Cette indépendance a un but : se consacrer à son œuvre en toute liberté. Une fois à Londres, loin de la pression des « majors » et des ligues de vertu, il adapte Lolita, le roman sulfureux de Vladimir Nabokov, qu'il place sous le signe du désespoir total et de la folie généralisée, puis réalise Docteur Folamour, une farce paranoïaque sur la bombe atomique, qui, en pleine guerre froide, met en scène le début de la « Troisième Guerre mondiale ». Ce sont les premiers succès commerciaux personnels de Kubrick : la veine du triomphe ne se tarira plus, à coup de films, tous inspirés d'œuvres littéraires, provocants, surprenants, qui toujours rapportent de l'argent – la meilleure façon de clouer le bec aux marchands, de battre le système à son propre jeu – et créent l'événement, sachant éveiller le rêve de tout spectateur digne de ce nom : le plaisir d'être dérangé dans ses fausses certitudes.
Frédéric Perroud
Les longs-métrages de Stanley Kubrick
1953 Fear and Desire
1955 Le Baiser du tueur
1956 Ultime Razzia
1957 Les Sentiers de la gloire
1960 Spartacus
1962 Lolita
1963 Docteur Folamour
1968 2001 : l'Odyssée de l'espace
1971 Orange mécanique
1975 Barry Lindon
1979 Shining
1987 Full Metal Jacket
1999 Eyes Wide Shut