contre l'impuissance d'un État qui n'a pu fixer les règles du jeu et promouvoir l'émergence d'une grande banque française compétitive. L'humeur est en tout cas à la morosité dans un paysage bancaire français dont la crédibilité à l'étranger est en jeu et qui a l'impression, en passant à côté de la TGB (très grande banque), d'avoir manqué le train de la mondialisation.

Georges Chevron

Du rêve à la réalité

Ramené à la réalité plus modeste d'une fusion qu'il n'avait pas vraiment envisagée au départ avec un partenaire lui-même plutôt réticent, le président de la BNP et désormais président du comité exécutif de BNP-Paribas, Michel Pébereau, a présenté le 20 septembre les grandes lignes du nouvel ensemble, qui entend participer à la recomposition du paysage bancaire européen. Avec 76 150 salariés dans le monde, dont 28 000 à l'étranger, et 35 milliards d'euros de capitalisation boursière, il se situe au neuvième rang européen. Les synergies dégagées devraient atteindre 850 millions d'euros en 2002, dont 48 % sur la banque d'investissement et de financement, domaine d'activités dans lequel la fusion devrait rencontrer les principales difficultés, d'autant que Paribas est généralement mieux placé. La cohabitation entre les équipes des deux banques est d'ailleurs un motif sérieux d'inquiétude, que la volonté d'équilibre affichée dans les premières nominations n'a pu dissiper. Les réductions d'effectifs, enfin, concerneront 3 600 personnes en France, sur la base de départs « sans contrainte ».