Journal de l'année Édition 1999 1999Éd. 1999

Le chef de l'État a par ailleurs autorisé les partis politiques et entrepris d'assainir une économie gangrenée par la corruption. En outre, il a renoué avec une communauté internationale très favorable aux changements en cours, après une longue période d'isolement marquée par la suspension du Nigeria du Commonwealth et les sanctions européennes et américaines à l'encontre de ses dirigeants.

Abdulsalam Abubakar a donc entamé avec succès la normalisation d'un pays considéré jusque-là comme un paria. Mais, à la fin de l'année 1998, la plupart des observateurs s'accordaient à dire que sa principale difficulté serait de convaincre la frange la plus conservatrice des militaires de céder un pouvoir dont el le tire de nombreux avantages, notamment en se servant sur l'importante rente que leur a procurée jusqu'ici la production de pétrole.

Christophe Champin

Le géant de l'Afrique subsaharienne

Le Nigeria est, avec l'Afrique du Sud, l'une des deux grandes puissances de l'Afrique subsaharienne. Sa population, très importante (entre 100 et 120 millions d'habitants), et sa production pétrolière (90 millions de tonnes par an) l'appellent à jouer un rôle de premier plan dans le continent. D'autant que son armée est l'une des plus nombreuses et des mieux entraînées d'Afrique. Celle-ci est d'ailleurs intervenue par deux fois dans la région, au Liberia et en Sierra Leone, sous la bannière de la Force ouest-africaine d'interposition (ECOMOC), dont elle composait la majorité des contingents. Autant dire que l'évolution politique de ce pays incontournable est suivie de près par ses voisins d'Afrique de l'Ouest et du Centre, car son avenir peut être déterminant pour la stabilité future de cette partie du continent.