L'alpinisme et la randonnée ne sont pas concernés. Peu après l'incident de la Vanoise, de nombreux élus ont proposé d'étendre le champ d'application de cet article à l'ensemble des activités de montagne.

L'alpiniste Yves Ballu, chargé à l'époque du dossier « montagne » dans le cabinet d'Edwige Avice, ministre de la Jeunesse et des Sports, considère le principe de la gratuité comme fondamental. « Si la société a besoin de héros, elle leur doit en contrepartie assistance », juge-t-il avant d'analyser le problème de manière plus pragmatique : « La gratuité assure une régulation de la demande. C'est un service que l'on a des scrupules à réclamer. Si les secours deviennent payants, il y aura droit au secours. » Et l'on ne peut, en montagne, vendre la sécurité absolue. Dans une chronique du Monde, Bertrand Poirot-Delpech estime, lui, que « le public considère que l'accès universel au risque inclut le droit aux évacuations ».

Les nombreux défenseurs de la gratuité ne sont pas pour autant des partisans de la déresponsabilisation. La montagne ne doit pas être une zone de non-droit. Or, pour entamer des poursuites contre ceux qui portent atteinte à la sécurité, les pouvoirs publics doivent au préalable avoir constaté une infraction à une loi ou à un arrêté municipal qui, dans la plupart des cas, n'existent pas. Certains montagnards ne seraient pas opposés à ce que la déontologie des alpinistes soit reprise en partie comme fondement juridique et utilisée contre les négligents qui mettraient en danger la vie d'autrui. « Les alpinistes comme les skieurs hors-piste, reprend Yves Ballu, ne peuvent pas dire : “Ne vous mêlez pas de nos affaires.” Plus encore depuis que les secours bien organisés et gratuits existent. »

Françoise Chaptal
Journaliste sportive