La station spatiale internationale sera essentiellement un laboratoire permanent pour des expérimentations scientifiques ou technologiques en apesanteur ainsi que pour l'observation de la Terre et de l'Univers. Sans doute représentera-t-elle aussi une étape préparatoire pour une future expédition humaine vers Mars. Celle-ci pourrait intervenir entre 2020 et 2030. Toutefois, ce type de mission pose un grand nombre de problèmes.

Il y a d'abord la masse initiale emportée, qui dépend grandement du type de propulsion utilisé. Certains préconisent la propulsion électronucléaire de préférence à la propulsion chimique. Mais il faudra convaincre les adversaires du nucléaire qu'un tel lancement ne comporte aucun risque de pollution radioactive. La durée du vol pose également un problème : le record actuel de temps de séjour dans l'espace, détenu par le Russe Valéry Poliakov, est de 14 mois, alors qu'une mission martienne durera de 18 mois à 3 ans.

Autre difficulté : alors que, en orbite terrestre, il est toujours possible de revenir rapidement en cas d'urgence, une mission martienne devra faire face à toutes les situations (pannes, intervention chirurgicale d'urgence, etc.). Il faudra aussi déterminer soigneusement la composition de l'équipage : celui-ci devra-t-il être unisexe ou mixte ? avec ou sans couples ? De même, le bon déroulement de la mission exigera de ne pas sous-estimer le problème psychologique que posera la disparition de la Terre du champ visuel des astronautes, pour lesquels il n'y aura plus d'autre lien avec la planète que les liaisons radio-électriques.

Le dernier problème, et non le moindre, sera le coût exorbitant de la mission. Une étude présentée au congrès de la Fédération internationale d'astronautique, à l'automne 1997, chiffrait ce coût, selon le scénario envisagé, entre 40 et 60 millions de dollars (soit 240 à 360 millions de francs). Sur une période de dix ans, cela représente une dépense de 30 millions de francs par an, soit environ 15 % des budgets spatiaux civils dans le monde. Il est évident que le financement ne pourra être assuré que dans un cadre international. Or, dans le contexte géopolitique et économique actuel, on voit mal les dirigeants des grandes puissances spatiales décider un tel investissement pour des objectifs purement scientifiques.

Philippe de La Cocardière